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Le Tavini veut mobiliser sur la souveraineté plutôt que sur le Covid

Après plusieurs week-ends de manifestations sanitaires, c’est le Tavini qui appelle à se mobiliser ce samedi à Papeete. Une « marche pour la souveraineté », qui doit commémorer les émeutes du 23 octobre 1987, s’opposer à « l’exploitation des ressources marines par l’État »… Et pourquoi pas inclure les collectifs citoyens actifs sur les questions sanitaires, dont le parti d’Oscar Temaru ne partage pourtant pas toutes les revendications.

« Il faut que les Polynésiens se souviennent. » À entendre Oscar Temaru, la marche organisée ce samedi est avant tout commémorative. Le 23 octobre 1987 – cela fera donc 34 ans – des affrontements entre les grévistes du port autonome de Papeete et les forces de l’ordre tournaient à l’émeute. Incendies, blessés, couvre-feu décrété et militants incarcérés… Pour le Tavini, aucun doute, c’est l’attitude du Haut-commissariat  – qui avait décidé « d’envoyer la troupe » plutôt que « d’apaiser » – qui est en cause et son chef de file décrit longuement « les manœuvres » de l’État et de la justice pour l’incriminer, voire même pour « l’assassiner ». La date, hissée au rang de symbole de la politique coloniale, n’est pourtant que le prétexte à un appel plus général à « se lever » pour la « souveraineté de Ma’ohi nui ». Rien de neuf pour le parti bleu ciel. Mais plusieurs éléments viendraient rappeler « l’urgence » de l’indépendance : la gestion « calamiteuse » de la crise sanitaire sous « la tutelle de l’État », de même que les ambitions affichées par Paris sur les ressources maritimes en Outre-mer.

Comme l’avaient relevé La Dépêche ou Outremers 360°, Emmanuel Macron a insisté la semaine passée sur la nécessité de mieux connaître ces ressources, « levier extraordinaire de compréhension du vivant, peut-être d’accès à certains métaux rares, de compréhension du fonctionnement de nouveaux écosystèmes, d’innovation en termes de santé, en termes de biomimétisme, etc. ». Un discours qui résonne avec celui tenu au port de Papeete lors de la visite présidentielle de fin juillet, et que le parti indépendantiste dénonce avec force. « Ces ressources n’appartiennent pas à la France, elles appartiennent à nos arrière-petits-enfants », appuie Oscar Temaru, qui brandit les dernières résolutions de l’Onu sur la Polynésie. Aucun doute, derrière « l’exploration » – aussi voulue par le Tavini, mais après l’indépendance – c’est l’exploitation « au profit de l’État » qui se profile : « Il faut qu’on soit très vigilant, et j’en appelle aux jeunes de ce pays et à sa population, insiste le maire de Faa’a. C’est notre droit de souveraineté d’abord, l’indépendance politique, avant l’indépendance économique. C’est le politique qui doit dicter l’économique et pas le contraire. »

Au passage, Oscar Temaru rappelle son attachement au projet de ferme aquacole à Hao, que son gouvernement « a initié » avec Pékin. Les réticences de Paris, de la chambre territoriale des comptes ou de certains Polynésiens à l’égard de ce projet toujours très trouble, ne seraient que les conséquences d’un « racisme anti-chinois » et d’une volonté « d’écarter les investissements étrangers ».

Obligation vaccinale, pass sanitaire… Des « discussions » à tenir, mais pas d’opposition

Le Tavini le sait, en dehors des militants politiques, ce sont les militants sanitaires qu’il pourrait bien retrouver dans la rue ce samedi. Collectifs anti-pass, anti-obligation ou anti-vaccin… Les rassemblements sont désormais hebdomadaires, et pas question pour le parti bleu ciel d’ériger un mur : il y aura « un seul cortège », explique Oscar Temaru, qui reconnait que « beaucoup de ces manifestants sont des gens du Tavini ». À six mois des législatives, la tentation est forte d’englober – si ce n’est récupérer – les protestataires de la crise sanitaire. « Il y a des revendications que nous soutenons, il y a d’autres revendications qui méritent discussion », tente Oscar Temaru, qui évoque ses discours récurrents sur la prévention des maladies chroniques et dénonce « les centaines de morts qui auraient pu être évités », avec une « autre gestion » de crise.

Un appel du pied qui se fait de plus en plus fébrile à mesure que l’on entre dans le détail des revendications. Le maire de Faa’a, favorable à la vaccination du plus grand nombre, dit vouloir « convaincre plutôt que contraindre » sur le vaccin mais avoue qu’il aurait « certainement » voté le texte de l’obligation s’il était représentant à l’assemblée. C’est d’ailleurs ce qu’ont fait une partie des élus du Tavini, particulièrement divisés sur les questions de Covid. « la majorité de l’assemblée s’est exprimée, Pas d’opposition frontale non plus sur le pass sanitaire préparé par le Haussariat et le Pays. « Il faut aussi penser à l’économie de notre pays, nous sommes des gens responsables, rappelle l’ancien président. Il faut tout faire pour assurer les visiteurs qu’on veut attirer chez nous qu’il y a la sécurité sanitaire, qu’ils peuvent venir chez nous tranquilles… Il ne faut pas oublier qu’il n’y a pas que chez nous qu’il y a de beaux lagons et de belles plages ».

Discours cacophonique en perspective ? « Il ne faut pas que ça devienne une case espagnole où on peut tout mettre dedans, répond Oscar Temaru. J’ai expliqué pourquoi on se lève, l’essentiel c’est notre pays ». Quand à ceux qui continuent de demander l’abrogation de la loi sur l’obligation vaccinale, l’élu ne semble pas leur accorder grande importance : « la majorité a décidé, oti, c’est comme ça ».

 

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2 Commentaires

  1. 19 octobre 2021 à 6h07 — Répondre

    C’est le Haut commissaire qui a envoyé les émeutiers envahir le tarmac à Faa’a , tenter d’empêcher le départ d’un vol, le tabassage d’un gendarme, bruler le fare des mamas ? C’est le Haut commissaire qui a appelé à venir soutenir les émeutiers dans leurs mouvements de chaos ou bien Radio Tefana vous savez la radio de M.Temaru ? Voilà des questions qui démontrent bien que la mémoire de M.Temaru est sélective.

  2. simone Grand
    19 octobre 2021 à 7h41 — Répondre

    Suis d’accord pour lutter contre la captation d’héritage dont il est lui-même un symbole quand maire de Faaa, il s’approprie notre terre de Mumuvai pour en faire un dépotoir afin de jouer les généreux envers ses électeurs avec le fruit d’une spoliation.
    Quand au projet de Hao, c’est une ineptie sur le plan technique.

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