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Législatives : le face-à-face Tepuaraurii Teriitahi – Steve Chailloux

Les deux candidats qui s’affronteront dans les urnes ce samedi 18 juin dans la deuxième circonscription (Tahiti Est et Sud, Australes) ont défendu leurs propositions sur le plateau de Radio1 ce mardi. Si certaines analyses – sur la situation sociale ou économique – sont partagées, ce sont les solutions qui diffèrent radicalement. Un statut d’autonomie aménagé et un meilleur partenariat avec l’État côté Tapura, contre un processus de décolonisation et des revendications portées à l’Onu et à Paris pour le Tavini.

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1 154 voix. C’est ce qui sépare les deux candidats qualifiés au deuxième tour dans la deuxième circonscription, qui couvre 7 communes de Tahiti et 5 des Australes. Un écart qui, le 4 juin, s’est établi à l’avantage de Tepuaraurii Teriitahi (8 660 voix soit 33,2%), candidate qui, après avoir présidé la majorité Tapura à Tarahoi, veut représenter le fenua au sein de la « majorité présidentielle » au Palais Bourbon. La conseillère municipale de Paea le sait : aucun des huit candidats éliminés au premier tour n’appelle à voter pour les rouges ce samedi. Heuira – Les Verts, Hau Maohi Tiama, ou Sandra Levy-Agami, qui représentent chacun 1,3 à 2,2% des suffrages exprimés, penchent même pour le Tavini. Mais ce sera bien du côté du Amuitahiraa – qui appelle à l’abstention – et de A Here ia Porinetia – qui refuse toute consigne de vote – que se joueront les reports.

Du côté des abstentionnistes, aussi, et ils sont nombreux : plus de 40 000, soit plus de 60% des inscrits, dans cette circonscription qui a moins voté que les deux autres. Steve Chailloux (28,8%, 7 506 voix), conseiller municipal à Teva i Uta, compte bien s’adresser à cette masse, dont il estime que « beaucoup sont insatisfaits de leur représentants politiques, et de la politique menée par le gouvernement ».

« On veut aller taper les 100 milliards qui nous sont dus »

Et pour ça, un des thèmes les plus présents de la campagne reste le pouvoir d’achat. Le candidat du Tavini, qui sait que sa rivale doit assumer le bilan du gouvernement dans cette campagne, dénonce avant tout la TVA sociale, qui a rajouté « de l’inflation à l’inflation », et qui « touche absolument tout le monde, sans discrimination positive, que l’on gagne 800 000 francs par mois ou que l’on soit au Smig ». Et c’est justement à Paris que le Tavini veut trouver une alternative à cette taxe destinée à renflouer les régimes sociaux. « On veut aller taper les 100 milliards qui nous sont dus au titre des maladies radio-induites pour venir compenser les 15 milliards qu’il manque à la CPS ».

Pour l’enseignant en reo tahiti, le remboursement de la dette nucléaire doit aussi permettre de compenser les dépenses engagées par le Pays pour stabiliser les prix des carburants, via le FRPH (Fonds de régulation des prix des hydrocarbures). Tepuaraurii Teriitahi veut aussi obtenir, avec les députés Tapura, un remboursement des sommes dépensées par la CPS pour le traitement des cancers liés aux essais. Un travail qui est en cours, et sur lequel le Pays a déjà obtenu des engagements d’Emmanuel Macron, explique-t-elle. Mais à l’entendre, la question de la gestion de l’inflation doit faire l’objet d’un travail distinct à Paris.

Un fonds de solidarité national pour faire face à l’inflation

La représentante des rouge et blanc estime que c’est au sein du groupe Ensemble! – En Marche de l’assemblée, que les sondages annoncent comme majoritaire, que la Polynésie aura le plus de chance d’obtenir une aide exceptionnelle de l’État sur les sommes engagées pour maintenir le pouvoir d’achat. Hydrocarbures, mais aussi farine, matériaux de construction ou transports… 10 milliards de francs au total votés à l’occasion de collectifs budgétaires « sur lesquels, hélas, le Tavini ne nous a parfois pas suivi » et qui pourrait être en partie couverts par un fonds de solidarité nationale.

Quant à la TVA sociale, Tepuaraurii Teriitahit l’admet, le calendrier d’application, au moment où l’inflation internationale faisait déjà bondir les prix au fenua, n’a pas joué en faveur du gouvernement. Mais cela prouverait selon elle que la politique du Pays est « tout sauf électoraliste » : « Si on a pris le risque de prendre une telle mesure juste avant une élection, c’est qu’on avait pas le choix, elle était absolument nécessaire ».

L’emploi local montre « les limites de l’autonomie »…

Autre thématique très prisée des deux candidats, celle de l’emploi, et notamment de la protection de l’emploi local. Une loi, annoncée depuis plusieurs années, a bien été votée dans ce sens par le Tapura, et peine toujours à rentrer en vigueur. Pour Steve Chailloux aucun doute, c’est parce que le contexte statutaire n’est pas adapté. « Le Tavini dès 2009 a fait une tentative de présenter une loi de protection de l’emploi local qui a été retoquée. Fort de cette expérience, on n’a cessé de prévenir les autorités du gouvernement que ça n’était pas possible dans le cadre de notre autonomie interne, rappelle-t-il. Et c’est là où nous sommes un peu surpris : quand on part à l’Onu, le discours que le président de la Polynésie française tient, c’est que grâce à l’autonomie nous sommes suffisamment équipés pour protéger l’emploi des Polynésiens. Aujourd’hui on voit pourtant les limites de cette autonomie ».

… Mais la « citoyenneté » peut les repousser

Les limites du statut, Tepuraurii Teriitahi les voit aussi. Mais encore une fois, c’est la solution qui change. Là où le son rival bleu ciel estime que la seule solution est de lancer un processus de décolonisation semblable à celui de la Nouvelle-Calédonie, avec un référendum d’indépendance placé sous contrôle de l’Onu, le Tapura veut aménager l’autonomie. Avec notamment cette idée de citoyenneté polynésienne, un temps refusée par Paris, mais qui pourrait cette fois être négociée, grâce à l’oreille « attentive » d’Emmanuel Macron sur le sujet. « C’est pas dans une idée d’aller vers une indépendance, mais simplement d’utiliser un nouvel outil législatif qui nous permettra d’exercer pleinement nos compétences au niveau local, détaille-t-elle. Le président de la Polynésie a déjà entamé des discussions avec le Président de la République, et nos bonnes relations avec lui pourront favoriser la discussion ».

Tout le débat de cette deuxième circonscription est à retrouver en vidéo.

Ce mercredi 15 juin Radio1 recevra en direct à 11h30 les candidats Tavini et Tapura de la troisième circonscription, Moetai Brotherson et Tuterai Tumahai.

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