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Les 1.001 vies de Stéphane Hessel

© MAXPPP avec Europe 1

PORTRAIT – Stéphane Hessel est mort à l’âge de 95 ans. Retour sur la vie d’un engagé.

Son petit livre devenu best-seller lui a offert la notoriété, à l’âge de 93 ans. Pourtant, Stéphane Hessel avait déjà tout d’un grand. Son autobiographie, sortie en 2007, s’intitulait Danse avec le Siècle. L’histoire d’un héros discret à la « vie exceptionnelle », comme l’a souligné François Hollande.

L’enfant de « Jules et Jim »

La vie de Stéphane Hessel relève déjà de la légende cinématographique. Né le 20 octobre 1917 à Berlin, il est le fils de l’écrivain Franz Hessel et d’Helen Gründ, qui inspireront, avec l’écrivain Henri-Pierre Roché, le célèbre trio Jules et Jim porté à l’écran par François Truffaut. »Ma mère comme mon père m’ont désappris la jalousie. Je pense que de tous les drames que l’on trouve dans la ­mythologie, le pire est la jalousie. Quand ma première femme a eu des relations passionnées avec quelqu’un d’autre que moi, je m’en suis fait un ami. Moi, dans ma vie, j’ai davantage aimé ­aimer que d’être aimé », confiait-il, récemment, à Paris-Match. En 1927, Stéphane Hessel s’installe en France avec sa mère. Il est naturalisé dix ans plus tard. Etudiant brillant, féru de poésie allemande et française, il intègre Normale Sup en 1939, où il étudie la philosophie avec Maurice Merleau-Ponty.

Rescapé des camps

A l’automne 1939, il est mobilisé. Fait prisonnier, l’indigné Hessel parvient à s’évader. Plutôt qu’un retour en France, Stéphane Hessel décide de se rendre à Londres pour entrer en résistance. « Après un stage comme observateur dans l’artillerie, ce jeune homme brillant, parlant couramment l’allemand, le français et l’anglais, avait rejoint le Bureau central de renseignement et d’action (BCRA, services secrets de la France Libre) comme adjoint du chef de la section R (renseignement) », détaille Jean-Louis Crémieux-Brilhac, ancien responsable de la diffusion clandestine de Londres vers la France.

En 1944, alors qu’il est en mission sur le sol français, Stéphane Hessel est arrêté par la Gestapo et déporté au camp de concentration de Buchenwald. Pour échapper à la pendaison, il prend l’identité d’un détenu prisonnier mort du typhus. Il s’évade de nouveau, est rattrapé, saute d’un train, rallie les troupes américaines et rentre en France, en mai 1945. Il en tirera une conclusion : celle d’être un terrible chanceux. « J’ai un ange gardien qui m’a permis de traverser ces périodes difficiles », confiait-il au JDD, en 2008.

L’engagé politique

A la Libération, Stéphane Hessel passe le concours du Quai d’Orsay, avec succès. Il devient alors diplomate. Nommé au secrétariat général de l’ONU en 1946, il participe, au côté de René Cassin, à l’élaboration de la Déclaration universelle des Droits de l’homme. En 2008, pour fêter les 60 ans du texte, l’engagé Hessel récite par cœur son préambule. Pas très difficile pour celui qui était capable de déclamer une centaines de poèmes, en français, allemand ou anglais, selon la préférence de son auditoire. « L’avant-dernière fois que je l’ai rencontré – c’était il y a un mois -, il récitait encore des poèmes », a confié, ému, son ami Michel Rocard sur Europe 1.

Stéphane Hessel, c’est aussi une carrière politique. En parallèle de ces postes de conseillers, notamment au cabinet de Pierre Mendès-France ou, plus tard, au ministère de la Coopération, il s’engage activement dans la défense des sans-papiers. En 1996, il devient la figure de proue des médiateurs après l’expulsion de quelque 200 Africains sans-papiers, occupant l’église Saint-Bernard à Paris. « Etant moi-même né allemand et devenu français à l’âge de 20 ans, je suis un peu immigré » expliquait-il, début 2008 à Brice Hortefeux, alors ministre de l’Immigration, lors d’un débat. Et Stéphane Hessel de s’indigner : « Depuis des mois, nous assistons au spectacle affligeant et déshonorant d’une chasse, pour faire du chiffre, à des immigrés vivant en France depuis des années, à leurs enfant en classe dans nos écoles ». A 95 ans, celui qui aimait se définir comme un « citoyen du monde » affichait toujours la même énergie. Après Indignez-vous et Engagez-vous !, Stéphane Hessel s’apprêtait à publier A nous de jouer !.

Source : Europe 1

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