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Les actionnaires de Renault relancent la polémique sur le salaire de Ghosn

Paris (AFP) – Les actionnaires de Renault ont relancé vendredi la polémique sur le salaire des grands patrons en rejetant pour la première fois la résolution portant sur la rémunération du PDG du groupe, Carlos Ghosn.

La résolution sur la rémunération du PDG est soumise depuis 2014 au vote consultatif des actionnaires de Renault en assemblée générale. Elle a été rejetée pour la première fois, après avoir été approuvée à 58% en 2015 et 64% en 2014.

Ce vote négatif n’a cependant pas empêché le conseil d’administration d’annoncer, à l’issue de l’assemblée, le maintien de cette rémunération, justifiant sa décision notamment par la « qualité des résultats de l’année 2015 », avec « un chiffre d’affaires record de plus de 45 milliards d’euros, en hausse de 10,4% ». 

Renault avait annoncé en février un bond de 48,1% de son bénéfice net pour 2015, à 2,96 milliards d’euros, indiquant avoir atteint avec deux ans d’avance son objectif de rentabilité.

Carlos Ghosn a gagné l’an dernier 7,251 millions d’euros au total, dont 1,737 million en numéraire, soit une hausse de 0,49% par rapport à 2014. Il va également percevoir une rémunération en qualité de PDG du groupe Nissan qui sera annoncée en juin.

A titre indicatif, elle avait atteint 1,035 milliard de yens, soit 8,46 millions d’euros, sur 2014/2015, ce qui porte à plus de 15 millions la rémunération totale de Carlos Ghosn.

Côté Renault, c’est surtout entre 2013 et 2014 que son salaire avait fait un bond, passant de 2,669 millions d’euros à 7,215 millions d’euros (+170%). 

-« Evolutions utiles »-

Aussitôt le vote des actionnaires connu, le comité des rémunérations et le conseil d’administration se sont réunis hors de la présence de Carlos Ghosn. Ils ont annoncé quelques dizaines de minutes après avoir approuvé le maintien de la rémunération du PDG pour 2015, tout en engageant une mission sur les « évolutions utiles » pour les années à venir.

« Sur proposition de son comité des rémunérations, le conseil d’administration de Renault a approuvé le maintien de la rémunération décidée pour le président-directeur général pour l’année 2015 », indique leur communiqué.

« Le conseil d’administration a chargé le comité des rémunérations de la mission d’examiner les évolutions utiles de la structure de rémunération pour les années 2016 et suivantes », ajoute le document. 

Comme il l’avait fait l’an dernier, l’Etat, qui contrôle 19,74% de Renault mais détient 20% des droits de vote, a voté contre la résolution. Il n’a pas utilisé son pouvoir de droits de vote doubles, puisque la résolution était soumise à titre ordinaire, ce qui le lui interdit. 

Les représentants de l’Etat au Conseil d’administration ont également voté contre le maintien de la rémunération de M. Ghosn, a indiqué à l’AFP le ministère de l’Economie, estimant que « le Conseil d’administration doit impérativement en tirer les leçons pour les prochaines années ».

Ce n’est pas la première fois que le salaire de Carlos Ghosn fait débat. En 2013, il avait fini par proposer le report de 30% de sa part variable de l’année 2012 au 31 décembre 2016 en échange de la signature d’un accord de compétitivité par les syndicats.

Cet accord prévoyait 7.500 suppressions nettes d’emploi et une augmentation du temps de travail en contrepartie du maintien en activité des usines françaises du constructeur.

Le vote de vendredi n’a pas surpris Pierre-Henri Leroy, président du cabinet de conseil en investissement Proxinvest qui représente des actionnaires détenant 15% du capital de Renault au total) et qui a interpellé Carlos Ghosn lors de la séance de questions/réponses de l’assemblée générale.

« Ce qui est grave, c’est que le président du comité des rémunérations n’a pas été capable de faire les additions au cours de sa présentation aux actionnaires. Il s’est arrêté à la rémunération fixe et variable et n’a pas additionné les actions gratuites alors qu’elles représentent 3 à 4 millions d’euros », a-t-il déclaré à l’AFP, ajoutant que le montant, ajouté à celui de Nissan était « excessif pour une seule personne ».

De son côté, un porte-parole de Renault a indiqué à l’AFP que la part variable pour 2015 était « moins élevée que celle votée pour l’année 2014 » et que le fixe « n’avait pas varié depuis 5 ans ». Il a également ajouté que les actions de performance dépendaient « du résultat des trois prochaines années ».

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