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« Les salariés d’ATN sont déterminés à sauver leur compagnie »

Michel Monvoisin lors du décollage du premier vol de continuité territoriale, mardi. ©C.R.

Comme toutes les compagnies aériennes mondiales, ATN, deuxième société du pays en nombre de salariés, subit de plein fouet la crise sanitaire. La direction a présenté un plan de sauvegarde de l’entreprise au personnel, qui semblent s’accorder sur la nécessité de réduire la masse salariale, via une mesure de chômage partiel. « Préserver la trésorerie », oui, mais pas à n’importe quel prix : des discussions sont encore en cours. Et les inquiétudes ne seront pas levées, même après signature de l’accord. 

D’un côté, aucun vol commercial, aucune recette, si ce n’est le marché de la continuité territoriale, attribué par l’État. De l’autre, des charges fixes importantes, des avions à entretenir, et environ 750 salariés à payer. Pour Air Tahiti Nui l’équation semble explosive. La compagnie du Pays a-t-elle les reins assez solides pour traverser cette période où l’essentiel de la flotte mondiale est confinée sur les tarmacs ? Tout dépendra de la durée de la crise, explique son P-Dg Michel Monvoisin, qui rappelle que toutes les compagnies au monde comptent sur le soutien des États, en plus de celui de leurs actionnaires.

ATN a donc « les mêmes leviers que les autres » et compte bien profiter des aides de Paris. Mais la survie passe quoiqu’il arrive par une baisse des charges. Raison pour laquelle un plan de sauvegarde a été présenté aux salariés le 13 mars dernier. Il implique une baisse générale de la masse salariale de 30% en plaçant le personnel au chômage partiel 8 jours par mois. D’après Michel Monvoisin, les discussions autour de ce plan sont « très constructives », et les syndicats « comprennent la gravité de la situation ». « On a la chance d’avoir des salariés qui sont attachés à leur compagnie et déterminés à la sauver », assure le responsable.

Des baisses de rémunérations « atteignant 40 à 50% » pour certains salariés

Et effectivement, du côté des syndicats d’ATN, on a conscience de la « complexité » de la situation financière de l’entreprise. « Air Tahiti Nui était en bonne santé financière avant la crise, elle a encore un peu d’eau sous la quille, mais on n’est pas l’abri que la situation ne s’améliore pas immédiatement, explique ainsi Jean-Yves Saint-Marc. On sait très bien que si les vols repartent, la crise du secteur aérien pourrait se prolonger ». Pour autant, le délégué syndical CSTP-FO, élu du personnel dans le collège des pilotes, s’étonne d’un plan de sauvegarde présenté de façon « brutale » par la direction. Les syndicats ne sont pas prêts à tout accepter.

Le syndicaliste pointe que les réductions de rémunérations, qui sont aussi amputées de leur partie variable en l’absence d’activité, peuvent atteindre « 40 à 50% » pour certains salariés, dont les pilotes et personnels navigants. « On se rend bien compte que c’est nécessaire mais il faut que cet effort soit reconnu », explique Jean-Yves Saint-Marc, qui rappelle que le Pays doit encore décider de l’application du Dispositif exceptionnel de sécurisation de l’emploi (Diese) à ATN. Son syndicat s’oppose en revanche à « tout le train de mesures techniques associées à ce plan par la direction » et qui « n’aideront pas à passer cette crise ». Une contre-proposition a été faite lundi, et la direction espère bien signer un accord avant la fin de la semaine.

A noter que de son côté, Air Tahiti, qui comptait en 2018 950 salariés, va payer l’ensemble des salaires pour les mois de mars et avril. Des discussions pourraient être ouverte si la crise perdurait au delà.

 Les équipages demandent des tests de dépistage pour alléger leur période d’isolement

©PresidencePF

L’équipage qui était à bord du vol cargo en provenance de Shanghai, après un examen médical, a été placé en isolement strict de 14 jours. .C’est un autre sujet qui anime les discussions entre les salariés d’ATN, leur direction et le Pays. Depuis la mi-mars, tous les voyageurs arrivant en Polynésie, pilotes et personnel navigant inclus, sont soumis à une mesure de confinement de 14 jours à leur retour. Une mesure qui a ensuite été durcie pour éviter toute nouvelle importation de virus au fenua. Ainsi si les pilotes et membres d’équipages peuvent rentrer chez eux, ils doivent s’astreindre à une isolation stricte, avec une chambre et une salle de bain à part, des repas pris sans la famille… Un rythme difficile pour ceux qui continuent de voler et qui regrettent de ne pas pouvoir voir leurs proches entre deux rotations. Le sujet fait semble-t-il consensus au sein d’ATN. Michel Monvoisin, qui salue encore une fois l’attitude volontaire du personnel dans cette crise, explique qu’il s’agit de « la plus grosse difficulté » remontée par ses troupes ces dernières semaines.

Pour Jean-Yves Saint-Marc, si des mesures sanitaires sont bien sûr nécessaires, il conviendrait de tester tout l’équipage au bout d’une semaine, afin de réduire la période d’isolement strict.

Le Pays n’a pour l’instant pas répondu favorablement à cet appel, entre autres par manque de tests de dépistages. Tout pourrait donc dépendre des livraisons des vols de la continuité territoriale… qui sont opérés par ATN.

 

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