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Moetai Brotherson à Paris pour « donner le ton des relations » avec l’État

Interrogé ce lundi matin sur Public Sénat, Moetai Brotherson a évoqué sa première mission à Paris en tant que président du Pays. Une mission axée sur les conventions avec l’État, sur la protection sociale ou encore l’organisation des épreuves de surf des Jeux de Paris 2024. Les précisions de notre partenaire Outremers 360°.

« Tout président de collectivité, nouvellement élu, vient à Paris pour prendre contact avec les ministères et éventuellement le président de la République, pour donner le ton des relations qui vont être les nôtres durant ce mandat ». C’est ce qu’a expliqué Moetai Brotherson ce lundi sur Public Sénat. Au programme du président de la Polynésie : des entretiens avec le secrétaire d’État de la Mer, Hervé Berville, le président du COJO Paris 2024, Tony Estanguet ou encore, le ministre l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, avec le ministre délégué Jean-François Carenco. Vendredi dernier, Moetai Brotherson s’était déjà entretenu avec la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra. Quant à un éventuel entretien avec le chef de l’État, « rien n’est encore fixé », a précisé l’élu indépendantiste.

En attendant, Moetai Brotherson, en fonction depuis le 12 mai, entend évoquer avec Gérald Darmanin « les conventions qui lient déjà l’État à la Polynésie et qui doivent être renouvelées ». « Je vais aussi discuter avec lui des frais médicaux supportés par la Caisse de prévoyance sociale depuis les essais nucléaires », a-t-il ajouté. À ce sujet, le président polynésien a précisé que le système de sécurité sociale de la Polynésie a pris en charge environ 100 milliards de Fcfp de frais médicaux liés aux maladies radio-induites. La question du remboursement des frais médicaux liés aux essais français et supportés par la sécurité sociale locale a déjà été plusieurs fois défendue par le passé.

Évoquer les « difficultés » des JO

L’autre sujet important à aborder durant cette visite concerne l’organisation des épreuves de surf des JO sur l’île de Tahiti. Pour rappel, deux épisodes de fortes pluies entraînant des dégâts considérables sur le district de Teahupo’o avaient mis en relief, à la fois les retards accumulés pour la réalisation des infrastructures, tant sur l’hébergement sur les sites censés servir à la logistique des épreuves, et à la fois les inquiétudes voire la défiance des habitants du district de Teahupo’o. « Des difficultés techniques et des difficultés d’ordre d’acceptabilité social » a résumé Moetai Brotherson.

« C’est à nous de rassurer et de donner des gages à la population, que d’une part l’environnement ne va pas être saccagé, d’autres part qu’on ne va pas laisser des éléphants blancs dont on ne saura pas quoi faire après les Jeux, et ensuite que la population elle-même pourra participer à ce grand mouvement sportif sans être exclue à des kilomètres à regarder les jeux sur des écrans géants », a développé le chef de l’exécutif polynésien. Et si la nouvelle équipe gouvernementale a balayé tout renoncement à l’organisation de ces épreuves de surf au sein du berceau de la discipline, Moetai Brotherson évoquait « des discussions avec l’État sur la convention passée ».

« 10 à 15 ans » pour l’autodétermination, un « devoir » de la France

Interrogé sur son positionnement politique indépendantiste, le président de la Polynésie a expliqué la demande de son parti, le Tavini Huira’atira, d’un « processus d’autodétermination » : « Évidemment, nous sommes indépendantistes mais tous les Polynésiens ne sont pas indépendantistes et il faut que chacun puisse s’exprimer dans un processus d’autodétermination arbitré par l’ONU ». « C’est le devoir de la France, c’est conforme à la charte des Nations unies d’accompagner tous les peuples dont elle a la charge jusqu’à leur pleine autonomie » a-t-il ajouté, assurant vouloir « donner du temps au temps », et réaffirmant un calendrier de « 10 à 15 ans ».

« Cet objectif n’a rien d’utopique : la Polynésie c’est grand comme l’Europe, et en termes de population, c’est Montpellier. Pour moins de 300 000 habitants, on peut y arriver. Il faut se donner le temps, se préparer et c’est justement en cherchant à avoir l’indépendance qu’on arrivera à prendre les décisions en toutes responsabilités » a poursuivi le président indépendantiste, selon qui « les gouvernements autonomistes qui se sont succédés ont eu le réflexe de dire que finalement, si on ne prend pas les bonnes décisions, on ira voir « maman ». Quand on est indépendantiste, on n’a pas ce réflexe-là ». Il s’agit plutôt pour le parti indépendantiste de « transformer » une « économie artificielle, sous perfusion », a-t-il défendu.

« Nous voulons un équilibre, nous ne voulons pas échanger un colonisateur pour un autre » a conclu Moetai Brotherson, alors que le contexte géopolitique du Pacifique et plus largement, de l’Indopacifique, en pleine mutation, se divise en deux blocs : les États-Unis et ses alliés d’un côté, et la Chine de l’autre.

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