ACTUS LOCALESSANTÉ

Moins d’appels à l’hôpital et aux urgences : « le coronavirus ne doit pas faire oublier les autres maladies »

Le Dr. Quenée, aux côtés du ministre de la Santé Jacques Raynal et de plusieurs chefs de service du CHPF, mardi.


A l’hôpital de Taaone, les équipes médicales s’inquiètent d’une baisse des contacts et visites de patients auprès de plusieurs services, et notamment les urgences. Certes, dans le cadre de sa réorganisation face à l’épidémie de coronavirus, le CHPF a fait en sorte de reporter certaines interventions qui pouvaient l’être. Mais beaucoup de problèmes médicaux, notamment dans le cadre de maladies longues, peuvent empirer s’ils ne sont pas pris en charge. Au fenua comme en métropole, les médecins appellent à ne pas renoncer aux soins par peur de l’épidémie.

Le CHPF est « prêt ». C’est le message développé ces derniers jours par la directrice du centre hospitalier de Polynésie Française, Claude Panero. Filière dédiée au Covid-19, orientation des patients avant même de rentrer dans le Taaone, lits isolés pour les malades « légers » du Covid-19 (jusqu’à 95), augmentation des capacités de réanimation (jusqu’à 60 lits), stock de matériel pour « au moins trois mois »… Une réorganisation, qui a impliqué de limiter le passage à l’hôpital, notamment en reprogrammant certaines opérations non urgentes. Mais qui a aussi beaucoup mobilisé les équipes ces dernières semaines, pointe le président de la commission médicale d’établissement, le Dr. Vincent Quenée.

Les autorités sanitaires ont aussi fait en sorte que les patients les plus vulnérables au coronavirus restent confinés, en mettant en place des traitements délocalisés (pour certaines chimiothérapies, par exemple). Mais en plus de ces absences « maîtrisées », plusieurs services, dont les urgences, ont observé une baisse de leur fréquentation ou des contacts de malades.

Au total, l’hôpital recevrait 40% de patients « non Covid-19 » de moins qu’à l’accoutumée. Une baisse de fréquentation qui a été observée, dans des proportions comparables, dans plusieurs pays « confinés », dont la Métropole.

Crainte du Covid et peur de « surcharger »
Dans un communiqué publié hier, l’Assistance publique – hôpitaux de Paris, premier groupe hospitalier de France, estime par exemple que les passages aux urgences ont chuté, depuis le confinement de 45% pour les adultes et 70% pour les enfants par rapport à la même période en 2019. Si la limitation des déplacements et la baisse de la traumatologie peut expliquer une partie de cette chute, l’AP-HP l’attribue surtout « au comportement des patients eux-mêmes voulant éviter de surcharger les services d’urgence ou à leur crainte de contracter à l’hôpital le Covid-19 ». C’est ce qui expliquerait, par exemple, la baisse de 15% des prises en charge d’accidents cardio-vasculaires, ou la baisse de 35% des interventions pour appendicites. Le ministre national de la Santé, Olivier Véran, a lui aussi constaté publiquement une « baisse inquiétante des dépistages en cancer, et une baisse de la vaccination ». Une situation « grave », a-t-il insisté, en appelant les Français à « ne pas renoncer aux soins »

Au fenua, les équipes médicales ont multiplié les appels aux patients suivi pour des maladies longues, pour s’informer sur l’évolution de leur état. Mais certains médecins craignent tout de même que beaucoup de personnes attendent la fin de l’épidémie pour faire connaitre un problème médical… Qui pourrait avoir eu le temps de s’aggraver. « Il faut avoir peur du Covid, mais il faut aussi avoir peur d’une maladie qu’on ne soigne pas », insiste Vincent Quenée.

L’épidémie n’interdit en rien un contact régulier avec l’hôpital ou avec son médecin traitant permet, ne serait-ce que par téléphone. Quant au Taaone, il est aujourd’hui bien loin de la saturation et organisé de façon à prendre en charge tous les types de patients sans risque de contamination au coronavirus. Une seule personne « covidée » est aujourd’hui hospitalisée au CHPF, dans une chambre isolée.

Aucune raison de renoncer à appeler les urgences ou l’hôpital par crainte de la surcharge du CHPF.

 

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