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Mouillages à Faa’a : manifestation sur le lagon contre la nouvelle réglementation

Le collectif Tearai a réuni samedi une centaine de personnes et une trentaine d’embarcations, baie de Vaitupa. Dans le viseur de cette « manifestation pacifique » et nautique : la dernière réglementation des mouillages de voiliers à Faa’a et Punaauia. D’après le collectif, les nouvelles zones délimitées par le Pays vont priver beaucoup d’écoles, de sportifs ou de pêcheurs de leur accès au lagon. 

Va’a, stand-up paddle, kayak ou poti marara… A chacun son embarcation, samedi matin, dans la baie de Vaitupa. Parmi la centaine de participants, on trouve des représentants d’associations sportives, de clubs nautiques, des membres de la fédération des pêcheurs, des riverains et d’autres soutiens, venus notamment des collectifs Nuna’a a ti’a ou Mata Atea… Une petite armada qui a symboliquement « bloqué », quelques minutes durant, un bras du lagon de Faa’a. Au mégaphone, Roland Barff, porte-parole du collectif Tearai, rappelle qu’il s’agit avant tout « d’interpeller » les autorités. Le collectif s’est formé en mai dernier pour protester contre un projet de réglementation des mouillages de voiliers sur la zone Faa’a – Punaauia. Depuis, le projet est devenu arrêté, « sans aucune forme de concertation » dénonce le collectif, qui demande le retrait pur et simple de ce texte, adopté le 2 juin dernier en conseil des ministres.

Un des principaux griefs adressés à l’arrêté 650 CM : il interdit en son article 14, « toute activité nautique, aquatique ou subaquatique » dans les zones dediées au mouillage pour raison de « sécurité de la navigation ». Or, si le lagon faisant face au futur village tahitien, côté Punaauia est déclaré « zone d’interdiction de mouillage permanent », une bonne partie de baie de Vaitupa, entre le bout de la piste d’aéroport et le l’ex-Beachcomber est bien classée en « zone de mouillage ». Un espace pourtant très fréquenté par le public : « Il ne se rendent pas compte qu’il y a toute l’année des écoles, des centres aérés qui viennent ici,  les rameurs, les pêcheurs… », liste Roland Barff, qui rappelle que Faa’a est déjà « privé d’une bonne partie de son accès à la mer » par l’aéroport.

Du côté du gouvernement, pas de réponse officielle pour l’instant. Mais certains responsables assurent qu’il n’a « jamais été question » d’interdire l’accès au lagon suggérant qu’une partie de la navigation dans cette zone resterait autorisée, notamment pour les rameurs et les petites embarcations. Ce n’est pas ce qui est marquée dans la réglementation, et elle est aujourd’hui applicable », s’agacent les militants du collectif Tearai, qui ont, en parallèle de leur mobilisation, déposé un recours au tribunal administratif contre cet arrêté. Ils encouragent au passage la mairie de Faa’a – qui leur assure ne pas avoir été consultée – à faire de même, au titre de sa compétence en matière scolaire.

« Il n’y a pas de suivi, pas de contrôle, il n’y a rien du tout »

La défiance envers les mouillages de voiliers – de passage, mais qui appartiennent parfois à des Polynésiens – n’est pas neuve, surtout à Faa’a. Au sein du collectif, on dénonce pêle-mêle les rejets des plaisanciers et la pollution du lagon, l’abandon de certains navires, transformés en épave « dangereuses », ou la très subjective « pollution visuelle » de ces bateaux sur le lagon… Quant aux mesures à prendre, les avis divergent. « Tous les voiliers dans les marinas » tranchent certains. D’autres plaident surtout pour de « vraies discussions »« le Pays doit pouvoir trouver des zones de mouillage qui gênent moins » lance un jeune rameur – et surtout une réglementation « cohérente et avec de vrais contrôles ». « L’arrêté dit que les voiliers doivent obligatoirement s’amarrer à un corps-mort, mais il n’y en a même pas ! », prend pour exemple un manifestant en pointant vers une autre zone de mouillage, derrière l’aéroport. « Il n’y a pas de suivi, pas de contrôle, il n’y a rien du tout », conclut pour sa part Roland Barff.

Si le gouvernement n’a pas, pour l’instant, rencontré le collectif, Jean-Christophe Bouissou avait été interpellé sur le sujet à l’assemblée, en mai dernier. « Les voiliers ne sont pas des pestiférés » avait insisté le ministre, répondant à une question orale de Teura Tarahu-Atuahiva qui notait, justement, la montée des tensions autour des mouillages. « Nous sommes heureux d’accueillir des voiliers, ils représentent un atout économique — les maires des îles le savent très bien —, donc un atout économique réel pour notre pays et notre tourisme, avait-t-il rappelé. Ils sont les bienvenus chez nous, à condition naturellement qu’ils respectent les règles et les zones prévues pour organiser leur présence ». Dans le discours des militants de Teurai, samedi, c’était cette organisation, plus que le respect des règles par les plaisanciers, qui était pointée du doigt.

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