ACTUS LOCALES

Neuf entreprises sur dix fragilisées par la crise

Le Cerom, projet statistique animé par l’IEOM, l’ISPF ou encore l’Agence française de développement, a mené une enquête auprès de plus d’un millier d’entreprises polynésiennes à propos des conséquences du confinement sur leur activité. Elle dépeint un tissu économique durement touché par la crise et pessimiste sur l’avenir malgré les mesures gouvernementales.

L’enquête, purement déclarative, a eu lieu tout au long du mois de mai, auprès de 2 400 entreprises, dont un peu moins de la moitié ont répondu au questionnaire. Elle a d’abord permis d’obtenir une vision plus globale de l’impact du confinement : 9 entreprises sur 10 ont vu leur trésorerie se dégrader, et 56% ont vu leur chiffre d’affaire réduire de plus de moitié.

Seules 15% d’entre elles, principalement dans le commerce alimentaire et la vente en ligne, indiquent avoir connu une stabilité voire une hausse d’activité en avril. Une proportion équivalente d’entreprises a d’ailleurs gardé l’ensemble de leurs équipes sur leur lieu de travail (13%). Pour les autres, c’est la mise en congé des salariés (58%), et le travail à temps partiel (un quart des structures) qui ont été privilégiés. Quant au télétravail, il a visiblement été plus facile à organiser pour les « grandes entreprises » : 68% de structures  de plus de 50 salariés y ont eu recours, contre seulement 14% des entreprises comptant 0 à 4 employés.

Passé le mois d’avril, l’enquête, menée dans le cadre du projet Comptes économiques rapides d’Outre-mer (Cerom), avait surtout pour objectif de mesurer la solidité financière du tissu économique. Ce sont les secteurs du tourisme, la restauration, la perliculture, qui se déclarent les plus fragilisés, avec 82 et 94% de détérioration « forte » de trésorerie. Mais toute la chaîne économique parait touchée. Les entreprises connaissant des difficultés de trésorerie déclarent, à 65%, des difficultés pour honorer leurs échéances de paiement mais déclarent aussi, dans les mêmes proportions (70%), des retards de paiements de leur propre clientèle. Un phénomène qui touche les payeurs privés et même public dans un tiers des cas (60% dans le BTP). En revanche les salaires sont payés : seules 10% des structures déclarent des retards sur les fiches de paie, et environ 25% sur leur loyer (50% dans la restauration).

Les « grandes entreprises » plus gourmandes en aides publiques

Difficile à dire, sur ces simples résultats, si les dispositifs d’aide mis sur la table par le Pays et l’État ont atteint leur but. Ils ont en tout cas été utilisés :  7 entreprises sur 10 disent avoir sollicité au moins un dispositif de soutien, mais pas toutes de la même façon. Les reports d’échéances bancaires, fréquent dans le tourisme et la restauration, le sont moins dans le commerce alimentaire. Les banques, largement soutenues par l’État pour ce faire, ont accepté les rééchelonnements dans 100% des cas pour les plus grosses structures, mais l’ont refusé dans 30% des cas pour les plus petites entreprises.

Ce sont aussi ces grosses structures, qui ont le plus eu recours aux prêts garantis par l’État (1 sur 2, contre 1 sur 5 pour les entreprises de moins de 5 salariés), et sollicité des reports d’impôts ou de cotisations sociales, acceptés respectivement dans 60% et 46% des cas par le Pays. Globalement, « la quasi-totalité des entreprises du tourisme (98 %) et de la restauration (9 sur 10) a mené des démarches pour profiter de dispositifs d’aide public, avec une issue favorable dans 80 % des cas », note le Cerom. D’après l’enquête, les revenus de solidarité aux salariés ou aux indépendants sont mieux appréciés par les entrepreneurs que la mesure dièse, jugée « inadaptée » par certains. Quant aux mesures nationales, beaucoup de demandes semblaient encore buter sur une procédure complexe, courant mai.

Le retour à la normale attendra

Enfin, les perspectives dressées au moment de l’enquête n’étaient pas roses : les pertes de chiffres d’affaire prévues pour 2020 dépassent 50% dans 4 cas sur 10. Le « retour à la normale », lui, devra attendre au moins un an pour plus de la moitié des structures, et plus de deux ans dans un quart des entreprises.

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