ACTUS LOCALES

New Tahara’a : le refus de Teura Iriti jugé « démagogique » et « anti-économique » par l’opposition

Après l’opposition catégorique de Teura Iriti et Jacky Bryant au projet du groupe City, Tepuanui Snow et Leo Marais ont chacun dénoncé l’absence de débat autour de cet « investissement porteur de centaines d’emplois ». Ils soulignent que la tavana n’a pour l’instant fait avancer « aucun autre projet économique » dans la commune, et jugent mensongers certains des arguments mis en avant par son adjoint écologiste. Quant au projet de rachat du terrain par le Pays, il serait « purement démagogique ».

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Le débat continue autour du projet New Tahara’a. La mairie d’Arue s’y est opposée. Du moins du côté de l’exécutif et de sa majorité, qui rassemble 29 membres sur 33. Mais l’opposition municipale veut tout de même faire vivre le débat : ce jeudi, Tepuanui Snow, seul élu Ia ora Arue du conseil et Léo Marais, entouré des deux autres élus du Tapura No Arue, ont pris la parole à quelques heures d’intervalle pour dénoncer la position « catégorique » exprimée par la tavana Teura Iriti et son adjoint Jacky Bryant en fin de semaine dernière. Les deux élus ont pointé que la maire n’avait « à aucun moment » soumis au débat municipal ce projet de complexe hôtelier, résidentiel et commercial, ni même tenu informés les élus. « On entend partout Jacky Bryant, qui est aujourd’hui omniprésent, (…) on aimerait bien entendre la majorité s’exprimer dans le cadre du conseil municipal, qu’on soit consulté en tant qu’opposition, explique Léo Marais. Il y a un sacré manque de respect, y compris pour la population. On donne un avis, on est contre, et on vient consulter après. De qui se moque-t-on ?« .

Pour Tepuanui Snow, aucun doute, la position de la tavana est « purement politique ». Car pour le conseiller au Cesec, il est « incompréhensible » de balayer de la sorte un tel projet d’investissement. D’après ses promoteurs, le New Tahara’a, chiffré à 20 milliards de francs, serait porteur de 210 emplois pour la seule partie hôtelière (un hôtel Pullmann 5 étoiles de 141 clés qui seraient construit sur le site du Hyatt abandonné), et près de 500 en comptant tout le complexe. Et inclurait en outre 250 logements dont 60% doivent être offert en loyers « intermédiaires ».

« Aucun autre projet » porté par la mairie

« Discutons de ces emplois, de la formation, de ces logements, assurons-nous qu’ils profitent bien à la commune, reprend le chef de file de Ia Ora Arue. Mais aujourd’hui on s’oppose à tous les projets systématiquement, qu’ils soient portés par des investisseurs locaux ou des investisseurs étrangers. Qu’est ce qu’on va offrir à nos enfants ?« . Pour l’élu la question se pose d’autant plus, « des terrains militaires aux équipements communaux » que les deux premières années de mandats de l’équipe actuelle – marquées, il est vrai, par une période Covid et plusieurs mois de relance des élections municipales après l’annulation du premier scrutin -, « ne viennent pas montrer qu’en terme d’investissement il y aura des projets sur lesquels la commune pourra s’asseoir dans les années à venir ».

Même discours côté Tapura, groupe toujours dans l’opposition municipale malgré le ralliement récent de Teura Iriti au parti rouge et blanc à l’assemblée, où on s’inquiète du « message » envoyé aux investisseurs de tous poils. Sans toutefois prendre position directement sur le projet tant qu’une analyse et des échanges publics n’ont pas eu lieu. « On essaie d’opposer les personnes qui seraient pour l’économique et l’emploi à des personnes qui seraient pour la culture, l’environnement. Mais tout est compatible », assure Léo Marais pour qui la mairie doit laisser les élus « travailler le dossier » plutôt que de tomber dans des « faux débats ».

« Le Pays a d’autres priorités »

Restent les arguments mis en avant par Teura Iriti et Jacky Bryant. Impact environnemental trop fort, préservation culturelle et accès au site… À entendre Tepuanui Snow l’étude d’impact, qui fait aujourd’hui l’objet d’une enquête publique, a de quoi rassurer. Et c’est aux autorités de discuter avec le promoteur des éventuels problèmes liées à ses compétences – école, transport, déchets – et ainsi faire évoluer le projet. L’élu Ia Ora Arue estime que, dans ses prises de positions sur le projet, l’adjoint au maire et chef de file de Heuira – Les Vers Jacky Bryant a plusieurs fois tenu des propos au moins « démagogiques » au pire « mensongers ». Notamment sur les réserves d’eau potable sur lesquelles, estime-t-il, le rapport du service public de l’eau potable indique que la commune a un potentiel de production. « Ces mêmes rapports indiquent que l’ont perd 76 litres d’eau par kilomètre et par jour, note-t-il. Que la commune commence par résorber toutes ces fuites plutôt que d’aller gratter des poux dans la tête d’un investisseur qui veut apporter de l’activité ». Côté culturel, Tepuanui Snow note que plusieurs sites importants de la commune « ne sont pas mis en valeur » et rappelle que « nous sommes tous Polynésiens, mais il y a d’autres manière de vivre notre culture qu’en installant un paepae sur chaque terrain ».

Quant à la demande de rachat du terrain par le Pays et de création d’un parc naturel au Taharaa, « M. Bryant fabule ». « Le Pays a d’autres priorités et c’est lui décidera in fine, lance-t-il. Pourquoi racheter ce terrain alors qu’il y a un projet économique qui va permettre d’y développer tout un tas d’activités touristiques ? Ca serait totalement incompréhensible que le Pays vienne s’opposer à cette implantation ».

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