ACTUS LOCALESLÉGISLATIVESPOLITIQUE

Nicole Bouteau : « Nous souhaitons inscrire la citoyenneté polynésienne dans la Constitution »

Invitée de la rédaction de Radio1 ce mardi midi, Nicole Bouteau a déroulé son programme pour les législatives. Et mis en avant une proposition phare : l’instauration d’une citoyenneté polynésienne, sur le modèle calédonien, qui permettrait d’accorder de façon plus claire la priorité de l’accès à l’emploi et au foncier aux Polynésiens. L’ex-ministre, candidate Tapura dans la première circonscription, revient aussi sur sa démission du gouvernement en novembre : « je suis droit dans mes bottes », dit-elle.

La campagne bat son plein depuis de longues semaines déjà pour Nicole Bouteau, qui vient de visiter, en bateau, une trentaine d’îles des Tuamotu. Candidate dans la très grande première circonscription (Papeete, Pirae, Arue, Tuamotu, Gambier, Marquises), l’élue à l’assemblée et au conseil municipal de Papeete ambitionne de prendre la suite de Maina Sage, qui l’épaule d’ailleurs dans ses tournées. Sur le terrain, l’ex-ministre du Tourisme et du Travail doit parfois rappeler les raisons de son départ du gouvernement, en novembre dernier. Une démission liée à la loi sur l’obligation vaccinale, adoptée par la majorité Tapura, mais que certains membres du gouvernement ou du groupe – Tearii Alpha et Gaston Tong Sang en l’occurrence – refusait de s’appliquer.

Démission du gouvernement : « je suis droit dans mes bottes »

 « J’étais ministre du Tourisme et du Travail et aller parler aux professionnels pour leur expliquer cette loi me devenait impossible », précise-t-elle. Une question de « cohérence », donc. Mais son départ, rappelle-t-elle, ne portait « que sur ce point ». « Tout le reste » du bilan – avant et pendant la crise – elle « l’assume ». « J’ai été pleinement investie dans ce gouvernement, j’y ai mis toute mon énergie, tout mon engagement, précise-t-elle. Nous avons fait du mieux que l’on a pu, je ne renie rien ».

Pas de précision sur l’évolution de ses rapports avec Tearii Alpha – elle avait notamment dénoncé une attitude « d’élu qui se croit au-dessus des lois » – ou Édouard Fritch. Mais Nicole Bouteau, toujours secrétaire générale du Tapura, entend bien travailler de concert avec le gouvernement polynésien, si elle est élue députée. Sur la protection de l’océan ou du patrimoine historique, cités dans sa profession de foi, comme le renforcement des moyens de la prévention de la délinquance et de la lutte contre les trafics. Sur la question de l’autonomie aussi : l’élue plaide pour une « évolution statutaire ambitieuse », qui permettrait de clarifier la répartition des compétences, notamment en cas de catastrophe naturelles ou sanitaire. Mais « l’ambition » réside surtout dans la volonté « d’inscrire la notion et le principe de citoyenneté polynésienne dans la Constitution et dans le statut ».

Foncier et emploi : priorité aux citoyens

Une idée déjà défendue sous Gaston Flosse avant la grande réforme statutaire de 2004. Sans succès : l’État, malgré la création d’une citoyenneté calédonienne dès 1998, avait laissé la proposition de côté concernant le fenua. Mais Nicole Bouteau veut croire que cette réforme peut cette fois aboutir, peut-être à la faveur des débats institutionnel en cours à Nouméa, justement. « Nous n’avons aucune ambition souverainiste, nous restons Français, au sein de la République, mais nous souhaitons avoir des adaptations de protection dans le cadre de la Constitution et dans le cadre de notre loi statutaire, précise la candidate. L’objectif c’est de faire en sorte que la priorité en terme d’acquisition foncière et d’accès à l’emploi soit accordée au citoyen polynésien ».

Qui pourra être citoyen ? En Calédonie, où la citoyenneté est une condition de vote au référendum mais aussi aux territoriales (provinciales), la question fait débat depuis près de 25 ans. Nicole Bouteau, précise, à ce stade, que la citoyenneté, regrouperait « celui qui est né en Polynésie », » celui dont l’un des parents est Polynésien », c’est le cas de la candidate, ou « un citoyen français inscrit sur les listes électorales et qui aurait une durée de résidence suffisante ». Une durée de résidence qui « n’a pas été fixée », explique l’ancienne ministre qui parle « par exemple » d’une durée de 5 ans. La loi des « 1000% » sur l’accès à la propriété foncière au immobilière, votée tout récemment à l’unanimité de l’assemblée et qui s’avère donc être un avant-goût de plans plus larges, prévoit pour sa part 10 ans de résidence…

Nucléaire : « on va pouvoir y voir plus clair »

Dans la profession de foi commune aux trois candidats Tapura, Nicole Bouteau, Tuterai Tumahai et Tepuaraurii Teriitahi assurent en outre vouloir « renforcer » les partenariats et conventions avec Paris. Renforcer, aussi, les actions en matière de réparation et d’indemnisation des essais nucléaires. « Emmanuel Macron et Edouard Fritch sont vraisemblablement les présidents qui ont fait le plus avancer ce dossier », estime Nicole Bouteau qui cite l’intégration de la reconnaissance du fait nucléaire dans la loi organique, la démarche Reko Tika, les équipe de terrain pour les indemnisations, l’ouverture des archives... « Il y a d’autres travaux à faire avancer » assure-t-elle. Dont le remboursement de la CPS – un dossier qui a peu avancé ces dernières années, mais sur lequel « on va bientôt pouvoir y voir plus clair » – ou la réparation environnementale. Le Tapura défend l’idée d’un « fonds de relance et de développement économique », qui serait mis en place avec l’État notamment pour les Tuamotu. Quant à la loi Morin, « il y a une unanimité » pour « la modifier et l’améliorer », explique-t-elle… tout en insistant sur « les nombreuses avancées » de ces dernières années :

Investie par la confédération Ensemble, Nicole Bouteau, comme les autres candidats Tapura, siégeront, en cas d’élection, dans la majorité présidentielle à l’assemblée, aux côtés des députés La République en marche. Car le parti rouge défend, pour l’essentiel, le bilan d’Emmanuel Macron. Mouvements sociaux, attentats, crise Covid, « qu’il a fallu gérer au jour le jour, au fur et à mesure que les informations arrivaient », et maintenant guerre en Ukraine… « Il faut faire preuve d’humilité, reprend la candidate. Peut-être que tout n’est pas parfait mais ce que nous retenons, c’est qu’il a été auprès de la Polynésie dans les moments les plus durs et que nous avons aujourd’hui une véritable relation de confiance ».

 

 

 

Article précedent

Punaauia fête son demi-siècle

Article suivant

Le Tavini célèbre la réinscription et sonne la mobilisation pour les ressources marines

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

Nicole Bouteau : « Nous souhaitons inscrire la citoyenneté polynésienne dans la Constitution »