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Pêche illégale dans la ZEE : « la dissuasion fonctionne » assure l’État

© Marine nationale

1 500 heures de surveillance en mer, près 500 bateaux suivis par satellite, des opérations aériennes jusqu’à l’extérieur de la ZEE… et aucun flagrant délit depuis 10 ans. Pour les autorités l’État il est temps de mettre fin aux « légendes tenaces » de pêche illégale de navires étrangers dans les eaux polynésiennes. La vigilance, pourtant, ne devrait pas faiblir, avec deux nouveaux patrouilleurs et de nouveaux Falcon attendus dans les prochaines années.

Policiers, pompiers et gestionnaires de la ZEE. Ce sont toutes ces fonctions qui sont regroupées dans l’action de l’État en mer, qui a dressé ce matin son bilan annuel au haussariat. De l’armée au JRCC en passant par la gendarmerie ou les douanes, on parle avant tout de protection des vies en mer. En cette année 2022 qui a marqué une « forte reprise des activités des plaisances », il aura fallu pas moins de 421 opérations pour secourir les 260 personnes signalées en grave danger, des lagons à la haute mer. Malheureusement, certains drames ne peuvent être évités : 13 décès sur l’année et 2 disparus, un chiffre en hausse par rapport à 2021, mais « dans la moyenne » des années précédentes. Parmi eux, pas moins de 5 chasseurs sous-marins, une « activité à risque » qui a beaucoup mobilisé les secours et qui nécessite « d’être formé et équipé« , comme le martèle le contre-amiral Geoffroy d’Andigné. Même interpellation du côté des activités nautiques : « certaines bonnes habitudes ont été un peu oubliées » pendant le Covid, pointe le commandant supérieur des forces armées. Moyens de communication, de sauvetage, information des proches lors des sorties… « Prenez la mer, pas les risques », conclut l’officier.

1 500 heures de suivi en mer ou depuis les airs

L’action de l’État en mer, c’est aussi la protection des ressources marines, par les airs ou sur l’eau, avec près de 1 500 heures de suivi sur 491 navires de passage en 2022. Des chiffres qui, le haut-commissaire le sait, peinent toujours à dissiper les « légendes tenaces » sur la pêche illégale dans la ZEE. « Il n’y en a pas, insiste Éric Spitz. Toute la ZEE est sillonnée, surveillée » par les autorités, « la dissuasion fonctionne ». « Nous n’en avons pas pris depuis 10 ans, insiste le contre-amiral d’Andigné. Ces navires, on les voit sur nos écrans. Évidemment, il y en a qui pêchent au-delà de la ZEE, il y en a qui transitent par la ZEE comme ils en ont le droit. Mais quand ils transitent, ils vont à une certaine vitesse. S’ils se mettent à pêcher, ils doivent fortement ralentir, et on a une alerte. À ce moment-là, on envoie un avion si on a besoin d’aller vite et on envoie un bateau si on en a un à proximité ». Ce sont ainsi 177 navires de pêche qui ont été survolés par les Gardian, y compris des navires français, et y compris en dehors de la ZEE. 

©Marine nationale

Côté circulation maritime, le trafic s’est sans surprise densifié en cette année de reprise : 3 020 navires de commerce ont été suivis par le JRCC. Motif de satisfaction au Haussariat97% d’entre eux ont emprunté les nouvelles routes recommandées traversant les Tuamotu qui n’ont pas vocation « pour l’instant » à devenir obligatoires. La ZEE, les autorités le savent, est aussi un lieu de transit pour les narcotrafiquants. 904 navires de plaisance ont été suivis par le centre maritime, une dizaine ont fait l’objet d’une surveillance particulière et de contrôle au mouillage ou à quai. Parmi les 5 qui étaient formellement suspectés de convoyer de la drogue, un seul a fait l’objet d’une saisie : 420 kg de cocaïne trouvés à bord d’un voilier suédois en novembre.

Nouveaux patrouilleurs, nouveaux avions

La vigilance, sur tous ces fronts, va s’accentuer, assure Éric Spitz. D’autant que 2023 doit marquer des avancées sur la création de nouvelles aires marines protégées souhaitées par l’État comme par le Pays, notamment aux Marquises. « Mais ça tombe bien parce que 2023 marquera aussi l’arrivée de notre nouveau patrouilleur, deux fois plus performant, plus rapide, doté de moyens électroniques (pour l’action de nuit, notamment, ndr), doté d’un drone, et qui sera complété par un autre patrouilleur en 2025, détaille le haut-commissaire. Donc nous allons vraiment pouvoir améliorer le secours aux personnes, la surveillance de la pêche illégale et la lutte contre les activités illicites. »

À noter aussi que les vénérables Gardian doivent être remplacés en 2024 et 2025 par des Falcon 50, eux aussi beaucoup plus performants. Avant cela, les autorités maritimes devraient travailler sur l’encadrement de l’épreuve de surf des Jeux Olympiques, et lancer un nouveau grand exercice Polmar, en octobre. Il s’agira aussi de faire la « promotion du modèle » de l’action de état en mer dans les pays de la région, une mission directement confiée au ComSup par Paris. Objectif : les aider à protéger leurs ressources, « qui sont aussi les nôtres, puisque nous partageons le même océan ».

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