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Pour les commerçants, « il est important que le couvre-feu soit levé pour les fêtes »


Après avoir subi le confinement de mars et plusieurs mois d’activité morose, les commerçants du fenua comptent sur la période de Noël pour sauver leur année. Mais pour Gérard Burlats, la reprise de la consommation est surtout entre les mains des autorités. Le patron de la FGC demande, entre autres, la suspension du couvre-feu pour les fêtes, une taxation systématique des achats livrés depuis l’extérieur et des exonérations fiscales pour « tenir » les mois à venir. 

Pas de marché de Noël à Papeete, un Black Friday très limité… La saison des ventes de fin d’année a bien mal commencé pour les commerçants du fenua. Mais beaucoup n’ont pas perdu espoir : le mois de décembre doit être celui du rebond de la consommation. Chocolatiers, magasins de jouets, boutiques à « cadeaux »… Le mois à venir représente pour certains près d’un quart du chiffre d’affaires annuel. Et une bouffée de chiffre d’affaires, pour beaucoup d’autres, qui veulent oublier une année où l’activité a souvent chuté de plus de 30%. En pleine crise économique et sanitaire, après avoir subi le confinement et l’effondrement du tourisme, certains magasins vont donc jouer leur survie dans les quatre prochaines semaines.

C’est en tout cas ce qu’explique Gérard Burlats, le nouveau chef de file de la fédération générale du commerce (FGC). Il rappelle que les commerçants concernés par les achats de fin d’année ont fait des stocks importants pour cette période. Ne pas réussir à les écouler ferait encore une fois plonger leur trésorerie, cette fois sans aucun filet de sécurité. « Les banques ont aidé beaucoup de commerces sur la période du confinement, ils sont maintenant au bout, analyse le gérant des magasins Gémo (ex-Tati). Rater la période de Noël, ça les mettrait en danger ».

Mais la consommation n’atteindra le niveau espéré que si le cadre sanitaire le permet. Les commerçants le savent : la Polynésie a évité de justesse un reconfinement, qui aurait pu être dramatique. Le danger semble aujourd’hui s’écarter, avec une baisse, lente mais constante, du nombre de contaminations depuis début novembre et un léger fléchissement des hospitalisations. Reste que « le couvre-feu pose un problème sur le côté festif des fêtes de Noël, reprend Gérard Burlat. Il est important à mon sens que sur la période des fêtes, le couvre-feu soit levé pour permettre aux gens de pouvoir se déplacer, se réunir en famille, consommer pour permettre aux commerces de faire leur chiffre d’affaire ». La demande, adressée au Haussariat est donc claire. Comme le souligne Gérard Burlats, Emmanuel Macron a montré la voie : un couvre-feu sera en vigueur en métropole de la mi-décembre à la mi-janvier, mais il sera exceptionnellement levé pour les soirées du 24 et du 31.

Taxer les achats sur internet « dès le premier franc »

Autre demande adressée par la FGC, cette fois au Pays : la régulation des achats sur internet. Rien de neuf de ce côté-là : les commerçants du fenua considèrent depuis longtemps le flux de livraisons issues des sites de e-commerce français ou étrangers comme de la « concurrence déloyale ». Les Polynésiens sont de plus en plus tournés vers ces commandes extérieures où ils trouvent un choix élargi et des prix très concurrentiels malgré les frais de livraison. Or, les colis d’une valeur inférieur à 20 000 francs ne sont pas taxés. « Les commerçants du territoire, eux, paient leurs taxes, permettent à la collectivité de vivre », pointe Gérard Burlats qui estime à « 1 à 2 milliards de francs minimum » la valeur de ces livraisons. Le patron de la FGC demande donc, a minima, « d’appliquer la TVA dès le premier franc » lors du passage en douane.

Les douanes avaient déjà, par le passé, indiqué que cette taxation des colis de petite valeur était difficile à prendre en charge pour des raisons logistiques. La FGC répond qu’un logiciel permettant aux destinataires d’effectuer leurs déclarations en ligne existait et était même proposé par des spécialistes en informatique polynésiens. « Le système pourrait être mis en application très rapidement », assure le responsable.

À mesure que les fêtes approchent, ce sont aussi les échéances fiscales que les entreprises ont en tête. Dans le commerce comme dans d’autres secteurs, les entrepreneurs ont pu bénéficier de moratoire sur certains impôts, taxes ou cotisations, mais les paiements ont repris et des dettes fiscales ou sociales se sont accumulées. L’idée de la fédération : transformer ces reports en annulations pour ceux « qui ont subi la crise de plein fouet ». « Le territoire a fait de très gros efforts sur la première période de confinement, et on les remercie, précise Gérard Burlats. Maintenant ça n’a fait que repousser les échéances. La crise durant un peu, il serait temps d’envisager l’annulation d’une partie de ces dettes sociales ou fiscales ». Annuler des rentrées fiscales, serait-ce bien sérieux de la part du Pays, alors que ses finances sont déjà exsangues ? Il pourrait s’agir « d’annulations ciblées », répond le patron des magasins Gémo, qui cite à titre d’exemple la patente, qui n’est pas assise sur l’activité de l’année.

Encore une fois, la FGC brandit la perspective des fermetures d’entreprises : « il s’agit d’assurer la survie de certains », pointe Gérard Burlats.

 

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4 Commentaires

  1. pat
    25 novembre 2020 à 8h01 — Répondre

    Quand c’est les passagers des compagnies aériennes qui ont une franchise de 50000fcp par personne au retour de leur vacances là rien cela ne dérange personne ??? c’est vrais les commerçants en profitent car eux partent en vacances à l’étranger et font comme tout le monde : des bonnes affaires .

  2. Motook
    25 novembre 2020 à 8h48 — Répondre

    Bien entendu, la fédération du commerce demande encore de taxer les achats par internet dès le premier franc. Il y a longtemps qu’ils en rêvent… Mais qu’ils se posent la question du pourquoi les gens commandent sur internet. Les commerçants locaux font des marges astronomiques, ne proposent pas, pour la plupart, de site internet où l’on peut acheter et vendent (pour la plupart aussi) des produits de basse qualité. Et bien des produits restent introuvables en Polynésie.
    Donc il faut arrêter avec cette demande systématique de taxer les achats sur internet, à moins qu’en contre partie, ils acceptent que leurs marges soient légalement plafonnées.

  3. Tan
    25 novembre 2020 à 9h26 — Répondre

    Faut arrêter il y a des choses que l’on a pas ici ou le prix ici est exorbitant, Taxer encore, ça suffit laisser nous respirer laisser nous commander en paix

  4. Tetaavahine
    25 novembre 2020 à 13h34 — Répondre

    Il sera bien plus préférable de sanctionner ceux qui n’ont pas de patente et qui commercialise quand même, il suffit de voir sur les groupes de ventes, c’est eux qu’il faut sanctionner car oui c’est là la concurrence déloyale comme vous le dites, de plus en Calédonie la taxe est applicable à partir de 3000fr d’achat, j’ai l’impression que l’on vise le monopole 😩. Être taxée c’est étouffant, de plus remarquer que si on diminuais les taxes, ont pourraient augmenter le nombres d’emplois,non ? Ou bien Supprimer les taxes, au lieux de pénaliser toute la population qui est déjà dans le pétrin. Vos « solutions » sont à revoir.

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