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Pourquoi Alstom est un succès pour Montebourg

Dans l'épineux dossier Alstom, Arnaud Montebourg réussi à imposer sa marque. © REUTERS

Dans l’épineux dossier Alstom, Arnaud Montebourg réussi à imposer sa marque. © REUTERS

« ANTI-FLORANGE » – L’accord trouvé entre l’État et General Electric pour le rachat d’Alstom est à mettre au crédit du ministre de l’Économie.

Rappelez-vous, la phrase avait été prononcée le 07 décembre 2012 par Arnaud Montebourg : « je ne parle pas de l’acier, c’est un sujet qui m’est interdit depuis quelques heures. » À l’époque, celui qui n’était alors que ministre du Redressement productif venait de se faire désavouer sur le dossier Florange. Arnaud Montebourg militait pour une nationalisation partielle de la sidérugie de Moselle. Jean-Marc Ayrault, alors Premier ministre, était contre. Et c’est ce dernier qui a fini par avoir le dernier mot. « Je laisse le Premier Ministre s’en débrouiller, c’est son sujet maintenant« , aurait alors lancé Arnaud Montebourg, amer.

Un an et demi plus tard, Arnaud Montebourg est ministre de l’Economie et Jean-Marc Ayrault n’est plus au gouvernement. Et dans l’épineux dossier Alstom, le chantre du « Made in France » a réussi à imposer sa marque. Décryptage.

Un dénouement… Après avoir fait monter les enchères entre General Electric (GE) et Siemens, tous deux candidats au rachat du français Alstom, le gouvernement a donné vendredi sa préférence à GE. Mais pour garder la main sur ce dossier, le gouvernement a décidé d’entrer à 20% au capital d’Alstom et doit donc racheter les parts de capital détenues par Bouygues. L’alliance devra créer une « coentreprise spécifique française entre la vapeur et le nucléaire ».

Alstom : l’État choisit GE et va entrer au capital de la future entreprise

Dans le détail, General Electric va investir 7 milliards d’euros et l’Etat français garde la main sur les activités stratégiques. Le géant américain accepte également de transférer son activité signalisation pour muscler ce qu’il va rester d’Alstom (la branche transport notamment). Enfin, GE s’engage à créer 1000 emplois nets, sous peine de se voir infliger des pénalités financières (50.000 euros par poste non créé).

… Qui porte le sceau Montebourg… Si c’est bien François Hollande qui a tranché, l’accord dans sa version finale porte bien la marque du ministre de l’Economie. « Des sources proches du dossier ont confirmé des discussions très tendues à l’Elysée sur l’entrée au capital de l’Etat. D’abord farouchement opposé à cette possibilité, le président a finalement cédé sous l’argumentaire de son ministre », écrit le Huffington Post lundi. « Une entrée dans le capital et une alliance avec un grand groupe étranger, ça devient la marque Montebourg pour sortir une société française de son isolement », poursuit également une « source proche du dossier » au Figaro.

Les approximations d'Arnaud Montebourg sur l'accord entre l'Etat et Bouygues dans le dossier Alstom

Pour ne pas réitérer son échec de Florange, Arnaud Montebourg a dû changer sa méthode. Fini les confrontations de plein fouet avec les patrons et les déclarations incontrôlées. « Le ministre a, cette fois, pris soin de faire valider chaque étape de son action par le Premier ministre et le président : course contre la montre pour empêcher le deal initial entre Alstom et GE, conception d’une offre concurrente avec Siemens qui a fait monter les enchères, puis décret sur le patriotisme économique », décrypte ainsi Les Echos, lundi, qui parlent de « victoire » pour le ministre de l’Economie.

… Et conforte sa place. Une « victoire » que l’exécutif a tout fait pour mettre en valeur. À l’Elysée, on confie ainsi avoir porté une attention particulière à ce que la communication du ministre de l’Economie ne soit pas entravée. C’est donc Arnaud Montebourg qui s’est chargé d’annoncer le dénouement, vendredi soir en conférence de presse. Et c’est également lui qui en a fait le service après-vente, dimanche soir sur le plateau de France 2.

L’ensemble de l’exécutif a d’ailleurs salué le ministre ce weekend. « Sans l’intervention du président de la République, du gouvernement et plus particulièrement d’Arnaud Montebourg, nous ne pourrions pas aujourd’hui constater le résultat, c’est-à-dire une victoire », a salué vendredi Manuel Valls. « En termes de méthode, c’est l’anti-Florange », a renchéri le Premier ministre.

« Je considère que ce qui a été obtenu est un progrès pour la France et vient conclure une négociation qui a été particulièrement bien conduite sous mon autorité par le gouvernement et les ministres concernés, et notamment Arnaud Montebourg », s’est également félicité François Hollande à la sortie d’un mini-sommet européen, samedi à l’Elysée.

Arnaud Montebourg, à qui l’on prêtait des envies de démission, voit ainsi sa ligne et sa place confortées dans ce dossier épineux, qui engage les intérêts stratégiques de la France. La raison ? « Manuel Valls a besoin d’un ministre étiqueté plus à gauche que lui », rappelle Elsa Freyssenet, éditorialiste aux Echos. Une étiquette qui n’a pas empeché Henri Guaino, Frédéric Lefebvre ou Nicolas Dupont-Aignant, à droite, de saluer l’accord trouvé avec General Electric.

Le bémol : l’abandon de l’offre Siemens. Un « seul » bémol vient mette de l’amertume dans la « victoire » d’Arnaud Montebourg : l’abandon de l’offre Siemens-Mitsubishi. Arnaud Montebourg a dû faire son deuil du « champion européen de l’énergie » qu’il rêvait de construire avec le groupe Allemand. « Selon nos informations, le ministre a dû écarter l’offre Siemens-Mitsubishi au dernier moment pour des raisons de concurrence », écrit le Huffington Post lundi. Reste à savoir ce qu’en pensera l’opinion. Le prochain sondage sur la popularité des ministres nous en dira un peu plus sur le sujet.

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Source : Europe1

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