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Qui a jeté la première pierre ?

Entre Torea et Ernest, ce n’est pas l’amour fou. Une querelle de voisinage qui perdure depuis plus d’une année et qui va crescendo. À tel point que Torea comparaissait ce jeudi pour violences aggravées et outrage à une personne dépositaire de l’autorité publique. Il a été condamné à trois mois de prison avec sursis et à 78 heures de travaux d’intérêt généraux.

Torea, 28 ans, et Ernest, 63 ans, son tonton, ont un problème relationnel. Une inimitié qui perdure depuis 2019, à la suite d’une bringue organisée par Torea. Les deux vivent dans le même quartier et leur habitation sont proches l’une de l’autre. Le soir du réveillon de janvier 2019, la bringue bat son plein dans la maison  où vit Torea, sa concubine ainsi qu’une dizaine d’autres membres de la famille.

Excédé, car au petit matin la fête perdure, Ernest appelle les gendarmes qui interviennent et font cesser le bruit. À peine ils sont partis qu’Ernest reçoit sur sa toiture une pluie de cailloux. Du moins c’est ce qu’il affirme, car Torea assure que ce n’est pas lui qui a balancé les cailloux, mais Ernest qui lui en aurait jeté sur sa toiture. Depuis, ce n’est pas l’entente cordiale qui règne entre les deux.

Bis repetita

Un an après les faits, le 3 janvier 2020, à quatre heures du matin après un réveillon qui joue les prolongations bien arrosées, Torea est dehors dans la servitude avec deux de ses amis. Ils poursuivent les agapes en finissant les packs de bières. C’est ce moment que choisit Ernest pour sortir ses déchets verts à l’aide d’une brouette. À partir de là, les deux versions divergent.

Pour Ernest : « je suis passé devant eux et leur ai souhaité une bonne année. Puis Torea et venu pour s’excuser du pea pea qu’on avait eu tous les deux l’année dernière. Comme il était saoul, je ne l’ai pas écouté et j’ai continué ma route. »

Cela aurait pu s’arrêter là mais Torea, ivre, ne l’entends pas de même. « Il m’a donné une gifle puis un coup de pied, et une fois arrivé chez moi, il m’a balancé une barre de fer sur le pied. Après il a jeté des pierres et des noix de coco chez moi et ma voiture a été cabossée », affirme Ernest.

Torea n’a pas la même version des faits : « Il m’a reparlé des trucs d’avant et il m’a donné une claque. Alors je l’ai cogné. J’ai pris une barre de fer mais je ne l’ai pas jetée sur lui. Je l’ai posée par terre et j’ai couru sur lui pour le rosser. Et après, il a jeté des cailloux sur ma maison. »

« Gendarmes de merde »

Sur ces entrefaites, les gendarmes arrivent alertés par la concubine de Torea. Un des gendarmes décrit la scène : « J’étais de service et à 4h50 on nous appelle pour des jets de pierres dans un quartier suite à un différend entre deux personnes. Arrivés devant la maison de Torea, celui-ci arrive énervé, on lui demande de se calmer et il nous traite de gendarmes de merde qui ne font pas leur travail… »

À la barre, Torea, alerte et volubile réitère sa version des faits, rejetant la faute sur Ernest. « Et avec les gendarmes, qu’est ce qui s’est passé ?» l’interroge le juge. « Ihiaa, c’est de ma faute, j’étais en nerf et j’avais bu une caisse de bière » avoue Toera en souriant. « Tu t’énerves souvent ? », « non pas vraiment. Quand j’ai bu et parfois quand j’ai pas bu.»

Ernest appelé à la barre livre à son tour sa version des faits, remontant jusqu’à 2019 pour expliquer l’animosité qui règne depuis entre lui et Torea. « 2019, 2020, que va-t-il se passer en 2021 ?» interroge, visiblement amusé, le juge Fragnoli.

Puis s’adressant à Torea, « même si Ernest t’a donné une baffe, tu as eu tort de répliquer. Et s’il ne te l’a pas donnée, tu es encore plus en tort. » Regardant les deux, « Cela s’est arrangé depuis ? », « Non, on ne se parle plus, dans le quartier c’est toujours eux qui font la bringue », répond Ernest. « On ne peut pas aimer tout le monde, mais on ne se tape pas dessus pour autant » assure le magistrat, qui se tournant vers Torea, lui demande, « tu es quelqu’un de violent ? », « non, juste quand ça part en c……. ! ».

 Les jets de cailloux « un grand classique »

« Les jets de cailloux, c’est un grand classique en Polynésie, dès qu’il y a du bruit on jette des cailloux sur le toit, et si on va voir les fauteurs de troubles, en général on se fait taper dessus. Et cela créé des tensions qui débordent de partout » assure le procureur Danielsson, qui a tendance à se fier à la version d’Ernest. Ainsi il requiert à l’encontre de Torea, « un sursis probatoire avec un travail d’intérêt général qui sera efficace au regard du quartier, ainsi ils verront que lorsque l’on cause des problèmes, on est puni. »

Le juge a suivi les réquisitions du procureur, toutefois en abandonnant le chef d’accusation de violences aggravées avec une arme, la barre de fer, pour le requalifier en violences volontaires sur fond d’alcool. Torea a été condamné à trois mois de prison avec sursis avec un TIG de 78 heures assorti d’une interdiction de rentrer en contact avec Ernest à qui il doit verser 60 000 Fcfp de dommages-intérêts.

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Journal de 12:00, le 04/06/2020

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