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Rapport Sauvé : « Il y aura un avant et un après » pour l’Église

Invité de notre partenaire Europe1 mardi, Monseigneur Bruno Valentin, évêque auxiliaire du diocèse de Versailles, s’est dit sidéré par les conclusions du rapport Sauvé. Le rapport estime à 216 000 le nombre de personnes de plus de 18 ans ayant fait l’objet de violences ou d’agressions sexuelles pendant leur minorité de la part de clercs ou de religieux catholiques en France de 1950 à 2020.

La commission qui a enquêté sur l’ampleur de la pédocriminalité dans l’Église catholique depuis 1950 propose de « reconnaître la responsabilité de l’Église », selon ses conclusions rendues publiques mardi. Selon la commission, 216 000 enfants ou adolescents ont été victimes de violences ou d’agressions sexuelles de la part de religieux en France depuis 1950.

Le nombre de victimes grimpe à « 330 000 si l’on ajoute les agresseurs laïcs travaillant dans des institutions de l’Église catholique » (aumôneries, enseignants dans les écoles catholiques, mouvements de jeunesse), a ajouté Jean-Marc Sauvé en rendant publiques devant la presse les conclusions de la commission qu’il préside. Parmi les autres données révélées par le rapport, le fait que 5 millions et demi de Français de plus de 18 ans ont connu des violences sexuelles dans leur enfance : 10% dans la famille et 6% dans l’Église, soit deux fois plus qu’à l’école.

« De la honte devant la médiocrité de mon Église »

Monseigneur Bruno Valentin, évêque auxiliaire du diocèse de Versailles, s’est dit sidéré par les conclusions de ce rapport. « Personne ne s’attendait à un paysage aussi large et aussi sombre. C’est aux victimes que je pense et à qui j’ai envie de dire ma honte devant la médiocrité de mon Église et son incapacité pendant si longtemps à prévenir, à voir et à réagir à ces agressions », a-t-il reconnu.

Selon lui, l’Église en est arrivée là du fait de dysfonctionnements qui lui sont propres. « Jean-Marc Sauvé a analysé assez finement cet esprit de fraternité entre les prêtres, de la confusion éventuelle entre pardon et justice. Il a donné des éléments très intéressants et crédibles pour expliquer pourquoi l’Église est si concernée », a-t-il poursuivi.

Jean-Marc Sauvé, pointe en effet la responsabilité de l’Église à la fois dans son mode de gouvernance, mais aussi dans ses enseignements, lui demandant d’évoluer. Il préconise une réforme du droit de l’Église pour qu’il y ait désormais des procès canoniques équitables, que l’évêque ne concentre pas tous les pouvoirs, que le secret de la confession ne soit plus opposé à l’obligation de dénoncer des prêtres qui abusent des mineurs et enfin que les laïcs, hommes et femmes, soient intégrés dans les instances dirigeantes de l’Église.

« Un acte fort serait un acte qui relèverait du pape »

Pour Monseigneur Bruno Valentin, il s’agit donc désormais de prendre en compte ces 45 préconisations qui balayent toute la vie de l’Église. « Mon désir d’évêque est vraiment de recevoir ce rapport de manière très mobilisée et engagée », a-t-il assuré. « Ce rapport est tellement précis, tellement complet, tellement incontestable, qu’il y aura un avant et un après. On est un peu dans une opération à cœur ouvert pour l’Église mais c’est un risque pour la vie et si on ne le prend pas, on meurt ».

Un point de vue que voudrait partager Bertrand Virieux, victime du père Preynat et fondateur de la parole libérée, qui craint pourtant que le même schéma ne se reproduise encore. « Je crois la sincérité de plein de gens dans l’Église qui disent vouloir faire quelque chose. Mais on a tellement entendu de textes, de bonnes déclarations d’intention, et nous n’avons toujours pas d’actes », a-t-il regretté. Il a également reproché au Vatican de rester dans son mutisme depuis toutes ces années. « Ce qui serait pour moi un acte fort, serait un acte qui relèverait du pape. Il connaît la situation et il n’a jamais traversé la frontière pour venir chez nous. Il pourrait s’expliquer publiquement et je pense que ça aurait un impact fort », a appelé Bertrand Virieux.

« L’identification du prêtre au Christ est un problème »

Dans son rapport, Jean-Marc Sauvé a également émis des préconisations sur la formation dans les séminaires et sur la nécessité d’entretiens annuels des membres de l’Eglise, comme c’est le cas dans le privé. Il fait aussi le lien entre ces abus et la toute puissance de l’autorité du prêtre. « L’identification du prêtre au Christ est un problème », a-t-il même précisé, ajoutant à la longue liste des causes d’abus la conception taboue de la morale sexuelle.

Il a enfin appelé mardi l’institution à apporter une « réparation » financière à toutes les victimes de violences sexuelles en son sein depuis 1950 en France. « Il faut indemniser les préjudices subis par les victimes en dehors même de toute faute identifiée, caractérisée de l’Église », a déclaré, le président de la Ciase, en souhaitant que cette indemnisation ne soit pas considérée comme « un don » mais « un dû » de l’Église.

Avec Europe1

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