ACTUS LOCALESÉCONOMIESOCIÉTÉ

Tout est bon dans le poisson

Les élus de différentes communes de Polynésie se sont rendus ce mercredi au CJA de Papeete. Organisée par le Syndicat pour la promotion des communes de Polynésie française (SPCPF), cette visite avait pour but de découvrir la valorisation des déchets de poissons, transformés en engrais et utilisé dans la culture bio. La finalité est que les élus adaptent ce système afin de le mettre en pratique dans les potagers des établissements scolaires ou les pépinières communales et, pourquoi, pas dans les fa’a’apu des agriculteurs.

Cette initiative découle d’un constat. Chaque année ce sont des milliers de tonnes de déchets de poissons qui sont déversés au large de Papeete. Un gaspillage, si l’on tient compte du coût d’affrètement d’un bateau chargé de cette besogne mais aussi quand on sait qu’il existe une possibilité de revaloriser ces déchets en les transformant en engrais. Heifara Lanteires, directeur du CJA de Papeete est à l’origine de cette démarche. « Cette idée nous est venue de récupérer ces déchets de poissons pour faire de l’engrais afin de diminuer la charge de déchets des prestataires qui sont sur le quai de pêche. » Pour l’heure, Le CJA de Papeete récolte à peu près entre 400 et 600 kilos de déchets par semaine qui, une fois transformés, donnent environ 300 kilos d’engrais.

Une démarche soutenue par Francis Ching, de la société Vini Vini, propriétaire d’une flottille de pêche, qui fournit la matière première. Son entreprise produit actuellement 1 000 tonnes de déchets par an, soit environ trois tonnes par jour, qui jusqu’à présent étaient envoyées par le fond. « Cela fait depuis des années qu’on cherche un moyen approprié pour ne pas jeter ces déchets à la mer qui risquent d’attirer les requins. Nous avons essayé de faire venir des broyeurs afin de faire de l’engrais mais on a eu un problème d’infrastructure, de manque de place sur le port, et le CJA était tout indiqué pour cela. »

Les déchets de poisson broyés sont injectés dans l’éco digesteur où ils en sortiront sous forme de poudre.

De fait, le CJA qui accueille une soixantaine d’élèves est l’endroit tout indiqué pour ce type d’expérience car ce projet est particulièrement valorisant pour les élèves en formation agriculture. « Avec cette activité innovante qu’est le laboratoire d’intrants de poisson, les jeunes sont très motivés » assure Heifara Lanteires, directeur du CJA de Papeete. Quant au process de fabrication, celui-ci n’a rien de secret, « Les déchets sont broyés et mis en éco digestion durant 48 heures puis la poudre d’engrais de poisson est mise en sachet d’un ou quatre kilos, puis on attend au moins trois semaines pour les mettre en vente. »

Une recette que compte améliorer le directeur du CJA en se rapprochant du marché de Papeete, de la cuisine centrale et des restaurants de la capitale afin de récupérer leurs déchets et de les mélanger avec l’engrais de poisson.

Le produit fini, prêt à être épandu dans les fa’a’apu.

Éric Tuahine, conseiller municipal de Teva I Uta, s’est montré fort intéressé par ce processus, car cet engrais peut être utilisé dans les potagers, jardins et pépinières communales alimentant la restauration scolaire, et donc participer à une alimentation durable. La finalité étant de réduire ou se passer d’engrais chimique. « Teva I Uta est l’une des huit communes intéressées par cette méthode et nous aimerions la développer. On va proposer le projet au conseil municipal »

Les sacs d’engrais sont en vente au CJA de Papeete, situé à Fare Ute pour le prix de 2 500 Fcfp les quatre kilos ou 800 Fcfp le kilo.

Article précedent

LA PASSION DU VIN 9/12/2020

Article suivant

La minute de l'entrepreneur 9/12/2020

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

Tout est bon dans le poisson