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Trafic d’anabolisants : les adeptes de la gonflette à la barre

 

Dix prévenus ont été entendus ce mardi matin dans une affaire de trafic d’anabolisants. Des hommes mais aussi des femmes, âgés en moyenne d’une trentaine d’années qui sont poursuivis, entre autres, pour exercice illégal de la profession de médecin et pharmacien, blanchiment ou encore pour importation illicite de substances psychotropes.

Une affaire musclée, c’est de cette manière que l’on pourrait qualifier le dossier qu’ont eu à examiner les juges du tribunal correctionnel ce matin. Au total, 10 prévenus ont été appelés à comparaître. Ils sont soupçonnés d’avoir participé, chacun à des degrés différents, à un trafic d’anabolisants entre 2017 et 2022. Des hommes et des femmes d’une trentaine d’années qui sont poursuivis, entre autres, pour exercice illégal de la profession de médecin et pharmacien, blanchiment ou encore pour importation illicite de substances psychotropes. À la tête de la combine, A.A., un militaire qui avait été muté quelque temps à Tahiti et qui depuis est retourné en métropole. Passionné de culturisme, il importait des produits d’Inde, des Pays-Bas ou de Bulgarie. S’il s’en servait et se dopait régulièrement, il y voyait aussi un business florissant qu’il n’a pas manqué de développer lors de son passage au fenua. Et c’est dans les salles de sport de Tahiti qu’il aurait recruté, sans trop de difficulté, ses principales « chevilles ouvrières ». L’une d’elles, E.T, travaille dans le milieu aéroportuaire. Déjà condamné en 2016 pour trafic de stupéfiants, il avait commencé par acheter des produits à A.A., notamment des fioles de testostérone injectable qui se vendait à 20 000 Francs les 10ml.

Un business à distance

Très vite, il s’est mis à en vendre pour pouvoir en consommer gratuitement. Sur les conseils avisés de A.A, qui s’improvisait médecin et coach, il conseillait à son tour les acheteurs sur les produits et les doses à prendre. Ces conseils, il n’est pas le seul a en avoir dispensé puisque quatre autres passionnés de muscles se sont aussi prêtés au jeu de la revente. Parmi eux, T.S., qui coachait à l’époque certains compétiteurs de la Tahiti Body Contest, a longuement expliqué aux juges que dans ce milieu « pour avoir de beaux muscles » il fallait prendre des produits. Parmi les prévenus on retrouve aussi D.V., référent principal de A.A après son retour dans l’Hexagone. Il a réceptionné plusieurs colis dans lesquels étaient dissimulés, dans des boites de compléments alimentaires ou des puzzles pour enfant, des anabolisants. Sa femme, T.H., avait elle aussi fini par participer en reconditionnant les produits, mais aussi parfois en les administrant par injection. C.B., l’ex-compagne de A.A., a elle aussi participé à ce trafic très lucratif qui aurait selon les Douanes brassé près de 30 millions de francs. Pour le Conseil de l’ordre des médecins qui s’est constitué partie civile, il faut nécessairement les condamner pour exercice illégal de la médecine. « C’est une question de principe, mais aussi parce que c’est un trafic de produits qui nuisent à la santé des gens », a argumenté leur conseil Me Bennouar. Les services douaniers réclament une amende solidaire de 30 millions à l’encontre des prévenus.

Le ministère public a fait état d’une « masse financière » importante que le principal prévenu a bien dissimulée sur plusieurs comptes bancaires, et  évoqué également un problème de santé publique. Il a requis à l’encontre de A.A., sous le coup d’une autre procédure du même genre et qui comparaitra prochainement devant le tribunal correctionnel de Nanterre,  deux ans de prison et une amende de 3 millions.  Contre E.T. qui a des antécédents dans une affaire de trafic de stupéfiants, il a requis 6 mois ferme. Les autres protagonistes encourent entre 18 et 10 mois de prison avec  sursis et des amendes allant jusqu’à 500 000 Francs. Le délibéré sera rendu le 29 novembre.

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