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Un agresseur sexuel sous l’emprise de sa victime

© Florent Collet / Radio 1

Un homme de 34 ans a été condamné à 2 ans de prison avec sursis pour un viol requalifié en atteinte sexuelle et séquestration de sa compagne en février 2017 à Bora Bora. Pour autant, c’est la victime, E.B., absente à l’audience, qui a en partie monopolisé les débats : elle exploitait son agresseur, ne lui accordant de faveurs sexuelles qu’en échange du travail fourni dans son magasin.

« Ce n’est pas ça une relation conjugale, monsieur, c’est de l’esclavage. Vous valez mieux que cela, vous êtes un homme libre. » Ce conseil réconfortant et motivant de fin d’audience prononcé par la présidente du tribunal n’est pas destiné à M.A, la victime, mais bien à R.T., le prévenu qui vient d’être condamné. Ce dernier a reconnu les faits et les regrette, il a même payé une amende imposée par sa victime à hauteur de 1 million. « Il m’a déjà versé 450 000 francs donc ça va je lui pardonne », a expliqué aux gendarmes celle qui, à l’époque avait l’ambition de devenir « la femme la plus riche de Bora Bora dans les 5 prochaines années. » Pour y parvenir, elle n’a pas hésité à jouer des sentiments de R.T. pour le faire travailler, à bon compte, dans sa boutique.

Leur relation avait déjà démarré sur des bases peu communes. Lors de la Fête des mères 2016, ivre, R.T. s’introduit chez M.A.. Il n’en repartira pas. M.A. est convaincue par les arguments de R.T. « il m’a dit qu’il était travailleur et qu’il allait amener de l’argent. » R.T. dévoile peu à peu sa jalousie et ne supporte pas de voir les ex de M.A. lui tourner autour. C’est pour cette raison qu’une première bagarre éclate entre les deux le 23 février 2017 où monsieur essaie d’étrangler madame. M.A va alors trouver refuge pour la nuit chez un ex, avec qui elle avoue avoir un rapport sexuel. Lorsqu’elle retrouve R.T., il s’est déjà mis la corde au cou et s’apprête à se suicider. Appelés en renfort, les gendarmes parviennent à le dissuader. Mais M.A est décidée, elle veut se séparer et demande à R.T. de vider la maison de ses affaires, tandis qu’elle reste à l’extérieur. Trouvant le temps long, elle entre dans la maison et aussitôt R.T. court vers elle, l’agrippe par le bras pour l’attirer dans la chambre, l’étrangle pour l’empêcher de crier et de partir, avec l’intention d’avoir un rapport sexuel. Traumatisée par les violences de la veille, celle-ci s’y refuse. Le huis clos va durer plusieurs heures. La mère de R.T. est appelée en renfort pour tenter de mettre fin à la situation, en vain. Selon la victime, R.T. refuse de la laisser sortir tant qu’ils n’ont pas eu de rapport. Elle indique lui avoir répété à plusieurs reprises « si tu me touches, ce sera du viol, tu iras en prison. » Pour autant, il lui arrache son pantalon, sa culotte et la pénètre. « Cela m’a rappelé les viols subis dans mon enfance de la part de mon oncle et de mon beau-père. Je l’ai supplié, j’avais les larmes aux yeux », a-t-elle expliqué en confrontation. R.T. indique n’avoir compris qu’à ce moment là qu’elle n’était pas d’accord. « Ce n’était pas un viol parce que je l’aimais et c’était ma concubine », a-t-il expliqué aux gendarmes tout en admettant être en tort.

Une relation de couple très particulière

Les juges s’intéressent ensuite à la relation particulière du couple. R.T. n’a jamais eu d’autre partenaire que M.A. et se contente de la règle édictée par cette dernière « Si je le mérite, je peux avoir un rapport avec elle toutes les deux semaines. » Elle admet ne pas avoir de sentiment, « mais être prête à tout, à se sacrifier car c’est un bon travailleur. » Pour autant lui n’en démord pas, il veut la retrouver car elle l’a aidé en lui fournissant du travail et ne s’offusque pas de dormir dans la voiture, quand elle dort à l’intérieur.

Le procureur met en avant ce contexte tout à fait particulier  : « ils se font plus de plus de mal l’un l’autre que du bien. » Il requiert 4 ans de prison dont 3 ans avec sursis.

L’avocat de R.T., Me Hellec, souligne l’emprise de M.A. au point d’avoir parfois douté de la sincérité de son client lorsqu’il reconnait son viol.

« Elle le compare à un enfant de maternelle, elle sait qu’elle peut profiter de lui. C’est de l’esclavage moderne », a ainsi défendu l’avocat du prévenu en demandant de tenir compte du contexte, tout en reconnaissant que les faits étaient sérieux et qu’une aide du SPIP l’aiderait à se réinsérer et à trouver du travail. Il sera entendu par les juges, les premiers conseils conjugaux lui étant dispensés par la présidente du tribunal.

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