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Un beau-père incestueux féru de Freud

Un homme était jugé ce mardi pour agression sexuelle incestueuse sur une mineure de moins de 15 ans. Il a été condamné à quatre ans de prison dont un avec sursis, assortis d’une inscription au fichier des délinquants sexuels et d’un mandat de dépôt. 

Jean était présent à la barre ce mardi car il était poursuivi pour agression sexuelle incestueuse sur une mineure de moins de 15 ans. Douze, plus précisément, à l’époque des faits qui se sont déroulés alors que Jean en totalisait 47. Les faits, c’est lui-même qui les a dénoncés à la gendarmerie. Peut-être pas de son plein gré, mais plutôt pour anticiper ce qui lui pendait au nez, tôt ou tard.

C’est au cours d’une dispute avec sa mère que la jeune fille a raconté ce que son beau-père lui faisait. « J’ai dit à maman que Jean a fait des trucs avec moi, des trucs que les grands font et ma maman l’a giflé », raconte-t-elle aux gendarmes qui l’auditionnent.  Jean se rend alors à la gendarmerie.

« J’ai du toucher un point sensible qui a déclenché chez elle un appétit sexuel »

Il admet s’être livré à des attouchements sur la gamine, à deux reprises. La première fois, suite à un entrainement de taekwondo, la petite s’est plainte de douleurs. « Je suis allé la voir dans sa chambre et je l’ai massée. J’ai du toucher un point sensible qui a déclenché chez elle un appétit sexuel. J’ai peut-être touché sa poupoune », confie-t-il aux gendarmes.

La deuxième fois, sa concubine étant absente, il se rend dans la chambre de l’enfant. « Je l’ai prise dans mes bras, et elle s’est blottie contre moi. Elle a enlevé son short et sa culotte et elle m’a dit, ‘fais-moi l’amour mais ne me fais pas un bébé.’ Je suis monté sur elle, mais je ne l’ai pas pénétrée. Je lui ai juste dit que je n’étais pas son vrai père et que je pouvais tomber amoureux d’elle. Elle ne m’a pas repoussé et j’ai juste mis le doigt dans son sexe, et elle a eu mal. Je me suis allongé sur elle, mais je me suis senti mal et je suis parti.»

Il a fait une troisième tentative, « mais elle n’a pas voulu. » Un examen gynécologique confirmera que la petite n’a pas subi de pénétration, sans toutefois exclure une pénétration digitale.

Un égocentrique manipulateur 

Quant à son profil psychologique, l’expert a noté dans son rapport que Jean « n’a aucune empathie envers la victime. Il souffre de trouble de la personnalité, d’angoisse. Il est égocentrique, manipulateur et minimise ses actes en les imputant à sa victime en déclarant qu’elle était consentante. » Outre le fait qu’il n’éprouve pas de remords, « il veut qu’elle se souvienne de ces relations comme un acte pur et non de débauche. »

À la barre, Jean apparaît comme quelqu’un de doux. Il s’exprime d’un ton monocorde, bras croisés, avec un air désolé qu’il ne quittera pas tout au long des débats. Mais son regard le trahit. Ses yeux passent rapidement d’un interlocuteur à un autre, cherchant un éventuel éclair de compréhension dans le regard des magistrats. S’il se plait à dire qu’il a lu Freud, qui évoquait l’hypothèse d’une pulsion sexuelle présente chez l’enfant dès les premiers âges, il reconnait toutefois ne pas avoir tout compris. « Je ne parle pas aussi bien le français que vous, dit-il aux magistrats, mais j’attache beaucoup d’importance à l’éducation, d’ailleurs la petite était la meilleure élève de son collège. »

« Je ne savais plus où j’en étais dans ma vie »

« Pourquoi vous vous êtes livré à des attouchements sur l’enfant ? » lui demande le juge. « J’étais attiré par elle. Je ne savais plus où j’en étais dans ma vie professionnelle et je suis tombé dedans. » « Vous pensez que cette jeune fille était attirée par vous ? » « En tous cas, elle n’avait pas peur, elle était d’accord. »

Prenant la balle au bond le juge lui demande pourquoi il ne l’a pas pénétrée « si elle était d’accord ? », « Je ne pouvais pas. Je sais les conséquences que cela a sur toute une vie. C’est une famille qui va tomber. » Voyant à la tête du juge que son argumentation tombe à plat, il l’interroge: « Est-ce que le fait d’avoir été victime de ce type d’agissement pourrait expliquer ma réaction et avoir des répercussions sur moi ? » « Oui, peut-être, pourquoi ? » « Le frère de mon papa m’a monté dessus quand j’avais cinq ans. Je n’en ai jamais parlé », « Cela vous a marqué ? » « Non. »

 « Vous avez pitié d’elle et vous touchez à la chair de sa chair ? »

Puis vient le tour de l’avocat des parties civiles, et celui-ci a vite perdu patience quand l’accusé se lançait dans des explications fumeuses pour expliquer son passage à l’acte. « Vous aimiez la mère de cet enfant ? » et le prévenu de reparler de lui et de ses problèmes, comme la plupart des pervers narcissiques qui défilent à la barre. L’avocat s’énerve, bondissant hors du box : « Répondez-moi, oui ou non ? » « J’avais pitié d’elle » « Vous avez pitié d’elle et vous touchez à la chair de sa chair ? ». Puis s’adressant au juge, « vous avez essayé de comprendre la psychologie de l’accusé, mais on la connaît. C’est un entourloupeur ! (…) la victime attend une sanction à hauteur de ce qu’elle a enduré. » Puis pointant du doigt Jean, « vous avez détruit sa vie ! » En conséquence il réclame un million de dommages-intérêts.

Quatre ans de requis avec un an de sursis

Pour le procureur de la République, qui fait remarquer que la première agression sur l’enfant coïncide avec la date d’anniversaire de Jean, « je ne suis pas psychologue, mais un simple procureur, mais avouez que cette coïncidence est étonnante ». Jean utilise les mêmes ressorts habituels des prédateurs, estime le procureur :  « Ne le dis à personne, on pourrait nous gronder, ce qui fait naître chez les victimes un sentiment de culpabilité ». Pour lui, il n’y a aucun doute sur la matérialité des faits et « compte tenu de la gravité de ceux-ci, je demande quatre ans de prison dont un de sursis avec interdiction de rentrer en contact avec la victime, de se livrer à une activité en contact avec des mineurs, son inscription au fichier des délinquants sexuels et un mandat de dépôt. » 

« C’est tout de même lui qui a appelé les gendarmes, et ce n’est pas courant.»

Pour la défense, c’est un combat perdu d’avance. À peine arrivera-t-elle à réduire la peine que réclame le procureur. Son avocate le sait et tente de jouer sur le fait qu’il s’est dénoncé de lui-même à la gendarmerie. Et Jean la regarde et boit ses paroles comme si la délivrance ou la réponse à ses questions sur son passage à l’acte allait jaillir de sa plaidoirie. « On reproche tout à mon client, ses discours embrouillés etc… Mais est-ce calculé ? Je ne crois pas. C’est tout de même lui qui a appelé les gendarmes, et ce n’est pas courant.» Elle poursuit : « Il ne minimise pas son implication, il sent qu’il y a quelque chose qui cloche chez lui. Il recherche ce qui ne va pas, et c’est là qu’il s’embrouille. Il est en demande de soins…. Est-ce que vous pensez que trois ans de prison vont le soigner ?» Elle demande une sanction assortie d’un sursis et une peine aménageable.

Une demande qui ne trouvera pas écho puisque le tribunal a tranché dans le sens du procureur. Jean est donc reparti encadré par une escorte et aura trois ans pour trouver des réponses à ses questions.

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