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Un chantier « titanesque » pour récupérer les archives polynésiennes conservées en Europe

Le dépôt des archives nationales d’Outre-mer, ouvert en 1966 à Aix-en-Provence. ©D.R.

Les archives nationales d’Aix-en Provence conservent de nombreux documents sur l’histoire polynésienne qui ne sont aujourd’hui accessibles qu’en se rendant sur place. Interrogé par courrier par Éliane Tevahitua, le ministère de la Culture a indiqué qu’une mission avait été lancée pour obtenir leur recensement et leur numérisation. Le travail concerne aussi les archives de la London Missionary Society (LMS).

À l’occasion de la célébration de l’arrivée des premiers missionnaires chrétiens au fenua, ce 5 mars, Éliane Tevahitua a rendu publique un échange de lettre avec Heremoana Maamaatuaiahutapu. La représentante Tavini avait saisi, en janvier, le ministre de la Culture sur la question des archives polynésienne conservées en Europe. Elle fait notamment référence au fonds « Océanie » des Archives nationales d’outre-mer (Anom) situées à Aix-en-Provence. Un fond qui rassemble des documents officiels datant de la période coloniale, ou des correspondances d’époque décrivant la vie politique ou sociale du fenua entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle. « Des documents d’une richesse patrimoniale et historique considérable » comme l’écrit l’élue indépendantiste, mais qui ne sont aujourd’hui accessibles qu’en se rendant sur place, « à 20 000 kilomètres de notre fenua ».

« Reconstruction identitaire » et « réappropriation historique »

Dans une seconde missive, Éliane Tevahitua pointe cette fois vers les archives de la London Missionary Society, très active dans l’évangélisation du Pacifique. Ses premiers missionnaires protestants, entrèrent, à bord du Duff, en baie de Matavai le 5 mars 1797 et rencontrèrent, deux jours plus tard, et il y a 224 ans aujourd’hui, le jeune roi Pomare II. Détenue par l’Université de Londres, ces archives, qui couvrent plus d’un siècle et demi d’histoire polynésienne ont elles-mêmes une « valeur patrimoniale inestimable » pour le fenua. L’élue, qui siège aussi au sein du conseil d’administration du Musée de Tahiti et des îles, interroge donc le ministre sur les actions lancées pour obtenir des copies ou une numérisation desdites archives. De quoi aider la Polynésie à se « reconstruire identitairement et à se réapproprier son histoire », explique-t-elle.

La cession d’un terrain du district de Matavai aux missionnaires arrivés le 5 mars 1797 à bord du Duff. Le tableau, commandé par la LMS à Francesco Bartolozzi, serait une reproduction d’une gravure de Robert Smirk et est conservé à la Bibliothèque nationale d’Australie. ©D.R.

Du côté du ministère de la Culture, on explique en retour que des travaux ont déjà été lancés sur cette question. « Je partage tout comme vous l’idée de la nécessité de centraliser la documentation historique de la Polynésie Française au dépôt des archives de Tipaerui et de faciliter ainsi l’accès aux ressources documentaires utiles à la recherche historique » écrit Heremoana Maamaatuaiahutapu qui connait bien les Anom d’Aix-En-Provence pour y avoir lui-même mené des recherches à plusieurs reprises. Le service du patrimoine archivistique et audiovisuel du Pays, le SPAA, a ainsi été chargé de solliciter auprès la direction française du patrimoine, une « cartographie » des archives polynésiennes conservées en métropole ». Ainsi que d’étudier la possibilité « d’en obtenir une copie numérique ».

L’État et l’église protestante saisies sur la question

À entendre le ministre, qui sait qu’une partie du fonds Océanie est mal répertorié et pas nécessairement dans un bon état de conservation, ce chantier est « titanesque » et soumis aux « arbitrages parisiens » et aux moyens alloués à la numérisation au niveau national. Pour autant, le Pays espère pouvoir mener une mission à Aix-en-Provence au deuxième semestre et mettre en ligne certain document dès le premier semestre 2022. Quant aux archives de la LMS conservées à Londres, les investigations sont lancées sur la nature, le type, et la disponibilité des documents qui pourraient interesser les Polynésiens. Le ministère de la Culture compte sur le soutien de l’Église protestante Maohi pour faire avancer le dossier.

 

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