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« Un retour à la vie »: le premier Noël d'une église irakienne après l'occupation jihadiste

Bartalla (Irak) (AFP) – Des chrétiens d’Irak ont rempli samedi, à la veille de Noël, les bancs d’une église aux murs noircis par le feu à Bartalla pour assister à la première cérémonie religieuse dans cette ville proche de Mossoul depuis sa libération après deux ans de joug jihadiste.

A l’été 2014, lors de leur avancée fulgurante sur la plaine de Ninive, la région du nord de l’Irak dont Mossoul est la capitale, les jihadistes ont détruit les crucifix de l’église Mar Shimoni avant de mettre le feu au bâtiment.

Les combattants de l’EI ont placé les chrétiens, majoritaires dans la ville, devant un choix: la conversion, le paiement d’une lourde taxe ou la mort.

Dans leur immense majorité, les habitants de Bartalla ont alors pris la fuite.

Mais après plus de deux ans d’occupation, la ville a été reprise à la faveur de l’offensive lancée le 17 octobre par l’armée irakienne pour déloger l’EI de Mossoul. Dans la deuxième ville d’Irak, distante de seulement 15 km de Bartalla, la campagne de l’armée se poursuit mais butte contre la résistance acharnée des jihadistes.

Alors pour Nada Yaqoub, une fidèle de l’église Mar Shimoni, cet office de Noël a des allures de renaissance.

« Je ne saurais décrire notre joie. C’est un peu comme revenir à la vie », explique-t-elle. « Nous avons toujours senti nos crucifix autour du cou. Personne ne peut nous les arracher. »

Mais les dégâts que les jihadistes ont infligés à Bartalla sont encore bien visibles. Des éclats de crucifix, noirs de suie, jonchent le sol de l’église Mar Shimoni et ses alentours. A l’entrée, une statue a été décapitée.

Avant Noël, des volontaires ont partiellement rénové l’église syriaque orthodoxe, un nouveau crucifix a été dressé et un arbre surmonté d’une étoile et décoré de boules aux couleurs festives accueille les fidèles. 

– ‘Si Dieu le veut, je reviendrai’ –

Le père Yaqoub Saadi veut voir dans cette célébration de Noël le début d’une nouvelle étape. « Notre message est que nous restons dans ce pays où sont nos racines et nos origines », dit-il à l’AFP.

Dans l’église, l’encens emplit l’air de son odeur âcre tandis que l’office mêle l’arabe à l’araméen, la langue du quotidien pour les chrétiens de la région.

Les fidèles sont arrivés en autocars d’Erbil, la capitale de la région autonome du Kurdistan irakien où ils sont réfugiés.

Pendant le service, les forces de sécurité sont déployées autour de l’église de Bartalla dont nombre de bâtiments sont encore éventrés et où les graffitis à la gloire de l’EI pullulent.

« Mes sentiments sont les mêmes que tous les habitants de Bartalla. Ce jour, nous l’avons attendu, nous l’avons attendu longtemps », soupire Matti Hanna, pour qui les jihadistes ne sont rien d’autres que des « criminels ».

Un haut gradé des forces d’élite du contre-terrorisme irakien ainsi que Nowfal al-Aqoub, le gouverneur de Ninive, sont également présents. Assis au fond de l’église, sans leurs habituels armes et équipements de protection, un groupe de soldats américains assiste sagement à l’office.

De nombreuses villes chrétiennes ont été reprises à l’EI autour de Mossoul, mais les forces de sécurité doivent encore les déminer. Et pour que les habitants viennent repeupler leurs terres, les autorités doivent encore dégager les gravats, rétablir l’eau et l’électricité.

Pour Nada Yaqoub, le retour est une évidence, même si sa maison a été détruite. « Si Dieu le veut, je reviendrai », espère-t-elle.

Des forces de sécurité irakiennes devant une église où des chrétiens s'apprêtent à assister à un office à Bartalla, près de Mossoul, le 24 décembre 2016 . © AFP

© AFP SAFIN HAMED
Des forces de sécurité irakiennes devant une église où des chrétiens s’apprêtent à assister à un office à Bartalla, près de Mossoul, le 24 décembre 2016

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