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Apprentissage et protection de l’emploi local : les explications de Virginie Bruant

©CP/ Radio1

Virginie Bruant, ministre du Travail, des Solidarités et de la formation, était l’invitée de la rédaction de Radio1 ce mardi. Elle a fait le point sur l’ambitieux dispositif de l’apprentissage présenté lundi, et sur la progression de la protection de l’emploi local.

La ministre du Travail Virginie Bruant a présenté lundi l’apprentissage nouvelle formule, et les premiers apprentis, près d’un an après avoir pris son poste. À se demander pourquoi on ne l’a pas fait plus tôt : « Je suis là depuis février 2022, on a commencé les travaux en mars, je ne pouvais pas commencer avant, je n’étais pas ministre, répond-elle, mais non, aucun lien direct avec les élections. »

Un dispositif qui doit satisfaire à la fois les jeunes (16-29 ans) en quête de formation et d’expérience, et les employeurs qui peinent à trouver des salariés qualifiés. C’est le Pays qui pilote la « carte des formations » qui seront mises en place, grâce aux prévisions de l’observatoire de l’emploi.  Comme pour les autres mesures d’aide à l’emploi, « tout commence par une inscription au Sefi » qui orientera les postulants, mais, souligne la ministre, ils devront prendre contact eux-mêmes avec ces entreprises.

L’apprenti 2.0 n’est pas forcément un manuel

Le terme d’apprentissage s’applique aujourd’hui à toutes sortes de métiers, pas seulement les métiers manuels, car ce sont les échanges avec les employeurs qui sont déterminants. Les premiers bénéficiaires se destinent au métier de réceptionniste d’hôtel, et les prochains efforts vont porter sur des métiers tels qu’auditeur comptable ou développeur informatique.

Une expérimentation sur trois ans

La ministre du Travail se donne trois ans – c’est la durée maximale de l’apprentissage en entreprise – pour vérifier la pertinence de l’opération. Il faudra non seulement atteindre l’objectif de 1 000 apprentis par an, mais aussi un taux d’insertion important, d’au moins 70%.

L’apprentissage va prendre une place de plus en plus importante parmi les mesures d’aide à l’emploi. Pour preuve, le budget annuel qui lui sera consacré est quasiment multiplié par 10 cette année. Car les apprentis auront un CDD, payé à 100% par le Pays la première année, puis à 90% et 80% les deux années suivantes ; c’est aussi le Pays qui prendra en charge l’essentiel des cotisations patronales. Un coût total d’un milliard par an en vitesse de croisière.

Ça ne s’arrête pas là ; les apprentis pourront bénéficier d’autres aides – gratuité des transports en commun, prise en charge des frais de garderie et, pour les plus méritants, une aide au permis de conduire de 100 000 Francs à l’issue de l’apprentissage. « On a voulu lever tous les freins », dit Virginie Bruant, qui dit aussi qu’il peut y avoir des dérogations à l’âge limite.

Quant à la taxe d’apprentissage, qui représente plus de 300 millions de francs de recettes annuelles, elle  servira en partie à la formation des maîtres d’apprentissage qui prendront en charge les apprentis dans leur entreprise, « parce qu’on peut être un très bon technicien mais pas forcément un très bon pédagogue », dit Virginie Bruant.

Aucun CAE entre le 1er janvier et le 30 avril, assure la ministre

La ministre du Travail a présenté aux partenaires sociaux, il y a quelques jours, les autres mesures d’aide à l’emploi. Les CAE, accusés de servir d’outil électoral, c’est fini, affirme-t-elle : « Il n’y a pas de CAE entre le 1er janvier et le 30 avril 2023, donc ça c’est dit. » En revanche ils vont être modernisés, avec une composante « formation » plus importante.

153 métiers protégés depuis le 1er février

Autre cheval de bataille du gouvernement, la loi sur la protection de l’emploi local. Depuis le 1er février, le nombre de métiers réservés à des personnes qui ont plus de 3, 5 ou 10 ans de résidence au fenua est passé à 153. Si le Sefi n’a pas dans ses demandeurs d’emploi le profil recherché, il délivre une « attestation de carence », autorisant ainsi l’employeur à recruter quelqu’un en dehors du fenua ou un nouvel arrivant. Mais contrairement aux craintes, les employeurs jouent le jeu : « L’idée ce n’est pas de bloquer le marché, insiste Virginie Bruant, on protège le marché, on ne le bloque pas. Depuis octobre 2022, on a eu 480 offres d’emploi protégées déposées au Sefi, et on a délivré 145 attestations de carence.»

Mais la ministre du travail prévient : si le Pays s’est montré compréhensif dans les premiers mois, la cellule de contrôle existe, et « elle ira sur le terrain pour s’assurer que tout est bien fait. »

 

 

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