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À 81 ans, Jon Sanders s’apprête à boucler son 11e tour du monde à la voile

Jon Sanders ne sait pas encore combien de temps il restera à la marina Taina. Mais après près de 10 mois de voyage, ralenti par la crise sanitaire, son objectif est de rallier l’Australie rapidement. ©C.R.

Petit bateau, mais grand navigateur, à la marina Taina. Arrivé cette semaine à Tahiti, l’Australien Jon Sanders prépare, à 81 ans, le dernier tronçon de son tour du monde en solitaire. Un record de plus pour un navigateur hors du commun, qui a dû affronter les caprices de la mer, mais aussi ceux de la pandémie de covid-19 pendant cette traversée.

« Je vais à Fremantle. Ça n’est plus très loin ». Sur le pont du Perie Banou II, son monocoque de 34 pieds (10,3 mètres), Jon Sanders discute avec le sourire, mais préfère les réponses directes aux longues histoires, parfois si chères aux vieux marins. « C’est peut-être parce que j’ai pris l’habitude de parler à la radio », rigole-t-il. Fremantle, port qui borde la ville de Perth en Australie occidentale, n’est effectivement plus très loin : un peu plus de 6 000 miles nautiques de navigation, soit un peu moins de 10 000 kilomètres. Un détail dans l’impressionnant journal de bord du marin, qui s’apprête à boucler un tour du monde en solitaire à 81 ans.

Record du plus long voyage en mer en solitaire et sans assistance

Un record de plus, donc, dans les voiles de cette « légende de la mer » australienne, qui a pourtant vécu une première vie très terrienne en tant que professionnel de la tonte des moutons. La mer l’a pris au début des années 70. Après des nombreux cabotages entre les deux côtes de l’île-continent, il entreprend un premier tour du monde en 1976 sur son premier 36 pieds. Et ne s’est plus jamais arrêté de tourner. En 1982, il est le premier à faire le tour de l’Antarctique en solitaire, lors d’un double circumnavigation sans assistance. En 1988, il repart, avec plus de 3 tonnes de vivres à bord, pour un triple tour du monde. Après 71 023 miles et 658 jours de mer, il signe le record de la plus longue distance parcourue par un marin en solitaire et sans escale. Un peu fou, l’Australien ? « Si je ne l’étais pas, ça serait plus simple », rigole-t-il. Un peu antisocial, alors ? « C’est surtout que mon bateau est un peu trop petit pour embarquer du monde », répond-il simplement. Quant à savoir quelle distance il a parcouru en mer en un demi-siècle de voile, il avoue ne pas garder les comptes. « J’ai tendance à répondre en mois et en jours plutôt qu’en milles ».

Jon Sanders à l’arrivée de son triple tour du monde, à Fremantle, en 1988. ©WAustralian

Le covid « a rendu les choses beaucoup plus difficiles »

Tahiti, Jon connait « plutôt bien ». « J’y suis passé pas mal de fois, et je me suis parfois arrêté quelques temps, ici ou à Bora Bora. Ce sont des îles magnifiques », commente-t-il. Comme dans d’autres escales autour du monde, Jon reconnait quelques navires, parfois quelques visages. « Il y a souvent quelqu’un que tu as déjà croisé », explique-t-il. Utile, quand on affronte la mer pendant plusieurs semaines d’affilée. Après une traversée de l’Océan Indien compliquée – « une mer démontée et des vents à 110km/h », rapporte-t-il sur son blog – et le passage du Cap de Bonne Espérance, le navigateur solitaire avait prévu une escale à Saint-Martin, aux Caraïbes, pour faire des réparations électriques. Confinement oblige, il devra y rester trois mois. « Ça m’a laissé du temps pour réparer, pour refaire les vernis du bateau et heureusement que je connaissais du monde sur place pour m’aider », explique-t-il. L’octogénaire n’a pu prendre la direction de Panama qu’en juillet. Tahiti était alors « un des seuls endroits ouverts » et surtout épargné par le virus. Jusqu’à la flambée épidémique du mois d’août. Tans pis pour Jon Sanders : « Ça n’a pas vraiment d’intérêt que je me confine ici, autant rentrer à la maison ».

Ce 11e tour du monde sera-t-il le dernier pour l’Australien ? « Il y a 10 ans, les autorités m’avaient dit que je ne pouvait pas repartir parce que j’étais trop vieux, se souvient-il. Depuis, je crois que j’ai fait trois autres tours ». Pour autant, le navigateur, dont la progression et la santé sont suivis à distance par une équipe à Perth ne se voit pas repartir pour un tour après ce voyage. « Mais je sais quelque chose : il ne faut jamais dire jamais ».

Jon Sanders devra encore, après avoir traversé le Pacifique occidental, caboter le long de la côte Sud de l’Australie. « Au Nord, on arrive à la saison des cyclones », explique-t-il. Mais il espère tout de même arriver avant Noël à Fremantle. Minderoo, la fondation qui parraine son périple, a mis en place une page pour pouvoir le suivre au jour le jour.

Le Perie Banou II lors de son départ de Fremantle en novembre. ©D.R.

 

A la recherche du microplastique au milieu de l’océan

Sur la coque de Perie Banou II, aux éclatantes couleurs rouge et jaune, le logo de Minderoo. Une fondation philantropique australienne, qui a choisi de sponsoriser Jon Sanders pour sa 11e circumnavigation. L’idée est à la fois d’informer sur l’accumulation du plastique dans les océans, et de participer à la recherche sur le sujet. Depuis le début de son voyage, Jon prélève chaque jour des échantillons d’eau qu’il transmet à des chercheurs de l’université de Curtin, à Perth, à chaque étape. « Ils cherchent les traces de microplastique, et font des analyses ADN », explique-t-il. Objectif : étudier la nature et la quantité de ces résidus. « On a l’habitude de prendre des échantillons assez près des côtes, là où il y a beaucoup de pollution, rappelle l’Australien. Moi, j’ai tendance à traverser des espaces très isolés, c’est intéressant de savoir ce qu’il s’y passe ».

 

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