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Aérien : le Pays prépare une délégation de service public pour la desserte de 34 îles

Le Conseil des ministres a approuvé, ce mercredi, un projet de délibération ouvrant la voie à une délégation de service public pour la desserte de 34 îles du fenua. Un premier pas pour appliquer l’accord trouvé, le 1er juillet, entre le Pays et Air Tahiti, qui a déjà abouti à la reprise des vols dans tout le réseau domestique, y compris sur les lignes déficitaires.

Quatre ans d’attente. C’est ce qu’il a fallu pour que le gouvernement étudie la délibération d’application de la loi du Pays du 25 février 2016. Une loi qui devait fixer un nouveau cadre aux transports interinsulaires. Elle évoquait explicitement la possibilité de délégation de service public pour les liaisons ne pouvant pas s’effectuer dans un « cadre concurrentiel » normal. C’est notamment le cas des vols vers les plus petites îles du fenua, qu’Air Tahiti dessert à perte depuis des années.

Si l’exécutif n’était pas particulièrement pressé de passer à l’action – et donc de sortir le chéquier – c’est que la compagnie privée n’avait, jusqu’au début de cette année, pas de difficultés à assurer ce service public déguisé. Air Tahiti, largement bénéficiaire en 2018 et 2019, appliquait une « péréquation interne » : les résultats engrangés sur les liaisons vers Bora, Raiatea ou Rangiroa finançaient les pertes accumulées à chaque vente de billet vers Takume, Puka Puka ou Ua Huka. Malgré les protestations et les recours de la compagnie, ce système, peu transparent et inadapté à l’ouverture du ciel à la concurrence, paraissait, jusqu’au début de cette année, convenir aux autorités.

Jusqu’à 34 « aérodromes de désenclavement » dans la DSP

Comme partout, la crise du Covid-19 a tout changé. Air Tahiti, privé comme d’autres des précieuses recettes touristiques, affirmait à la fin du confinement « n’être pas en mesure financièrement » de reprendre l’exploitation de 27 de ses 46 destinations, qui risquait donc de rester isolées. Après un bras de fer avec le gouvernement – et un éclat de voix « minutieusement programmé » par Jean-Christophe Bouissou – un accord avait été signé le 1er juillet. Air Tahiti a depuis rempli ses engagements en suspendant son plan de licenciement et en reprenant toutes ses dessertes, avec des fréquences moindres que dans l’avant-crise. Le Pays, qui devrait verser une subvention de 450 millions de francs à la compagnie en fin d’année, a commencé, avec ce texte, à tenir les siens.

Le projet  présenté aujourd’hui « vient moderniser le schéma d’organisation de la desserte aérienne interinsulaire » et « appliquer l’ouverture du ciel en définissant les critères classant les aérodromes en desserte de libre concurrence et ceux soumis à une obligation de service publique (OSP) » lit-on dans le compte-rendu du conseil des ministres du jour. 12 aérodromes en « libre concurrence », 34 « aérodromes de désenclavement dans le cadre d’une obligation de service public ».

34 aérodromes dont la desserte pourront donc faire l’objet d’une « concession exclusive après une procédure d’appel d’offres en délégation de service public ». Le Pays s’est engagé à mettre en place cette DSP d’ici à 2021. Et bien sûr à la compenser financièrement : un fonds de continuité du trafic aérien doit lui aussi être mis en place d’ici l’année prochaine. Comment sera-t-il financé ? Début juillet Édouard Fritch préférait réserver sa réponse au prochain débat budgétaire. L’idée d’une taxe sur les billets d’avions – une autre forme de péréquation – a plusieurs fois été évoquée par le passé.

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