ACTUS LOCALESJUSTICE Déchirés par l’indivision, un oncle et son neveu finissent en prison Waldemar de Laage 2025-01-16 16 Jan 2025 Waldemar de Laage © Radio 1 Si d’ordinaire les affaires d’indivision et d’héritage se débattent surtout au tribunal foncier, le cas d’un oncle et son neveu a animé le tribunal correctionnel jeudi après-midi. Contraints de cohabiter comme voisins mitoyens à Mahina, tous deux se détestent au point de s’être battus à coup de couteaux, de pierres et d’outils. Ils cohabiteront désormais en prison. Entre une petite affaire d’ice, un dossier de conduite sans permis et un cas de violences à l’arme blanche, le tribunal correctionnel se penchait ce jeudi sur l’histoire d’un oncle et son neveu, déchirés par leur cohabitation. Tous deux sont en détention provisoire depuis deux jours lorsqu’ils comparaissent à la barre. Le plus âgé doit se justifier pour des menaces de mort et des violences avec arme, le second pour violences également, et outrage à une personne dépositaire de l’autorité publique. Si ces deux-là n’ont, de prime abord, pas grand chose en commun, ils partagent une haine viscérale que chacun voue à l’autre, une mauvaise réputation dans leur quartier de Mahina, et surtout leur habitation. Le plus jeune, ancien cuisinier fraîchement reconverti, y habite depuis des années. En 2021, il avait vu débarquer son aîné, venu des Tuamotu, s’installer dans la maison dont il est également propriétaire. Chacun s’installe de son côté, l’oncle et le neveu deviennent voisins mitoyens. Mais rapidement, la cohabitation tourne au cauchemar. Insultes régulières, menaces… Face au juge, chacun accuse l’autre de lui rendre la vie impossible. Le plus jeune jure avoir alerté les forces de l’ordre à plusieurs reprises, le second rétorque que son neveu terrorise tout le quartier et assure vouloir vivre tranquillement. Il explique d’ailleurs avoir, par le passé, quitté le bien quelques temps, avant de s’y installer à nouveau. La dispute de trop, à propos des enfants Le 12 janvier, une énième dispute éclate entre les deux hommes. L’oncle, qui vit avec sa fille de 12 ans, la suspecte de fumer du paka, sous l’influence de son petit-neveu, le fils de son voisin. Les reproches fusent, le ton monte et les deux hommes en viennent aux mains. Dans la salle d’audience, les juges tentent de démêler le vrai du faux. Chacun accuse l’autre d’avoir commencé et minimise sa part de responsabilité. D’après des témoins, le plus âgé a rapidement sorti un couteau. « Il est connu pour en avoir toujours un sur lui », lance l’avocate du plus jeune. Le mis en cause reconnaît s’être saisi d’une arme, mais pour se défendre après avoir, dit-il, reçu une pierre et des coups de rateau. Les témoignages évoquent des échanges de coups : l’oncle aurait tenté de poignarder son neveu au visage, lequel est parvenu à écarter le coup avec son bras, récoltant une cicatrice au passage. Le plus jeune aurait ensuite lancé des pierres et un serre-joint sur son oncle. Qui a commencé ? Chacun y va de ses arguments pour faire valoir sa version : « le problème ici, c’est que tout le monde dit la vérité et accuse l’autre de mentir », répond le président d’un air las. Soucieux d’attendrir les juges, le plus jeune, plus éloquent, tente de faire valoir sa reconversion professionelle, qui lui a récemment valu les honneurs d’un magazine. Problème, il est en récidive, et s’ajoutent à son dossier des outrages sur un mutoi venu apaiser la situation. Son oncle, lui, assure au tribunal qu’il était prêt à renoncer à la maison. « Je m’en vais, mais arrêtez de m’attaquer, me menacer et m’insulter », déclare-t-il à son neveu et aux proches de ce dernier, avant de « supplier » le président de ne pas le renvoyer derrière les barreaux. Un plaidoyer qui n’a pas convaincu les juges. Sans parvenir à demêler le vrai du faux, mais en jugeant que les violences avec armes étaient bel et bien caractérisées, ils ont condamné les deux hommes à la même peine : six mois ferme avec maintien en détention. Le plus jeune restera plus longtemps à Nuutania, puisqu’un précédent sursis de cinq mois a été révoqué. Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)