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[EXCLUSIF] Marins vietnamiens: l’interprète témoigne

Esclaves des temps modernes, ces deux marins font partie des quatre à avoir fui leur bateau à la nage. © Cédric VALAX

Esclaves des temps modernes, ces deux marins font partie des quatre à avoir fui leur bateau à la nage. © Cédric VALAX

Jeudi matin, quatre marins vietnamiens embarqués sur le palangrier taïwanais « Hsieh Ta » se sont jetés à la mer au large de Papeete.

Un geste désespéré pour fuir des conditions de vie à la limite de l’imaginable.

« Ils ne savaient pas nager ». Esclaves des temps modernes, ils ont préféré braver la mort plutôt que de continuer à subir leur sort. Nous avons rencontré leur interprète. Jean-Pierre Lebrun parle le vietnamien. Il a été contacté dans le cadre de leur audition par la Police aux frontières et son témoignage est édifiant. Il revient pour nous sur ce qui a poussé ces quatre pêcheurs vietnamiens à déserter  leur bateau « prison ».

Un danger permanent. Mais en dehors de ce cas précis, d’autres marins asiatiques fuient régulièrement leur embarquement profitant d’une escale pour se faire la belle. Jean-Pierre Lebrun est déjà intervenu à plusieurs reprises et malheureusement les histoires se ressemblent toutes. En plus de ces conditions inhumaines, leur « vie » de pêcheur n’est qu’une succession de dangers. Sans formation certains rescapés porteront les stigmates de leurs mésaventures toute leur vie.

Mauvais traitements, brimades, violences. Ils ont échappé et surtout survécu au pire. Le rêve d’aventures et de fortune s’est transformé en cauchemar. Le retour au pays ne sera pas facile mais quand continuer dans ces conditions est synonyme de mort, la question ne se pose plus.

La cathédrale comme refuge. Autre témoin de ces drames humains, le vicaire de la cathédrale de Papeete. Le père Christophe a déjà recueilli plusieurs de ces marins désespérés. Lui aussi témoigne de ce qui se joue dans les eaux internationales et se termine parfois sous le porche de son église.

Les autorités impuissantes? Alors comment lutter contre cet esclavagisme des temps modernes? Les bateaux battent pavillon étranger et naviguent en générale dans les eaux internationales. Si les autorités semblent impuissantes elles devront nécessairement se pencher sur la question, à minima pour les bateaux faisant escale à Papeete.

Placés sous la surveillance de la Police aux frontières, les quatre marins vietnamiens sont logés dans de bonnes conditions. Ils devraient quitter la Polynésie française dimanche matin pour un retour vers leur pays d’origine.

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4 Commentaires

  1. Teiva Hoki
    10 août 2013 à 8h57 — Répondre

    C’est un peu, mais à moindre mesure, ce qui se fait avec les greffeurs chinois dans les iles… Ils sont utilisés comme des esclaves bien qu’ils soient payé au SMIG (ce qui pour eux, est quand même beaucoup) mais, ils sont utilisés au delà des heures légales de travail, ce qui fait que les greffeurs polynésiens ne pourront jamais être de véritable concurrent… Même si les polynésiens sont meilleurs greffeurs… Les perliculteurs préfèrent avoir des esclaves qui font exploser le nombre de perles de mauvaises qualités sur le marché au détriment de nos greffeurs locaux bien meilleurs…

  2. guitou
    10 août 2013 à 9h37 — Répondre

    qui paie l’ avion de retour ?

  3. Jeremi
    10 août 2013 à 16h56 — Répondre

    Bravo pour le voyeurisme des journalistes : les marins ont dû être harcelés par la presse écrite, parlée et télévisuelle.
    Bravo pour l’interprète qui reçoit des confidences et va vite s’étendre dans la presse : il faut savoir dire non afin de garder la dignité de ces pauvres gens car les déclarations de l’interprète et compagnie ne changeront rien : à chaque arrivée d’un bateau chinois, il y a beaucoup de monde qui touche : le port, l’agence maritime, les taxes…
    Laissons les tranquilles, ils ont besoin de repos et on ne doit pas les montrer comme des bêtes bizarres

  4. Brice NEHAM
    11 août 2013 à 7h54 — Répondre

    Qui paye l’avion de retour? Pour moi la question ne se pose même pas ! Il y va de l’honneur de l’Etat et du Pays de faire preuve d’un minimum de compassion et de solidarité lorsque des événements aussi dramatiques ont lieu sur notre territoire ou dans nos eaux. Quand des gens qui ne savent pas nager sont poussés à des actes aussi désespérés, le bateau d’où ils se sont échappés aurait dû être arraisonné, ne serait-ce que pour inspection et la mises en conformité avec nos lois, s’ils veulent naviguer dans nos eaux. Ce qui me choque, c’est que cette question ai surgir dans l’esprit de quelqu’un… Si on nous disait où s’adresser, je suis sûr que Polynésiens et résidents apporteraient vêtements et équipements à ces pauvres hères, dont la pauvreté ne doit rien à la paresse. Brice NEHAM.

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