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« Feti’i e fenua », premiers résultats de l’enquête de l’ISPF

Eva Lelièvre, directrice de recherche à l’Institut national d’études démographiques, et Celio Sierra-Paycha, maître de conférences à Paris I ©CP/Radio1©CP/Radio1

L’ISPF a présenté ce matin les premiers résultats d’une enquête sur la famille et le logement en Polynésie, réalisée en partenariat avec l’Institut national des études démographiques (Ined). Elle doit permettre aux décideurs du Pays de mieux cerner les besoins actuels et surtout futurs de la population en termes d’aménagement du territoire.

Intitulée « Feti’i e fenua », l’enquête a interrogé plus de 5 000 adultes de 40 à 59 ans, dans 31 îles, avec des questions portant aussi sur leurs parents et leurs enfants. Sous-titrée « Étude sur la famille, son territoire et les relations familiales à distance en Polynésie française », elle apporte ainsi des informations sur trois générations.

56% des familles s’étendent en dehors de la Polynésie

L’étude met en relief la dispersion géographique des familles polynésiennes. Très peu de familles sont entièrement localisées sur un seul archipel, mais 80% d’entre elles ont un pied dans les îles de la Société, et plus de 56% des familles ont des membres résidant en dehors de la Polynésie, que ce soit pour travailler ou pour étudier, comme l’expliquent Eva Lelièvre, directrice de recherche à l’INED, et Celio Sierra-Paycha de l’Université Paris I.

Cette implantation à l’étranger se fait d’abord dans le monde océanien : 32% des Polynésiens basés en dehors du fenua sont dans le monde océanien (NZ, Australie, Vanuatu, Samoa, Hawaii et Chili). Vient ensuite l’Amérique du Nord (26%) et l’Europe (23%).

Les raisons d’émigrer varient selon les territoires : la Nouvelle-Calédonie attire pour ses emplois peu qualifiés, mais le nickel n’apparaît plus comme un secteur important. Ceux qui vont en métropole le font, à 65%, pour le travail – en majorité dans l’armée – et à 26% pour les études. Enfin ceux qui vont dans des pays étrangers sont à 46% des travailleurs « plutôt qualifiés » et à 42% des étudiants. Ces destinations étrangères sont réservées aux classes les plus privilégiées, et ce sont les parents restés ici qui envoient de l’argent à leurs enfants plus souvent qu’ils n’en reçoivent des enfants partis. L’expérience migratoire des parents est importante : ceux qui ont vécu en dehors du fenua sont plus susceptibles de voir leurs enfants partir à leur tour.

Les personnes âgées, moins isolées qu’en métropole

Parmi les spécificités visibles en Polynésie, la proximité encore étroite entre les personnes enquêtées, qui ont entre 40 et 59 ans et sont issus de grandes fratries, et leurs parents. Près des deux tiers ont un contact quotidien ou hebdomadaire avec leurs parents âgés. 17% des personnes interrogées cohabitent avec leurs parents, contre 7% en métropole. Mais les familles se réduisent – le taux de fécondité en Polynésie est decendu à 1,7 enfant par femme – et il faut se préoccuper des futurs seniors qui seront moins en capacité de finir leurs jours en famille.

Les enfants fa’a’amu

16% des personne enquêtées sont des enfants fa’a’amu. À 91%, c’est à la famille, plus souvent la famille maternelle, que les enfants sont confiés. Et le plus souvent, on les confie à une femme ou un couple qui ne peut pas avoir d’enfants. L’enquête montre une proximité affective et une solidarité économique aussi fortes, que l’enfant soit biologique ou fa’a’amu.

Enfin, 72% des enfants confiés sont encore en contact avec leurs parents biologiques.

Logement et propriété : 95% en maison individuelle

L’enquête s’est également intéressée au logement. 95% des sondés habitent des maisons individuelles, 20% dans un fare OPH. Partout sauf aux îles du Vent, plus de 70% de ces logements ont été auto-construits par les familles. 67% des ménages sont propriétaires de leur logement, mais pas nécessairement du terrain : à 46%, ces terrains sont en indivision. C’est ainsi que les voisins proches sont souvent des membres de la famille, pour 40% des ménages, et souvent de la même génération. Près de la moitié de ces Polynésiens adultes déclarent posséder d’autres biens immobiliers, terrains cultivés ou pas, ou habitations, des biens qui sont, à 71%, possédés en indivision.

 

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