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Frédéric Dock : « La seule sortie par le haut, c’est la croissance économique »

Frédéric Dock était l’Invité de la rédaction de Radio1 ce mardi. Le président du Medef est revenu sur le refus, du report de la TVA sociale, des inquiétudes provoquées par l’inflation et sur l’état de la protection sociale généralisée. Aucun doute pour le représentant patronal : pour sauver le système il faut faciliter les embauches et investir massivement dans des projets structurants.

Invité lundi, avec les autres partenaires sociaux, à discuter de la Contribution pour la Solidarité au gouvernement, le Medef s’était opposé au report de la Contribution pour la solidarité, toujours prévue pour une mise en application au 1er avril. « Ca serait reculer pour mieux sauter », explique Frédéric Dock qui, sur le plateau de Radio1, a rappelé que le Medef demandait depuis longtemps un transfert d’une partie du financement de la protection sociale généralisée depuis les cotisations – qui doivent théoriquement baisser après la réforme – vers la fiscalité. « Les trois quarts environ du budget de la protection sociale généralisée est porté par les entreprises et les salariés, pointe-t-il. Par un phénomène de non croissance de l’emploi, la masse salariale ne peut plus porter l’ensemble des cotisations. Donc il faut trouver un autre modèle ». Et élargir l’assiette de financement de la PSG :

L’organisation patronale militait donc de longue date pour une « TVA sociale », mais « on a toujours été contre une taxe sur le chiffre d’affaires », précise-t-il. Car si le terme de TVA sociale est resté attaché à la réforme, la décision du gouvernement de rendre cette taxe non-déductible – dans l’espoir qu’elle soit « en partie absorbée » par les différents échelons de la chaine économique, explique Frédéric Dock, mais surtout pour pouvoir présenter un taux moins élevé au public – l’a dévoyé. Ce système va « venir perturber les règles économiques » confirme-t-il. Le sujet a été discuté, en amont du vote de décembre, notamment. Et pas question aujourd’hui de s’opposer à cet outil qui doit renflouer un système de santé en péril : « les choix politiques ont été faits, on va l’appliquer, tout simplement ».

Inflation « auto-réalisatrice »

Ce qui ne veut pas dire que le Medef ne partage pas les inquiétudes de certains syndicats – et, plus récemment, du gouvernement – sur l’inflation. Car pour vendre, « il faut avoir des clients qui sont capables de payer ». « Arrive un moment où on arrive à un seuil d’acceptabilité du marché, à un moment le consommateur ne consomme plus, reprend le représentant patronal. Qu’est ce qui se passe alors ? Pertes de chiffre d’affaires et derrière, récession ». Comme il l’avait déjà dit à la veille de la grève du 17 mars, Frédéric Dock craint aussi que les entreprises soient prises en étau entre l’augmentation de leurs coûts (matières premières, électricité, transport…) et les demandes d’augmentation de salaires liées à l’inflation.

Les entreprises, pourtant, sont elles aussi pointées du doigt dans ce débat sur l’inflation. Notamment par Yvonnick Raffin qui a dénoncé en début de semaine les « abus » de certains commerçants qui gonflent leur prix par anticipation pour « préserver leur marge » dans cette inflation. Mais quand le ministre des Finances parle contrôles et sanctions, Frédéric Dock, lui parle « d’inflation auto-réalisatrice », observable dans tous les pays… Et de bonne gestion :

Alors que le Pays a déjà évoqué des mesures plus larges de contrôles de prix ou de marge, le patron du Medef appelle, au passage, à préserver le principe du libre marché : « L’alternative, c’est une économie dirigée, c’est Mao Zedong ou l’URSS ».

« Y’a pas assez de mecs qui bossent »

En attendant la mise en place des nouvelles instances de gestion et de réflexion sur la protection sociale généralisée, et la tenue des Assises de la Santé, toujours pas datées par le gouvernement, Frédéric Dock appelle aussi à « se poser les bonnes questions » sur la situation des comptes sociaux. Plus que du côté des dépenses, sur lesquelles des efforts sont « bien sûr » à faire, mais dont l’augmentation est  « mécanique », le chef d’entreprise, regarde du côté du taux d’emploi. « 185 000 personnes en âge de travailler, 98 000 personnes en activité, et seulement 65 000 salariés » détaille-t-il. « À un moment donné, quand vous avez si peu de gens qui travaillent, faire porter l’ensemble du système sur le salaire et les entreprises, ça devient économiquement impossible« .

Le chômage est bien sûr un sujet, mais avec « environ 10 000 personnes qui se disent disponibles pour travailler et en recherche d’emploi », ça ne serait pas « le fond du problème ». Pour Frédéric Dock le problème est « avant tout économique » : il faut pour le patron du Medef faciliter les embauches – notamment avec des baisses de cotisations qui sont prévues par le gouvernement, mais ni datées, ni chiffrées – et travailler au développement économique. « On n’en parle pas assez, assène-t-il. Le PIB est par habitant en Polynésie la moitié de celui de la métropole, très loin de celui de la Calédonie et de beaucoup de pays de la zone ». Aucun doute quel que soit le mode de financement de la PSG, « la seule sortie par le haut, c’est la croissance économique ». Le patron de Cégélec et représentant du groupe Vinci, encourage donc, plus que jamais à « équiper le pays », avancer dans la transition énergétique, baisser la dépendance aux importations, d’hydrocarbures notamment… Et surtout relancer les grands projets :

La première partie de l’interview est à retrouver en vidéo :

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