ACTUS LOCALESSANTÉSOCIAL

Grève générale : la protection sociale fait traîner les négociations

À cinq jours de la grève générale illimitée annoncée par préavis, les syndicats signataires et le gouvernement ont ajourné leur discussion sans signer de protocole, ce vendredi après-midi. Plus que la vaccination obligatoire ou la hausse des salaires, c’est pour l’instant sur la gouvernance de la CPS, et plus généralement la réforme de la protection sociale généralisée, que les discussions achoppent.

Tout le monde n’a pas eu la même appréciation de la séance de négociation qui a eu lieu à la présidence, ce vendredi après-midi. « Le ministre est en train de nous faire tourner en bourrique », lance Cyril Le Gayic, de la CSIP, sorti en premier après une heure et demi de réunion. Une réunion centrée principalement sur le projet de loi sur la réforme de la gouvernance de la protection sociale généralisée, qui réorganise profondément le fonctionnement de la CPS, et qui a été présenté – « sans consultation » dénoncent les syndicats – par Yvonnick Raffin. « On a déjà exposé hier tous nos points de désaccord et là il faut qu’on les répète parce qu’ils n’ont pas compris, c’est du foutage de gueule », reprend le syndicaliste qui assure n’être pas en « rupture » avec le reste de l’intersyndicale, mais prévient « s’ils restent dedans, ils cautionnent ». Avant de conclure : « Moi s’il faut faire péter mercredi, j’ai pas besoin des autres ».

Incompréhension et méfiance sur la CPS

Les autres représentants des salariés ne sortiront finalement de la salle de négociations qu’une quinzaine de minutes plus tard. Mais pas en claquant la porte. « Il y a des moments où ça a été tendu, mais depuis qu’il (Cyril Le Gayic, ndr) est parti, le gouvernement nous a mieux compris », ironise Patrick Galenon. À l’entendre, l’incompréhension est pourtant bien là sur le texte de réforme de la CPS, entre les représentant des salariés et le Pays. Les premiers insistent pour sécuriser le financement de la protection sociale – en faisant payer à la collectivité, et non plus aux cotisations, les dépenses liées à la « solidarité » – avant d’envisager toute réorganisation de sa gouvernance. Et si c’était le cas, cette réorganisation coince sur de nombreux paramètres, des équilibres au sein du conseil d’administration de la CPS à l’âge maximum des administrateurs envisagé dans le texte, 65 ans.

Le ministre des Finances, de l’Économie et de la PSG l’a toutefois répété: il est prêt à faire évoluer le texte, notamment sur la présidence du conseil d’administration – réservée, dans le projet, à un représentant du gouvernement – et se montre « à l’écoute » sur la question du nombre de sièges dans les instances de la CPS – qui passe selon le projet d’une soixantaine à seulement 15, dont 5 pour les salariés. Une façon de conserver le paritarisme, clé de voûte de la protection sociale depuis ses débuts au fenua. Mais Yvonnick Raffin, qui était il y a peu encore directeur de la CPS, continue en revanche de prôner un changement profond dans l’organisation de la protection sociale : une mutualisation rapide des instances du RGS, RNS, et RSPF dans un conseil d’administration unique, puis au moyen terme la disparition de ces régimes. Objectif : aboutir, entre 2023 et 2024, et après un travail consultatif mené par un « comité stratégique » à un régime de « protection sociale universelle » qui intégrera les différentes branches (maladie, vieillesse, handicap, prestations familiales). « Un point à éclaircir », pointe Patrick Galenon. Parmi les autres représentants on se montre encore plus réservé, voire méfiant, sur cette piste de réforme : pas question de « laisser au gouvernement la gestion de nos cotisations », résume un syndicaliste.

Optimisme du gouvernement

« Nous achoppons toujours sur la protection sociale généralisée, mais juste sur un paramètre, la gouvernance » explique quant à lui Yvonnick Raffin. D’après lui, les autres sujets relatifs à la PSG ou les autres points du cahier de revendications ne « posent pas vraiment problème ». Le financement de la solidarité ? La TVA sociale doit être présentée à l’assemblée et doit être « fléchée à 100% pour la protection sociale généralisée ». L’obligation vaccinale ? « Le président s’est exprimé là-dessus hier » et « des annonces seront faites ». La hausse des salaires et la revalorisation du SMIG ? « C’est plus une discussion entre le patronat et les salariés, nous on s’ajustera de toutes les façons ». « On n’est pas très loin » d’un accord, « c’est juste une question d’ajustement, de curseur », assure-t-il. Une première version de protocole d’accord doit d’ailleurs être envoyée aux syndicat dès ce soir. Parmi les représentants des salaréis tout le monde ne partage pas cet optimisme : « on a parlé de tous les points, mais on est pas allé au fond, il va falloir revenir sur beaucoup de choses », explique une représentante. La réunion de ce samedi, qui doit commencer à 10 heures, pourrait ne pas être la dernière.

Article précedent

Transfert au Pays du RCS : fin de mission pour les experts métropolitains

Article suivant

Le squash polynésien se relance et vise les Jeux 2027

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

Grève générale : la protection sociale fait traîner les négociations