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Grève générale : pas de protocole signé, les syndicats mobilisés

Malgré des discussions avec le patronat dans l’après-midi et avec le gouvernement jusque tard dans la nuit, l’intersyndicale rassemblant les cinq grandes centrales du pays se mobilise bien, à partir de ce mardi, pour une grève générale et illimitée. S’ajoute, ce même 7 mars, le mouvement des fonctionnaires d’État qui engendre une fermeture de la plupart des établissements scolaires sur la journée.

Lire aussi : Grève générale du 7 mars : début des discussions

« Ça s’est très bien passé ». La phrase est revenue plusieurs fois ce lundi au sortir des négociations sur la grève générale de mardi. Le marathon des rencontres a commencé à la CPS, en fin de matinée face à la CPME. « Ça s’est bien passé parce qu’il n’y avait pas de grandes nouveautés dans les sujets soulevés par le préavis, explique Maxime Antoine-Michard, le vice-président de la confédération patronale. Certains sont en cours de discussion tripartite dans le cadre du dialogue social, d’autres ont été mis en œuvre, par exemple avec l’emploi local et son comité technique qui permet d’échanger, ce sont des sujets dont on est déjà en train de discuter avec les syndicats ». Le responsable le rappelle, c’est vers le gouvernement que sont tournées l’essentiel des revendications. Un gouvernement qui, regrette-t-il, n’a pas pris la peine, sur ce préavis, comme sur les hausses de salaires de la fin d’année dernière, de réunir lui-même les patrons sur des sujets « où les entreprises sont les premières concernées ».

Même son de cloche du côté du Medef, qui a reçu les syndicats en début d’après-midi. Discussion « constructive » et courtoise pour des sujet « déjà connus ». Celui qui retient le plus l’attention est probablement celui des salaires. Les organisations le martèlent : le Smig a évolué pour coller à l’inflation, mais le reste des grilles ont eu des mouvements beaucoup plus limités. Voire n’ont pas bougé. D’où l’interpellation sur les négociations annuelles, notamment du côté de l’industrie. Au Medef, on rappelle que la prime pouvoir d’achat, mise en place tardivement par le gouvernement, était justement là pour « compenser » ponctuellement cette inflation. Et on assure que les attentes des grandes centrales seront « prises en compte » lors du prochain cycle de négociation.

Quant à la modernisation du Code du travail l’organisation renvoie la balle au gouvernement qui selon elle doit toujours rendre public le diagnostic de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (ANACT). Une agence qualifiée d’ « extérieure », « objective » et « indépendante » venue en mission à la fin de l’année dernière pour évaluer la qualité du dialogue social et les conditions de travail en Polynésie.

Retraite, salaire et financement des syndicats

La clé du conflit est donc du côté de l’exécutif, et plus précisément du côté du ministère de l’économie et des Finances où avaient été une première fois « balayés » les 14 points du préavis vendredi. C’est là qu’ont repris les négociations ce lundi en fin d’après-midi. Il a fallu attendre minuit et demi pour que les syndicats et le gouvernement se quittent la table…. Sans accord. « Beaucoup de points ont avancé », expliquait-on côté salariés plus tôt dans la soirée. Mais plusieurs points sont restés bloquants :

  • la revalorisation des salaires face à l’inflation. Les syndicats demandent à minima que la prime pouvoir d’achat défiscalisée et exonérée votée tardivement l’année dernière par le Pays fasse l’objet d’un « montant plancher ». Le gouvernement n’est pas contre faire évoluer le dispositif qui doit rester en vigueur jusqu’à la fin de l’année, mais demande à consulter les organisations patronales avant tout changement.
  • les conditions d’accès à la retraite. En 2019, le nombre d’années de cotisation et l’âge minimum étaient devenues des conditions cumulatives pour toucher une pension de la CPS. L’Intersyndicale veut revenir en arrière sur ce point, en retransformant le « et » en « ou » dans les textes. Le gouvernement renvoie sur le comité stratégique de la PSU, qui se réunit vendredi.
    – le déplafonnement des primes d’ancienneté, une revendication ancienne. Aujourd’hui, ces primes ajoutent 1% de salaire par année d’ancienneté jusqu’à 25 ans d’entreprise. Les syndicat veulent repousser cette limite à 38% et s’attaquent aussi au niveau de la majoration. Malgré des engagements pris en 2019, le gouvernement n’a, sur ce point, pas de chiffrage sur l’impact d’une réforme.
  • le financement des organisations syndicales. Les représentants demandent de caler le système de financement polynésien sur celui de la Nouvelle-Calédonie. Et donc de faire passer le niveau de financement des organisation de 19 millions à 98 millions de francs par an. « Pas pour nous payer, pour pouvoir mieux accompagner les salariés », insiste une syndicaliste. Mais d’après Virginie Bruant, le gouvernement a conditionné toute évolution à la fourniture de justificatifs sur l’utilisation de ces fonds publics, et l’Intersyndicale « n’en fournit pas ». La proximité des élections serait aussi un problème pour faire passer ce genre de réforme.

Bref, les engagements du Pays n’ont pas suffi. La grève aura bien lieu ce mardi, et aucune discussion n’est pour l’instant programmée avec le gouvernement.

Écoles fermées dans tout le pays

L’autre mobilisation du jour, c’est celle des fonctionnaires d’État. C’est la sixième journée d’action contre la réforme nationale des retraites et les militants locaux (UNSA, Solidaires, FSU, Snetaa – FO, CGT…) veulent continuer à se faire entendre, notamment au travers de leurs sympathisants dans l’éducation. Ils avaient appelé, ce weekend à faire « fermer les écoles » pour dénoncer la retraite à 64 ans. Mission apparemment réussie : de Bora à Faa’a en passant par Papeete ou la presqu’île, la plupart des maternelles et primaires sont soient fermés, soient ouvertes pour l’accueil des élèves, mais sans aucun cours dans la journée ce mardi. De grosses perturbations sont aussi à prévoir dans les collèges et lycées. Le cortège des fonctionnaires d’État partira à 9h30 de l’école To’ata vers le Haut-commissariat où un sit-in sera organisé. Les grandes centrales locales devraient elles-aussi se retrouver sur l’avenue Pouvana.

 

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