ACTUS LOCALESJUSTICESPORTS Irrégularités en cascade et fermeture temporaire pour le Tetamanu Diving Center de Fakarava Charlie Réné 2024-03-05 05 Mar 2024 Charlie Réné La ministre des Sports Nahema Temarii a fait fermer pour un mois le centre de plongée dirigé par Sané Richmond et attaché à la pension Tetamanu, sur la passe Sud de Fakarava. Un contrôle administratif a révélé de « graves manquements » à la règlementation : palanquées trop importantes, plongées trop fréquentes, matériel de sécurité non révisé, et surtout défaut de qualification de certains « directeurs de plongée », dont le patron lui-même, âgé de plus de 80 ans. La fermeture doit permettre au club de « remédier » à ces irrégularités. C’est un contrôle administratif salé qu’a subi, le 11 janvier dernier, le Tetamanu Diving Center. Installé au cœur de la pension Tetamanu Village, ce centre de plongée bénéficie d’un accès direct à la passe Tumakohua prisée par les pratiquants du monde entier pour sa faune exceptionnelle et son « mur de requins » gris maintes fois filmé et photographié. Une localisation idéale, et très isolée, au sud de Fakarava. Raison pour laquelle, peut-être, les inspecteurs de la Direction de la jeunesse et des sports ont relevé tant d’écart avec la règlementation très stricte qui encadre l’activité. Dans les déclarations de plongées de l’établissement, tenues avec une « négligence manifeste » d’après le rapport, ils identifient plusieurs palanquées dont le nombre de plongeurs dépasse la limite légale – sept au lieu de cinq. Limite dépassée, aussi, sur le nombre de plongées d’un même moniteur : l’historique de son ordinateur de poignet montre qu’il a plongé jusqu’à cinq fois par jour à plus de 20 mètres alors que la limite est de trois. Les inspecteurs constatent aussi que des plongée dérivantes dans cette passe à forts courants ont été effectuées sans présence en surface – ou en tout cas pas de façon permanente – d’un surveillant à bord d’un navire, comme l’exige la loi. « Aucun registre d’entretien du matériel de secours n’a pu être présenté », complète le rapport qui parle aussi de médicaments et d’un masque d’oxygénothérapie périmé, et de manodétendeurs de soin non révisés. « Faire cesser le danger » Mais c’est aussi l’organisation même du centre qui est pointée du doigt par les inspecteurs. Plusieurs palanquées, ces derniers mois, ont été placées sous l’autorité de Sané Richmond, patron de la pension et personnalité de l’île où il est connu comme « un des plus anciens plongeurs de Polynésie ». À plus de 80 ans, « Papa Sané » n’est pourtant à ce jour « titulaire d’aucun diplôme professionnel » adapté à cette fonction de direction, note le ministère des Sports, destinataire du rapport. Un manquement qui lui avait déjà été rappelé, par un courrier de la DJS et du ministère, après un contrôle administratif en 2018, puis un autre début 2023. Un autre moniteur du centre, diplômé pour l’encadrement des plongeurs, est lui aussi inscrit occasionnellement, en tant que directeur, là encore sans avoir la qualification requise. Il s’agit avant tout, semble-t-il, d’un problème d’effectifs : le contrôle du 11 janvier a permis de constater que l’établissement propose des plongées sept jours sur sept « sous la responsabilité d’une seule personne occupant les fonctions de directeur de plongée et de guide de palanquée ». Une organisation qui « n’est pas de nature à laisser à cette personne le bénéfice d’un repos hebdomadaire conformément à la réglementation du code du travail ». Ni à « assurer de manière optimale la sécurité physique ou morale des pratiquants », insiste le ministère qui, après plusieurs rappels à la loi, passe aux actes. L’arrêté, signé par Nahema Temarii le 23 février, ordonne la fermeture du centre pour une durée d’un mois. « Cette mesure est de nature à faire cesser le danger et à permettre à l’exploitant de l’établissement Tetamanu Diving Center de remédier aux graves manquements constatés », précise le texte. À noter que Sané Richmond n’en est pas à ces premiers démêlés avec les autorités pour son club de plongée. En mai 2022, il était condamné en première instance pour « mise en danger de la vie d’autrui » pour avoir installé illégalement dans la passe Sud une bouée qui avait provoqué trois ans plus tôt l’échouage d’un navire sur le récif. Comme l’écrivait alors Tahiti Infos, le gérant, qui ne s’était pas déplacé à l’audience, avait écopé d’un an de prison ferme, de cinq ans d’interdiction d’exercer et un million de francs d’amende, et sa société avait été condamnée à payer une amende de dix millions de francs. Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)