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Jeux Olympiques : « ce qui ressemble à l’Antiquité est une réinvention »

Nés dans la Grèce Antique, relancés officiellement en 1896 par Pierre de Coubertin, les Jeux Olympiques n’ont cessé d’évoluer. Et d’après Gerbert Bouyssou, spécialiste de l’Histoire ancienne à l’UPF, qui anime ce mardi une conférence sur le sujet, il reste peu de choses aujourd’hui des premières Olympiades, si ce n’est la gloire des champions. 

Gerbert Bouyssou est maître de conférences en Histoire ancienne à l’Université de la Polynésie française. Il a fait sa thèse sur l’Antiquité grecque, où sont nés les premiers Jeux. Des Olympiades dont il reste peu de choses aujourd’hui. Le maître de conférences rappelle que « ce qui ressemble à l’Antiquité dans les Jeux est en fait une réinvention. Le lien avec Olympie tel qu’il existe aujourd’hui avec l’allumage de la flamme olympique, est un bricolage. Et en plus un bricolage de 1936 lié à la manipulation des idées des jeux. C’est paradoxal que cette image de l’allumage de la flamme que l’on croit parfois ancestrale qui a été en réalité inventé en 1936 avec une vague connotation antique soit cette épreuve qui rattache les jeux modernes au concours olympiques de l’Antiquité. »

Déjà des « pros » et déjà des critiques

Pour autant il reste certains éléments comme la professionnalisation des sportifs qui a démarré dès le 5e siècle avant JC ou la critique d’une pratique trop intense du sport. « Dans l’Antiquité les champions sont adulés. Les athlètes bénéficient des honneurs à Olympie, dans leur cité d’origine. Ils sont couronnés, ils disposent aussi des récompenses matérielles.  Certains deviennent des professionnels du sport, ce sont des athlètes qui sont de véritables vedettes. Par contre dès l’Antiquité, il y a déjà un discours de dénigrement du sport en tous les cas chez certains savants. Il y a une critique très vive de la pratique trop intensive du sport, vue comme une fabrique d’imbéciles au détriment de l’idéal grec du philosophe. »

Dans l’Antiquité, des concours sportifs étaient nombreux en Grèce, pas moins de 500 dans tout le pays. Les évènements étaient prévus tous les 4 ans. L’objectif ? rendre hommage aux Dieux. Il n’était donc pas question à l’époque, comme cela peut se faire aujourd’hui, de se disputer les lieux de leur organisation. À Olympie, les hommes offraient leurs performances, leurs exploits et victoires à Zeus.

Les Jeux interdits au nom du christianisme

Diverses épreuves avaient lieu : la course autour d’un stade, la course de chevaux et course de char, la lutte, le pancrace (un équivalent du MMA) ; le pugilat (une forme de boxe) et le pentathlon (course, lutte, saut en longueur, lancer de disque, lancer de javelot). Ces concours ont duré jusqu’à leur interdiction par l’empereur romain Theodose en 393 après JC. Il avait fait du christianisme la religion unique et officielle, et s’est débarrassé des cultes païens et autres manifestations considérées comme idolâtres et immorales.

La renaissance des Jeux date officiellement de 1886 par Pierre de Coubertin, mais plusieurs projets de Jeux Olympiques avaient déjà été imaginés quelques années auparavant. Neuf épreuves ont été proposées, pour des athlètes hommes exclusivement, dont le lancer disque (antique), le vélo, le tir, l’escrime ou encore le marathon. Parmi toutes les éditions, depuis, celle de 1936 se démarque. Elle est celle qui a permis aux femmes de pouvoir enfin concourir officiellement. Elle est aussi celle de l’invention du rituel de l’allumage de la flamme à Olympie suivi d’un parcours jusqu’au site d’organisation. Elle est enfin celle qui a servi un discours raciste, celui d’Adolph Hitler, chef du parti nazi.

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