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Justice : « On n’a pas le droit d’attaquer quelqu’un sur ce qu’il est en tant qu’être humain »

Parfois il y a des mots qui dépassent nos pensées, surtout sous le coup de la colère. Si certains écarts de langage peuvent être encore tolérés, d’autres doivent être bannis définitivement de notre vocabulaire : c’est le cas notamment des insultes racistes. Ce matin au tribunal, un homme a été condamné à 60 000 Fcfp d’amende pour « diffamation en raison de l’origine, l’ethnie, la nation ou la race ».

Sabin est le gérant d’une société qui œuvre dans la climatisation et son origine, il la porte sur sa peau. L’un de ses clients, négociant automobile, l’appelle pour lui dire qu’il avait des soucis avec un compresseur et qu’il comptait s’adresser à l’un de ses concurrents pour le réparer. Mais auparavant il aurait besoin de conseils. « Comme tu vas chez un concurrent, t’as qu’a aller te faire f….. » lui rétorque Sabin. Une réponse pas très élégante et encore moins commerciale, mais bon, passe encore. Par contre ce qui passe beaucoup moins et même pas du tout, c’est la réaction du client. Il lui envoie cinq textos sur lesquels on peut lire, « Boudin créole, peau de banane, négro ».  Absent à l’audience de ce jour, le prévenu dans sa déposition a reconnu les faits : « Il m’a raccroché au nez, m’a envoyé balader alors qu’il aurait pu me renseigner. Je reconnais l’avoir insulté, mais j’étais en colère. Je m’excuse pour cela. »

Un mea culpa qui n’a pas atténué le courroux de la procureure : « Il y a des choses que l’on ne peut accepter en société. Que les gens s’invectivent à coup de noms d’oiseaux sur les réseaux sociaux. On reçoit des tonnes de plaintes à ce sujet, et on est obligé de classer sans suite ces procédures là car c’est compliqué, cela engendre énormément de temps d’enquêtes pour juste une contravention de première classe. On ne va pas et ne peut pas mobiliser un service d’enquêtes juste pour cela. » Elle marque un temps et poursuit. « Cependant, lorsque ces propos sont orientés sur l’origine sociale, raciale, l’orientation sexuelle ou religieuse des uns et des autres, cela me touche. On n’a pas le droit d’attaquer quelqu’un sur ce qu’il est en tant qu’être humain. C’est complètement aberrant et cela mérite une réponse pénale quand on arrive à identifier les personnes, comme c’est le cas ce jour. Ces propos sont tellement injurieux que les bras m’en tombent. » Il a été condamné à 60 000 fcfp d’amende et devra verser à Sabin la même somme.

 

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