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Le chantage raté des « Pieds nickelés »

Deux hommes ont écopé respectivement de trois ans et un an de prison ferme pour chantage et vol, ce lundi au tribunal de Papeete. Deux complices ont également été condamnés.

Chantage, extorsion de fonds, pédophilie, etc… La bande-annonce avait de quoi attirer les médias ce lundi au tribunal de Papeete. Mais au lieu de criminels endurcis, on a plutôt eu droit aux malfrats pas malins de  « Maman j’ai raté l’avion ». Toutefois, leur bêtise ne doit pas effacer la gravité des faits. Les trois « Pieds nickelés », comme n’a pas hésité à les surnommer leur avocate, étaient tout de même poursuivis pour vol et chantage.

Le 12 août dernier dans la nuit, deux des inculpés, C.V. et E.A. ainsi que L.T., une jeune femme qui leur servait de chauffeur, avaient dérobé 800 000 Fcfp chez un gérant de photomaton à Hitia’a, absent de son domicile. Le 20 août, la victime reçoit des coups de téléphone, menaçant de le dénoncer comme pédophile et trafiquant de drogue. Les maitres chanteurs réclamaient 500 000 Fcfp.

N’ayant rien à se reprocher, l’homme alerte les gendarmes, d’autant que les malfrats s’étaient rendus devant son domicile, attendant qu’il en sorte pour leur remettre l’argent. Celui-ci s’était alors réfugié chez des voisins qui ont noté les numéros des véhicules utilisés par les maîtres-chanteurs. Ceux-ci ont évidemment été interpellés par les gendarmes.

Voila pour les faits. Maintenant, les protagonistes. C.V., 24 ans, serait le « cerveau » de l’affaire. Rondouillard arborant un t-shirt « Boss » écrit en capitales. Un cerveau pour qui homosexualité rime avec pédophilie.

Ensuite, il y a E.A., le cousin du boss, 26 ans, un peu plus affûté, « bad boy » au regard frondeur et à la moue dédaigneuse. Il y a aussi l’homme de main, E.P.A., 30 ans, ironiquement surnommé «Manu Buchin» du nom d’une grande figure du bodybuilding tahitien. Là où tout le monde attendait Jason Momoa, c’est un gabarit plutôt quelconque qui s’est présenté à la barre. Pour finir, la jeune femme, L.T., âgée de 27 ans, était aussi convoquée,  mais seulement pour avoir servi de conductrice pour le cambriolage.

« On a confondu homosexuel et pédophile »

C.V., le « cerveau », a reconnu être à l’origine du chantage. Il a expliqué qu’un des anciens employés de la victime qui l’a mis sur le coup du cambriolage lui aurait dit que l’homme de Hitia’a « était homosexuel et qu’il faisait venir de la coke des Marquises. Et donc on a inventé cette histoire de photos de pédophiles. On a confondu homosexuel et pédophile. » «Effectivement, explique le juge, pour simplifier, ce n’est pas pareil.»

Avant le chantage raté, un « car jacking » raté…

À la barre, le « cerveau » jette des regards inquiets un peu partout, comme un écolier interrogé qui n’a pas appris sa leçon et qui cherche n’importe quelle diversion pour se sortir de là. Il faut dire qu’outre le chantage, il était aussi jugé pour une tentative de « car jacking » le 12 août. Tentative infructueuse où il a laissé sur le siège de la voiture qu’il convoitait un sac à dos et son téléphone portable. Un véritable vainqueur.

Son cousin E.A. avec qui il a effectué le cambriolage a dit avoir été influencé par son cousin. Quant au chantage, il s’est justifié par le fait que « mon cousin m’a dit que le gars était pédophile. » « Et même si cela était vrai, rétorque le juge, c’est pas mieux d’aller voir les gendarmes  plutôt que de lui soutirer de l’argent ? » Regard vide de l’accusé : « Je regrette… »

E.P.A. alias « Manu Buchin », devait quant à lui se présenter devant le portail de la victime afin que celle-ci lui remette les 500 000 Fcfp. Il a déclaré ne pas savoir pourquoi il devait attendre au portail. Le juge, « On vous demande d’attendre devant un portail et vous ne posez pas de question ? » Le prévenu balbutiant : « Je sais pas ». « Pourquoi vous ont-ils choisi ? » « Parce qu’on est du même quartier et qu’ils savaient que je ne dirais pas non… » . Un peu plus tard il a déclaré que le « cerveau » l’aurait menacé lui et sa famille, fait que le mis en cause a nié. « J’ai jamais menacé ‘Buchin’. C’est son délire. Je lui ai juste dit qu’il y avait une enveloppe à récupérer.»

Le tribunal a condamné C.V. à quatre ans de prison dont un avec sursis, avec mise à l’épreuve pendant deux ans et maintien en détention.

Le cousin, E.A., a écopé de trois ans de prison dont deux avec sursis, avec mise à l’épreuve pendant deux ans et maintien en détention.

E.P.A., l’homme de main, a pour sa part écopé de six mois de prison avec sursis, tout comme la jeune femme qui leur avait servi de chauffeur.

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