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Le Covid aurait engendré une surmortalité de 6 à 7% en 2020

©Bulletin épidémiologique du 13/01/2021

L’ISPF et la direction de la Santé estiment à 98 décès « l’excès de mortalité » engendré par l’épidémie de Covid en 2020, tous sur la période allant de septembre à décembre. Des données brutes qui doivent être confirmées par une réelle étude statistique. 

Depuis plusieurs mois le bureau de veille sanitaire travaille avec l’ISPF pour analyser, beaucoup plus rapidement qu’à l’accoutumée, les chiffres de mortalité en Polynésie. L’idée est avant tout de détecter d’éventuels décès inexpliqués dans le pays, qui pourraient indiquer que tous les cas graves de Covid ne sont pas rapportés aux autorités et pris en charge à l’hôpital. Un doute qui parait être levé pour ce qui est de l’année 2020, expliquait la plateforme Covid dans son bulletin épidémiologique paru le 13 janvier dernier. « Sur la fin de cette année, le taux de mortalité parait supérieur à celui des années précédentes, expliquait cette semaine le Dr Henri-Pierre Mallet. Mais cet excès de cas n’a pas l’air supérieur à ce qui est attendu vu les chiffres de l’épidémie ». « Rassurant », juge l’épidémiologiste : « ça laisse penser qu’il n’y pas eu de décès à domicile dont on ne se serait pas rendu compte, ce qui était notre inquiétude ».

Les premières données de l’institut de la statistique, qui restent « à consolider », indiquent une surmortalité de 98 personnes, par rapport à la moyenne des trois années précédentes. Cohérent, donc, avec la vague épidémique débutée en août au fenua, et qui a fait une première victime le 10 septembre. Jusqu’au 4 janvier, date du premier carré épidémiologique de l’année 2021, 121 décès ont été attribués au Covid. Pourquoi une différence entre ce chiffre et celui de la surmortalité observée ? « Des personnes âgées déjà malades sont décédés à la suite d’une infection au Covid, alors qu’elles allaient décéder naturellement dans l’année », avance le Dr Henri-Pierre Mallet.

À ce « glissement des décès », très difficile à chiffrer, s’ajoute un autre phénomène visible dans la courbe transmise par l’ISPF. La mortalité, entre avril et août a été légèrement inférieure à celle de la moyenne des trois dernières années en 2020. Les conséquences du confinement, des moindres déplacements, des restrictions sanitaires, des gestes barrières ? « C’est difficile à dire, surtout sur des petits volumes, répond l’épidémiologiste. Ça reste une observation préliminaire sur laquelle il faudrait faire des tests statistiques ». Une étude plus poussée, et qui analysera avec précision la variation des causes de mortalité sur l’année, doit être menée par l’ISPF.

9% de surmortalité en métropole

La prudence du Dr Mallet est compréhensible, vu la fluctuation des chiffres de mortalité en Polynésie. Sur les 10 dernières années, les données rendues publiques par l’ISPF ont oscillé entre 1 241 (en 2011) et 1 616 (en 2018) décès annuels au fenua, avec une tendance à l’augmentation. « L’excès de mortalité » de 98 décès en 2020, constaté sur des données brutes, est donc à prendre avec prudence. S’il était confirmé, ce chiffre représenterait une surmortalité de 6,8% par rapport à la moyenne des 10 dernières années et de 6,2% par rapport à celle de 2015 – 2019. Moins que les 9% de surmortalité calculés sur le plan national, et qui correspondent à 53 900 décès de plus en 2020 qu’en 2019. Mais l’épidémie avait tué dès la fin février en métropole, plus de 6 mois avant le premier décès polynésien.

À noter, aussi, que ces chiffres ne tiennent pas compte des décès survenus en 2021. 14 morts ont été attribué au virus en Polynésie depuis le 1er janvier. Si la mortalité due au Covid a eu tendance à ralentir ces dernières semaines au fenua, elle repart en pic dans plusieurs pays du monde, sous l’effet notamment des nouveaux variants du Covid. En moins d’un an, la pandémie a fait plus de 2,1 millions de morts autour de la planète. La mortalité mondiale a dépassé pour la première fois les 90 000 morts par semaine il y a quelques jours.

Nombre de décès hebdomadaires liés au Covid dans le monde. ©Ourworldindata/Université Johns Hopkins 

 

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