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Le gendarme Legrand condamné à 30 ans pour le meurtre d'une étudiante

Douai (AFP) – Vingt-et-un ans après les faits, le gendarme Lylian Legrand a été condamné vendredi à 30 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises du Nord pour le meurtre de l’étudiante Stéphanie Fauviaux en 1995 à Lille.

Lylian Legrand, 45 ans, père de deux enfants et adjudant à la gendarmerie de Nice, a été reconnu coupable du meurtre de cette étudiante de 18 ans. La cour a suivi les réquisitions de l’avocat général, Luc Frémiot.

Il a également été condamné à verser 30.000 euros à chacun des parents de la victime et 15.000 euros à son frère et à sa soeur.

Des applaudissements ont éclaté dans la salle au moment du verdict.

« La satisfaction de mes clients c’est que leur conviction, qui est que Lylian Legrand est coupable du meurtre de leur fille, a emporté celle de la cour d’assises », a réagi l’avocat de la famille de Stéphanie Fauviaux, Me Gildas Brochen, à l’issue du procès. Mais « les nombreuses questions qu’ils se posent restent sans réponse », a-t-il regretté.

Lylian Legrand, grand homme dégarni, vêtu d’un costume, a accueilli le verdict tête baissé, le visage entre les mains. « Je n’ai pas tué Stéphanie, je suis innocent », avait-t-il déclaré avant que la cour ne se retire pour décider de son sort.

Mais, pour l’avocat général, dans ce procès, il n’y avait « pas beaucoup de place pour le doute ».

« Le seul doute que j’ai, c’est de savoir, monsieur, si vous appartenez encore à la communauté des hommes », avait-il lancé à ce militaire de Nice, lors de son réquisitoire décrivant « un homme froid qui nous toise depuis le début de l’audience ». 

« Il s’exprime mal, il n’exprime aucune empathie, c’est vrai », avait concédé son avocat Me Eric Dupond-Moretti. Mais, « c’est effrayant de se faire reprocher des choses que l’on n’a pas commises ».

Le 24 mai 1995, Stéphanie Fauviaux était découverte par la police, étranglée, vêtue d’un peignoir ouvert, dans la baignoire de l’appartement qu’elle partageait avec une amie dans le centre-ville de Lille.

Après 17 ans d’enquête et grâce aux progrès de la science, l’ADN de Lylian Legrand avait été identifié sur le peignoir.

Aux enquêteurs, abandonnant son alibi de départ, il avoue alors une relation sexuelle ce matin-là, expliquant que Stéphanie Fauviaux était morte en tombant. Dans une autre version, il confirme la relation sexuelle, mais assure qu’elle était en vie quand il avait quitté l’appartement.

– « Pas de condamnation au nom du chagrin » –

Revirement au tribunal: il affirme finalement qu’au moment du drame, il faisait des travaux chez ses parents à La Couture (Pas-de-Calais), à quelque 30 km de Lille. La même version qu’en 1995. 

Pour justifier ses précédents aveux, il pointe la « pression des enquêteurs » et une « mauvaise stratégie de défense » mise en place par son avocat de l’époque. 

Réplique de l’avocat général: « Votre thèse ne mérite même pas que je me lève pour vous interroger ».

Selon M. Frémiot, la version est simple: cette affaire « est une tentative de viol qui s’est soldée par un meurtre parce qu’on ne voulait pas que Stéphanie Fauviaux parle ».

« Qu’est-ce qu’on a dans cette affaire? Des aveux rétractés, des ADN sur un peignoir, stop et fin, on a fait le tour du dossier », estime l’avocat de la défense, démontant chacune de ces preuves. 

Hormis les aveux devant les enquêteurs et les traces d’ADN retrouvés sur le peignoir de la victime, un autre élément pèse sur l’accusé: une lettre écrite à sa femme lors de sa garde à vue où il dit ses « regrets ».

Âgé de 23 ans au moment du drame, Lylian Legrand, Nordiste d’origine, appartenait à l’entourage de Stéphanie Fauviaux chez qui il se rendait régulièrement pour voir sa colocataire, soeur de sa future épouse. 

« Pour condamner un homme, il faut des preuves absolues. Ce n’est pas au nom de son chagrin que l’on condamne, condamner un homme au bénéfice du doute parce que les parents cherchent justice est une hérésie », avait affirmé Me Dupond-Moretti, réclamant implicitement l’acquittement de son client.

Eric Dupont Morreti (D), l'avocat du gendarme niçois Lylian Legrands, lors du procès le 10 octobre 2016 à Douai. © AFP

© AFP/Archives DENIS CHARLET
Eric Dupont Morreti (D), l’avocat du gendarme niçois Lylian Legrands, lors du procès le 10 octobre 2016 à Douai

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