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Législatives en Macédoine: pouvoir et opposition crient victoire

Skopje (AFP) – L’incertitude est complète en Macédoine où majorité de droite et opposition de centre gauche ont revendiqué leur victoire aux élections législatives dimanche, scénario peu susceptible de ramener la stabilité dans ce pays en crise depuis deux ans. 

« VMRO-DPMNE est le vainqueur de ces élections en République de Macédoine », a affirmé le patron du parti de droite et homme fort du pays depuis 2006, Nikola Gruevski. « Nous sommes les vainqueurs », l’a contredit son rival social-démocrate, Zoran Zaev, devant des centaines de partisans extatiques réunis devant le siège du gouvernement à Skopje.  

Selon la commission électorale, après le dépouillement des bulletins de la quasi totalité des bureaux de vote (plus de 96%), le VMRO-DMPNE de Nikola Gruevski, au pouvoir depuis 10 ans, dispose d’une infime avance sur le SDSM (social-démocrate), avec 37,46% des voix contre 36,01%.

En terme de sièges, il est difficile de savoir qui va virer en tête, chacun des deux partis pouvant prétendre en emporter 51 ou 52, selon les analystes.  

– Les Albanais au centre du jeu –

Dans tous les cas de figure, pour gouverner, il faudra à l’un comme à l’autre trouver des alliés, notamment parmi les partis représentant la minorité albanaise, qui pèse pour un quart d’une population de 2,2 millions d’habitants. 

Le principal d’entre eux, le Parti démocratique pour l’intégration (DUI) de l’ex-rebelle Ali Ahmeti, se retrouve encore en position de faiseur de roi. Allié des sociaux-démocrates dans la première moitié des années 2000, ce parti gouvernait depuis 2006 avec la droite après avoir changé d’allégeance. 

Après de nombreuses défaites électorales depuis 10 ans, les partisans du SDSM semblaient n’avoir aucun doute sur l’alternance à venir dimanche soir dans les rues de Skopje.

Certains passaient en voiture, klaxons hurlant, d’autres faisaient le V de la victoire, ont constaté des journalistes de l’AFP. « Nikola, tu vas aller en prison », disait un de ces citoyens, allusion aux accusations de corruption visant le patron du VMRO-DPMNE. Aucun incident n’a été relevé.

Depuis deux ans, la Macédoine est paralysée par une profonde crise politique. « J’attends que cette agonie s’achève. Que le vainqueur ramène le calme », commentait dimanche un électeur, Zoran Milevski, 55 ans. 

C’était l’objectif des législatives anticipées de dimanche, fruits d’un accord conclu sous égide de l’Union européenne (UE). 

Ces élections avaient été reportées deux fois, en avril et juin, l’opposition jugeant que les conditions de la tenue d’un scrutin équitable n’étaient pas réunies et reprochant à Nikola Gruevski sa dérive autoritaire, une corruption endémique et des atteintes aux droits fondamentaux.

Le vote s’est finalement déroulé sereinement, sans irrégularités majeures – une rareté en Macédoine où les accusations de fraude électorale accompagnent d’ordinaire chaque scrutin.

– Vote des villes, vote des champs –

Le blocage politique dans ce pays candidat à l’entrée dans l’UE a commencé début 2015, quand Zoran Zaev a rendu publiques des écoutes illégales, diligentées selon lui par Nikola Gruevski, 46 ans.

Ce système d’espionnage a concerné, selon le SDSM, des milliers de personnes, responsables politiques, journalistes, religieux, représentants de la société civile, etc.

Les conversations téléphoniques révélaient également des faits de corruption dans les plus hautes sphères du pouvoir, jusqu’à Nikola Gruevski lui-même. Pour ses adversaires, une défaite serait synonyme de pression de la justice sur lui. 

« Nous allons reprendre tout l’argent qui a été pris aux citoyens! », a promis à ses partisans Zoran Zaev, 42 ans, lui-même aux prises avec la justice dans une affaire de corruption.

Le parti de Nikola Gruevski, qui avait démissionné du poste de Premier ministre au début de l’année pour ouvrir la voie au scrutin, dispose de solides soutiens parmi les fonctionnaires, les retraités et dans les campagnes.

Le SDSM est lui majoritaire dans les villes d’un pays parmi les plus pauvres d’Europe, où le revenu moyen reste inférieur à 400 euros par mois et dont un quart de la population active est au chômage.

Zoran Zaev, leader de l'opposition, salue ses supporters,  le 11 décembre 2016 à Skopje. © AFP

© AFP Robert ATANASOVSKI
Zoran Zaev, leader de l’opposition, salue ses supporters, le 11 décembre 2016 à Skopje

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