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Les demandes de 193 à la ministre des Outre-mer

© Haut-commissariat

Les membres de l’association 193 ont finalement été reçus par la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, samedi matin. L’association a demandé le retrait du seuil d’un milli-sievert pour l’indemnisation dans la loi Morin, le retrait de la mention sur la « contribution » de la Polynésie à la « construction de la capacité de dissuasion nucléaire » dans le projet de toilettage du statut et la mise en place d’une étude sur les maladies trans-générationnelles.

Comme annoncé la veille par la ministre des Outre-mer, les membres de l’association 193 ont finalement été reçus samedi matin pendant une demi-heure par Annick Girardin à la résidence du haut-commissaire à Papeete, juste avant son départ de Tahiti. L’association a porté plusieurs revendications auprès de la ministre.

Premièrement, elle s’oppose à la mention contenue dans le projet de toilettage du statut actuellement examiné par l’Assemblée Nationale : « La République reconnait la contribution de la Polynésie à la construction de la capacité de dissuasion nucléaire et à la défense de la Nation ». Pour 193, il s’agit d’un « nouveau mensonge » avec lequel elle se dit en profond « désaccord ». L’association considère que cette mention rend les Polynésiens « autant responsables que l’Etat de l’ensemble des conséquences sanitaires, sociales, économiques et environnementales », alors qu’ils avaient été trompés sur la prétendue innocuité des essais nucléaires. L’association craint qu’avec cet article du statut « la Polynésie ne pourrait plus demander réparation à la France » et estime qu’il s’agit d’une « réécriture » de l’histoire.

En persistant à mettre en avant cette notion de « contribution » de la Polynésie au nucléaire, l’association dit craindre que le centre de mémoire promis par le gouvernement central ne devienne « un instrument de propagande des essais nucléaires dans ce pays ». Elle demande, comme l’avis du Tapura le préconisait, d’inscrire le principe d’une « réparation juste et totale pour tous les Polynésiens » dans le statut.

Deuxièmement, l’association s’est inquiétée du récent amendement de la sénatrice Lana Tetuanui instaurant un seuil minimum d’exposition de 1 milli-sievert par an pour obtenir une indemnisation avec la Loi Morin. L’association demande le retrait de ce seuil qu’elle considère comme une « injustice grave », expliquant que « personne n’avait d’instrument de mesure » au moment des essais et qu’il sera impossible pour les malades de prouver l’état de leur exposition.

Troisièmement, l’association a réitéré sa demande d’une étude trans-générationnelle. L’association refuse que les indemnisations se limitent à l’année 1998, comme actuellement prévu dans la loi Morin. Une demande d’étude a d’ailleurs été faite auprès du directeur de cabinet du Président de la République, Emmanuel Macron, annonce l’association. Mais sans réponse jusqu’à aujourd’hui. « Notre pire crainte c’est que cette population est condamnée à disparaitre avec le temps », prophétise le président du conseil d’administration de 193, Père Auguste.

A l’issue de la rencontre avec la ministre, le Père Auguste a également attaqué samedi le président, Edouard Fritch, sur ses propos tenus en novembre dernier à l’assemblée. Le président du Pays avait reconnu avoir « menti » sur l’innocuité des essais nucléaires. Il y a donc une « complicité passive » avec l’Etat, selon le président de 193.

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