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Les magistrats font front commun contre le garde des Sceaux

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Estimant, à l’instar de leurs homologues métropolitains, que le nouveau garde des Sceaux Éric Dupont-Moretti malmène « si fort et si vite l’institution judiciaire », les magistrats de Papeete ont marqué, eux aussi, leur désapprobation en se réunissant en haut des marches du palais de justice et en lisant un communiqué commun des deux syndicats.

Selon les magistrats, ce qui justifie cette levée de boucliers, c’est d’une part la nomination de la vice-bâtonnière du barreau de Paris, Me Nathalie Roret, à la tête de l’École nationale de la magistrature, et l’ouverture d’une enquête administrative contre trois magistrats du parquet national financier. Concernant celle-ci, Frédéric Vue, juge d’instruction et représentant de l’Union syndicale des magistrats, précise que les magistrats craignent que cette enquête ne vise qu’à affaiblir le parquet national financier, quelques mois avant un procès qui « verra comparaître un ami personnel du garde des Sceaux actuel, ainsi qu’un ancien président de la République [Nicolas Sarkozy] » Pour les magistrats, cela entre dans le cadre d’un conflit d’intérêts et c’est « simplement inacceptable. »

D’autant que, précise Katia Szklarz, magistrate représentant le Syndicat de la magistrature, « nos syndicats ont alerté le garde des Sceaux sur le risque de conflit d’intérêt qu’il y avait et lui ont demandé clairement de se déporter pour tout ce qui concernait le parquet national financier. On n’a jamais obtenu de réponse. Sa seule réponse c’est celle où il diligente une enquête » Elle ajoute, « en tant qu’avocat, il a toujours été un garant de la présomption d’innocence, et il ne respecte pas celle de nos collègues car il les cite nommément au vu et au su de tout le monde. »

Quant à la nomination à la tête de l’École nationale de la magistrature de Me Nathalie Roret, ce n’est pas tant la nomination à ce poste d’une avocate qui pose problème aux magistrats, mais plutôt, « le discours qui a accompagné cette nomination, parlant de vase clos, de corporatisme et de situation surannée. » Pour Frédéric Vue, « on l’a dit, on le répète, l’ENM s’ouvre sur tous les milieux professionnels depuis des années, et il est clair que pour faire de telles déclarations, le garde des Sceaux ne connait pas l’évolution de l’école et la diversité de ses modes de recrutement. »

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Journal de 12:00, le 24/09/2020

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