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Les prévenus de l’affaire Air Moorea se défaussent

© Vaite Urarii Pambrun

A qui incombe la responsabilité du crash de Air Moorea ? A entendre les différents témoignages des pilotes ou encore des mécaniciens, certains pointent du doigt la direction qui a fermé les yeux sur les demandes des pilotes concernant l’état des avions, d’autres pointent du doigt les organismes de sécurité qui n’ont pas fait leur travail. Du côté des prévenus, le directeur général d’Air Moorea à l’époque, Freddy Chanseau, affirme : « en mon âme et conscience et mon intime conviction la cause du crash n’est pas la rupture du câble ».

Le troisième jour du procès du crash d’Air Moorea consistait surtout à présente ladite compagnie ainsi que les fonctions et missions de chacun des prévenus dans cette affaire. Il a d’abord été fait lecture des témoignages de plusieurs pilotes, agents ou encore mécaniciens de la compagnie. Tous sont unanimes pour dire que l’ambiance qui régnait était loin d’être excellente, que des tensions entre les techniciens et les pilotes existaient.

D’autres ont affirmé que « la direction (avait) cherché à faire des économies sur tout », « la majorité des pilotes étaient méfiants par rapport à Freddy Chanseau », alors directeur général. Des témoignages indiquent que Jacques Gobin, alors directeur technique d’Air Moorea, interpellait les agents « comme des chiens, il avait tendance à se décharger de ses responsabilités ».

Dans les nombreux témoignages, beaucoup se recoupaient sur le cloisonnement des services, qui faisait que l’information ne remontait pas à la direction, ou encore que les doléances des pilotes n’étaient pas prises en compte concernant l’état des avions.

Tous les prévenus appelés à la barre

Côté prévenus, c’est Freddy Chanseau qui a commencé à répondre aux questions du tribunal et des avocats. Le conseil d’Air Moorea, Me Quinquis, a considéré qu’au niveau de « l’ambiance » dont il était fait état dans les témoignages : « il y a des gens qui s’entendent bien et d’autres moins bien, il y a des évènements qui créent des rancœurs ou qui attisent quelquefois des rancœurs ».

Le bâtonnier affirme que ni le GSAC, ni l’aviation civile « n’ont rien eu à redire » concernant la sécurité d’Air Moorea. Il précise qu’un rapport d’expertise judiciaire signale même que « l’organisation d’Air Moorea était remarquable ».

La partie civile, au travers de Me Etienne Rosenthal, considère de son côté qu’aucun véritable contrôle n’a été effectué pendant les années d’exploiattion d’Air Moorea.

Freddy Chanseau : « En mon âme et conscience et mon intime conviction, la cause du crash n’est pas la rupture du câble »

Freddy Chanseau a lui aussi assuré que l’ambiance au sein de la société « était bonne » et en a profité pour souligner que toutes les déclarations lues en début de procès « avaient été faites après l’accident ». Il a affirmé que si on avait posé ces questions avant le crash, « on n’aurait pas eu les mêmes réactions »

« Notre souci c’est la sécurité », a assuré Fréddy Chanseau, assurant que les moteurs des Twin Otter étaient changés toutes les 1 300 heures de vol, au lieu des 3 000 heures de vol, comme conseillé. L’ancien directeur d’Air Moorea a également ajouté que les pilotes avait fait une grève de deux jours, juste avant le crash, et que les problèmes de maintenance ou de communication n’avaient pas été soulignés dans les doléances de l’époque.

« Ils n’ont pas eu gain de cause, ils étaient sans doute déçus », a expliqué Freddy Chanseau avant de réaffirmer : « c’est très clair, il n’y avait aucun problème de maintenance ».

Jean-Pierre Tinomano : « je voulais démissionner de mon poste »

Le responsable de production de la compagnie aérienne, Jean-Pierre Tinomano, a affirmé qu’il entretenait de  bonnes relations avec tout le monde à la compagnie. Une des difficultés pourtant était que « l’ensemble des mécaniciens adhéraient à la politique de qualité, mais ils ne m’écoutaient pas ».

Jean-Pierre Tinomano affirme avoir parlé de ce problème à son directeur général, Freddy Chanseau, ainsi qu’à Jacques Gobin, directeur technique,  et qu’il leur avait fait part de son intention de démissionner car : « je n’en pouvais plus ».

Andriamanonjisoa Ratzimbasafy : « de toute ma carrière en Polynésie, je n’ai pas émis de certificat de non-conformité »

Andriamanonjisoa Ratzimbasafy, du groupement pour la Sécurité de l’Aviation Civile (GSAC), a affirmé qu’il « était chargé de contrôler toutes les exploitations localisées en Polynésie, telles qu’Air Moorea, Air Tahiti, ou encore Air Tahiti Nui, Polynésie hélicoptère et même Wan Air ». Il a précisé qu’il « contrôlait la conformité d’un organisme par rapport aux règlements imposés ».

Il a ensuite précisé, en réponse à une question du procureur José Thorel : « de toute ma carrière en Polynésie, je n’ai pas arrêté d’aéronef, ni émis de certificat de non-conformité ».

Andriamanonjisoa Ratzimbasafy a aussi affirmé avoir décelé des « écarts dans l’atelier, comme l’intensité des lumières, ou le stockage de boite d’huile, mais pas jusqu’au point d’immobiliser les appareils. (…) Il n’y avait pas de déviations majeures ».

Guy Yeung : « on n’est pas compétent dans tout ce qui concerne la maintenance »

Le directeur du Service d’Etat de l’Aviation Civile en Polynésie, Guy Yeung, a quant à lui affirmé qu’il avait, sur le plan opérationnel, deux ingénieurs au sein de la division. Et que ces derniers « ont la main sur les opérations aériennes d’une compagnie aérienne implantées en Polynésie ».

Il s’est dédouané en précisant : « notre rôle est placé sous l’angle des opérations aériennes et moins sur la partie maintenance des appareils. (…) On n’est pas compétent pour tout ce qui concerne la maintenance ».

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