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L’OPT relance son projet de siège sur Prince Hinoi… en version amaigrie

Les administrateurs ont validé fin octobre à l’unanimité une nouvelle mouture du « projet Hinoi ». Conformément aux demandes du gouvernement, le futur siège de l’office été largement redimensionné : le complexe n’accueillera « que » 377 agents contre 670 d’après les premiers plans, qui englobaient la « Maison des communes », désormais évincée… Surtout, son coût a été ramené à 6 milliards de francs, contre 13 auparavant.

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Un projet à « redimensionner ». C’était le terme répété par le gouvernement, en août et septembre dernier, à propos du nouveau siège que l’Office des postes et télécommunications prévoyait de faire sortir de terre sur l’avenue Prince Hinoi. Un projet que le terrain d’environ 7 400 mètres carrés, situé entre Easy Market et Hyper Brico, attend patiemment depuis son acquisition par l’établissement public en 2000. Après plusieurs rebondissements, la direction du groupe comptait enfin poser les fondations de son grand ensemble de 18 000 mètres carrés et de 8 étages – parkings compris – en fin d’année… L’élection du nouvel exécutif du Pays, très attentif au coût des grands projets, comme d’ailleurs aux déficits grandissants de son établissement public, en a décidé autrement. Il faut dire, que d’inflation en surcoût, le projet Hinoi avait atteint les 13 milliards de francs. D’après la ministre de tutelle Vannina Crolas, il était obligatoire de revoir le projet, « les équilibres financiers n’étant plus assurés ».

377 agents au lieu de 670

La nouvelle mouture devait donc être présentée fin septembre en conseil d’administration. Elle a finalement été étudiée le 27 octobre. Le temps de solliciter – en urgence – les bureaux d’étude et le cabinet d’architectes déjà sélectionnés – il s’agissait de ne pas relancer toute la procédure -, et leur réduire sérieusement la voilure. De 670 agents sur site prévus initialement – dont 180 pour des organismes « externes » – le nouveau siège devrait finalement accueillir 377 employés, exclusivement de l’OPT. Ce qui veut dire que certains services aujourd’hui logés au dessus du centre de tri Tua rata, à l’aéroport, ne seront finalement pas déplacés, pas plus que ceux qui sont logés à l’hôtel des postes du front de mer, immeuble qui doit tout de même être rénové. Le site de l’actuel siège du groupe, au rond-point de la Marine, à l’entrée de Fare Ute, sera, lui, bien libéré. D’après la direction, cette nouvelle version permettra tout de même de regrouper certaines entités du groupe aujourd’hui éparpillées autour de Papeete, et même de louer certains locaux existants – et qui seront rendus disponibles – à des « entités extérieures ».

Toujours pas « décentralisé »

Un siège plus petit, donc, mais qui devait reprendre les premiers plans. La structure générale, de même que les principaux choix esthétiques et techniques n’ont ainsi pas été modifiés, mais des « éléments » du complexe ont tout simplement été supprimés. Dont notamment la Maison des communes, qui était, dans le projet précédent, logé dans une aile distincte. Vannina Crolas avait clairement annoncé sa volonté de séparer les deux projets, tout en reconnaissant la « légitimité » du projet porté par le Syndicat de promotion des communes et le Centre de formation et de gestion (lire ci-dessous).

Une des critiques formulées par l’exécutif contre le projet Hinoi reste sur la table : le nouveau siège ne participe pas à la décentralisation des administrations voulue par le Tavini, d’autant que les sites qui ne seront finalement pas libérés sont tous dans l’agglomération de Papeete. Mais c’était bien la question financière qui concentrait les inquiétudes et de ce côté là, le travail est fait : 6,1 milliards de francs, défiscalisation comprise, moins de la moitié de facture précédente. Apparemment satisfaisant, tant pour les représentants du personnel que pour ceux du gouvernement : les administrateurs ont autorisé le projet « à l’unanimité » fin octobre. Côté calendrier, la direction ne s’avance pour l’instant pas : les financements bancaires doivent être confirmés, les dossiers de défiscalisation redéposés, les appels d’offres repréparés Difficile d’imaginer une pose de première pierre avant plusieurs mois.

La « Maison des communes » garde espoir

L’éviction de la Maison des communes du projet Hinoi n’est pas en soi une surprise : Moetai Brotherson avait lui-même confirmé vouloir séparer ce projet de celui de l’OPT, pour pouvoir revoir à la baisse les dimensions du projet Hinoi. Mais du côté du Syndicat de promotion des communes, l’incompréhension demeure. Car le SPC avait, début 2023, approuvé le projet d’acquisition de 6 000 des 18 000 mètres carrés du nouvel ensemble de l’OPT et prévoyait d’y participer à hauteur de 3,5 milliards de francs sur les 11,5 milliards encore estimés à l’époque. Les locaux acquis accueillerait donc l’ensemble des services du SPC mais aussi le Centre de gestion et de formation (CGF), deux structures juridiquement distinctes, mais que la Chambre territoriale des comptes a préconisé de rapprocher au maximum. S’ajouteraient, au sein de la « Maison », « l’essentiel des structures communales existantes ». Le SPC citait alors le syndicat à vocation multiple des Tuamotu-Gambier, le syndicat mixte Fenua Ma, le syndicat mixte en charge du contrat de ville, les bureaux tahitiens de la Communauté de communes des Marquises… 180 personnes au total, et autant de place de parking, pour « donner une visibilité physique et symbolique à l’institution communale ».

Devant les doutes du gouvernement, le SPC et le CGF avaient officiellement proposé, à l’OPT et à l’exécutif, le rachat de tout ou partie du terrain de Prince Hinoi. « Nous n’avons pas eu de réponse à ce jour », précise René Temeharo, qui préside le centre de gestion et de formation qui continue à penser que le site de Papeete est « idéal », et surtout assez grand pour accueillir plusieurs institutions. Comme les représentants du SPC, il attend toujours l’organisation par la présidence d’une réunion sur le sujet. « Il faut rappeler qu’on ne demande absolument pas un cadeau, précise le troisième adjoint au maire de Papeete et ancien ministre de l’Équipement. Ce terrain, on l’achèterait au prix du marché, et ça constituerait un apport, pour l’OPT, pour la réalisation de leur siège ». Malgré l’autorisation du projet par le Conseil d’administration de l’office, les représentants du SPC et du CGF « veulent y croire » : « il y a encore une fenêtre de discussion », appuie René Temeharo. À moins que le gouvernement « décentralisateur » n’ait déjà d’autre plans en tête.

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