ACTUS LOCALESLÉGISLATIVESPOLITIQUEPRÉSIDENTIELLES

Moetai Brotherson : « Si on ne fait rien aux législatives, on aura cinq ans de macronisme en pire »

Une victoire nette de l’abstention au fenua et un « avertissement clair » pour le Tapura. C’est l’analyse de l’élu Tavini Moetai Brotherson sur ce deuxième tour de la présidentielle. Le député, candidat à sa succession dans la 3e circonscription, lance surtout un appel pour les législatives, pour éviter qu’Emmanuel Macron dispose d’une majorité absolue à l’assemblée. Et évoque un rapprochement avec le bloc de gauche proposé par Jean-Luc Mélenchon.

Retrouvez tous nos articles sur le second tour :

« Le vote des Polynésiens ne change rien à l’équation ». Cette idée, un des fondements de l’appel à l’abstention du Tavini pour cette présidentielle, Moetai Brotherson la vérifie dans les résultats de ce second tour : « Vu les écarts, même si tous les Polynésiens avaient voté pour Marine Le Pen, ça n’aurait rien changé, pointe-t-il. C’est la même chose depuis 1945 : ce sont les Français de métropole qui ont choisi leur président, et ils sont libres de le faire ». Pas question, pour autant, de se satisfaire des 58% d’abstention, ou même de prétendre que tous les abstentionnistes ont répondu à l’appel du parti indépendantiste – « ce serait faux », dit-il. « Mais le grand gagnant, c’est bien l’abstention », pointe l’élu.

Si le président sortant a remporté le scrutin en Polynésie – avec beaucoup moins d’avance qu’au niveau national – ce serait « parce qu’il y a eu cette notion de front républicain, avec des électeurs de Mélenchon qui ont voté pour Emmanuel Macron pour faire barrage à Marine le Pen ». Le Tapura, qui menait la campagne locale de la République en Marche, ne peut donc ni s’attribuer, ni se satisfaire, de ces 51,8%. Ce scrutin le montre encore, reprend Moetai Brotherson : « L’avertissement est clair : les Polynésiens en ont marre du Tapura et de ce gouvernement ».

« Il fera ce qu’il veut, sans réélection en ligne de mire »

Reste que ce sera bien Emmanuel Macron qui sera à l’Élysée durant le prochain mandat. Et pour le député sortant, cela appelle à une réaction dans les urnes. « On va reprendre pour 5 ans de macronisme, avec une nuance, c’est que c’est son second et dernier mandat, et si on ne fait rien aux législatives pour que la République en marche n’ait pas une majorité, on aura cinq ans encore pires que ce qu’on a vécu puisqu’il fera exactement ce qu’il veut, n’ayant plus sa réélection en ligne de mire ».

Le barrage à une majorité « en marche », Moetai Brotherson, « homme de gauche », le voit bien sûr du côté de Jean-Luc Mélenchon, qui tente depuis le 10 avril de mener une nouvelle union de la gauche (France Insoumise, communistes, EELV, NPA, PS…) au niveau national. Des discussions pourraient avoir lieu, dans la foulée d’accords nationaux, avec ce collectif. « J’ai déjà rencontré Mathilde Panot, la présidente du groupe La France Insoumise à l’assemblée, c’est une amie, et elle m’a exprimé leur soutien », précise le candidat dans la troisième circonscription.

Article précedent

"Ça n'est pas Gaston Flosse qui a fait un bon résultat, c'est le Te Nati et Marine Le Pen"

Article suivant

« Ce vote m'oblige pour les années à venir», assure Emmanuel Macron

1 Commentaire

  1. Patrick Fincker
    24 avril 2022 à 11h22 — Répondre

    Cher Moetai,

    Comme député, tu me déçois. Comme Polynésien, tu m’étonnes. Considérer que l’abstention est la meilleure voie, ce n’est tout simplement pas avoir les yeux en face des trous.

    Comme député, ton devoir est d’appeler à voter. Si les élus ne donnent pas l’exemple, c’est bien triste. N’es tu donc député que pour le revenu confortable?

    Comme Polynésien, sachant que près de 200 milliards des dépenses au fenua proviennent de France, n’y a-t-il pas un candidat qui te parait mieux placé pour les pérenniser. Où alors veux tu vraiment un pays appauvri, sans éducation, sans santé et sans sécurité?

    Amicalement

Laisser un commentaire

PARTAGER

Moetai Brotherson : « Si on ne fait rien aux législatives, on aura cinq ans de macronisme en pire »