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Nucléaire : 2000 à 3000 manifestants dans les rues pour les 55 ans du premier essai

La traditionnelle manifestation du 2 juillet a rassemblé beaucoup de monde dans les rues de Papeete, notamment grâce à la mobilisation de l’Église protestante maohi à Tahiti et Moorea. Le message est adressé à la fois aux jeunes Polynésiens appelés à « ne pas abandonner » le mouvement, et à l’État : « le combat ne s’arrêtera pas tant que justice ne sera pas faite ».

« Pas surpris », mais satisfaits, les organisateurs de cette manifestation du 2 juillet. La date, qui marque cette année les 55 ans du premier essai à Moruroa, Aldébaran, mobilise depuis longtemps dans le camp anti-nucléaire. Mais voilà plusieurs années que tant de monde ne s’étaient pas rassemblés pour la commémorer. En début de matinée, l’affluence est pourtant restée très modérée du côté du Haussariat, où 193 avait organisé un sitting, ou du monument aux morts, ou plusieurs responsables, dont Oscar Temaru, ont participé à une cérémonie. Mais les cortèges organisés par Moruroa e Tatou et surtout par l’Église protestante Maohi – qui avait fait venir des centaines de personnes depuis Moorea à bord du Terevau Piti – ont, plus tard, impressionné par leur ampleur. 2000 à 2500 personnes, d’après un premier décompte des autorités. Plus de 3000 d’après les organisateurs. Quel que soit le chiffre, aucun doute, la mobilisation est réussie. « Tous ces gens sont là pour dire que le combat continue », insiste le président de l’église protestante François Pihaatae. « C’est le fruit de 5 mois de mobilisation sur le terrain, dans nos paroisses, dans nos structures, précise Hiro Tefaarere. Et ce travail n’est pas terminé ».

C’est aussi l’actualité qui a poussé beaucoup de monde dans la rue ce vendredi. La sortie du livre Toxique, dénoncé comme inexact et orienté par le Centre de l’énergie atomique, a bien sûr relancé le débat sur les conséquences du nucléaire au fenua. Mais aussi, peut-être, sensibilisé une génération jusque-là peu intéressée. « Regarde le nombre de jeunes, s’enthousiasme Hiro Tefaarere. Il y en a peut-être autant que des vieux. Par le passé, on avait que des seniors, voilà la différence » . Mais la table ronde organisée ces deux derniers jours à Paris, sur décision du président Emmanuel Macron, a aussi participé à ce succès. Et ce même si les organisateurs de la marche ont boycotté l’évènement. « J’ai l’impression que les choses peuvent bouger », explique Manua, la vingtaine qui « connait le sujet » du nucléaire, mais n’avait « jamais participé à une marche ». « Ça les concerne aussi, avec la transmission générationnelle », ajoute un militant de la première heure, non loin d’une banderole affichant « l’ADN du peuple maohi contaminé ».

Une table ronde qui est bien sûr au cœur des discours dans les micros et mégaphones. « Il va falloir qu’ils entendent », reprend Hiro Tefaarere pour qui les annonces de Paris, pas encore entièrement détaillées au moment de la marche, sont quoiqu’il arrive insuffisantes. Parmi les manifestants ont parle de « mensonges », voire de « négationnisme » qui continue, à la fois à la tête de l’État et du Pays. Et on prévient : « rien ne s’arrêtera pas tant qu’on aura pas eu toute la vérité et toute la justice ».

Pendant la marche, la présence de Gaston Flosse n’est pas passée inaperçue, même si le Vieux Lion n’était venu entouré que de quelques fidèles. « Il n’a rien à faire là, c’est ridicule », s’agace un anti-nucléaire de longue date, rappelant qu’il était « aux manettes, avec l’État, pour expliquer que c’était bon pour le Pays, que la bombe était propre ». Ces derniers mois, l’ancien champion de l’autonomie, désormais « souverainiste », a plusieurs fois expliqué qu’il avait été « lui aussi trompé » et cherchait à se positionner comme un défenseur de la « vérité ». Même si le discours peine à convaincre parmi les manifestants, certains estiment que tous les soutiens sont bons à prendre. « Ce n’est pas important qu’il soit là ou pas, l’essentiel, c’est qu’il y ait des avancées, que l’État reconnaisse ce qu’il a fait, répare ses fautes », pointe-t-on du côté de l’église.

 

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