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Nucléaire : « Nous n’avons pas perdu notre temps à Paris », assurent les membres de Reko Tika

La délégation Reko Tika a livré ce matin son bilan de la table ronde sur le nucléaire, où elle représentait la Polynésie la semaine dernière. Malgré le manque de concessions de l’État, déjà pointé du doigt par les collectifs de défense des victimes, ses membres se veulent optimistes. Et comptent sur la visite d’Emmanuel Macron, les 25, 26 et 27 juillet, pour des annonces plus concrètes.

A lire aussi : Archives, indemnisations, CPS… Les annonces et les déceptions de la table ronde sur le nucléaire

À l’exception de quelques prises de paroles en sortie de salle, la délégation Reko Tika était restée discrète depuis « la table ronde de haut-niveau » sur le nucléaire organisée à Paris la semaine dernière. À défaut de communication du Pays, c’est l’État, par la voix de trois de ses ministres qui a jusqu’à présent rendu compte des débats. Ce matin, et alors que la plupart des membres de la délégation étaient rentrés au fenua – Édouard Fritch, qui n’atterrira que ce soir, n’était pas présent – il était temps de tirer un premier bilan polynésien de cette rencontre. Un bilan d’autant plus nécessaire, côté Pays, que les collectifs anti-nucléaire, qui avait boycotté la réunion, n’ont pas attendu pour parler « d’échec » et de confirmer le « coup de com sans lendemain » qu’ils avaient annoncé.

« Très sincèrement, nous n’avons pas perdu notre temps en allant à Paris », a répondu le coordinateur de la délégation Joël Allain. Parlant d’un « exercice difficile », mais de conversations « constructives et instructives » « toute les ‘revendications’ ont pu être exprimées », il a assuré que « c’est un temps qui a été gagné si on considère les années passées les mois qui viennent ». Car outre les conclusions de la réunion, qui doivent être actées dans une lettre officielle du Premier ministre Jean Castex au Pays, c’est l’après table ronde qui « va faire bouger les lignes ». « Le chronomètre va s’accélérer », assure l’ancien dirigeant d’Air Tahiti, d’EDT, et promoteur hôtelier.

Réunis à la présidence, six des dix-huit membres de la délégation ont rappelé, une à une, les annonces « obtenues » lors de la table ronde. Renforcement des moyens du Civen, création d’antennes du comité, en lien avec la CPS, pour favoriser l’accès des victimes aux indemnisations, groupe de travail « incluant un représentant polynésien » sur l’ouverture des archives… Mais c’est surtout sur les engagements pris à l’oral dans le huis clos de la table ronde parisienne que les membres de Reko Tika ont voulu insister. Les représentants de l’État seraient « décidés à avancer » sur la dépollution de Hao – un sujet sur lequel le Haut-commissaire Dominique Sorain, lui aussi présent, aurait été particulièrement actif -, sur les études d’épidémiologie relatives aux maladies radio-induite, la formation locale pour la prise en charge des cancers… Autant de paroles qui restent toutefois à concrétiser. Quant à la loi Morin, ses défauts, et notamment le critère du millisievert, ont été « abordés », assure Joël Allain. Mais à Paris le statu quo sur le mécanisme d’indemnisation des victime semble être favorisé. « Ce qui a été constaté, c’est que beaucoup, en Polynésie pourraient demander des indemnisations mais ne le font pas, par crainte ou par manque d’information », expliquent les membres de la délégation. Pour l’État, la priorité serait donc « d’aller à la rencontre » de ces victimes des essais.

La « larme à l’œil » sur l’intervention de Macron

La délégation semble beaucoup compter sur la visite du président Macron pour que certaines décisions soient actées. Le chef de l’État qui a fait une apparition courte mais très remarquée à la table ronde. « Il a eu une intervention très touchante, on a été plusieurs à être émus à la larme sur son intervention et son humilité face aux conséquences du nucléaire en Polynésie, explique Tepuaraurii Teriitahi. Il a dit qu’il ne s’agissait plus de débattre sur la propreté du nucléaire, que clairement pour lui, les essais n’avaient pas été propres et à partir de ce postulat, il y avait une responsabilité ». Des paroles « très similaires à des excuses », assure la présidente du groupe Tapura à Tarahoi, qui pense que les paroles du Président de la République, attendu au fenua entre le 25 et le 27 juillet, peuvent « toucher beaucoup de Polynésiens ».

Parmi les demandes les plus emblématiques de Reko Tika figure la dette de la CPS. 80 milliards d’après les calculs de la caisse, qui auraient été dépensés depuis les années 90 pour prendre en charge les cancers potentiellement liés aux essais. Là non plus, pas d’engagement ferme, mais le sujet a été « directement cité par Emmanuel Macron », qui s’y est montré « sensible », a répété Patrick Galenon. Pour le syndicaliste et ancien président de la CPS, rien ne permet d’être « satisfait », mais au moins d’être optimisme sur ce remboursement longtemps refusé par l’État ou la justice.

Le CEA boudé par les membres de la délégation

Si les membres de Reko Tika décrivent des représentants de l’Etat « disponibles », les délégués polynésiens, eux, ne l’ont pas été tout autant. Ainsi une visite du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) était au programme de la délégation, mais ce rendez-vous a dû être annulé… par manque de participants. La visite était « facultative » et l’invitation est arrivée « tardivement », alors que les 18 membres de la délégation avaient déjà des « obligations », pour certains, et des « rendez-vous personnels » pour d’autres. Joël Allain devant le manque de participants le matin de la visite, a choisi d’annuler et a dû présenter ses excuses au CEA. « Il y a eu un malentendu mais il n’y a pas eu d’action de mauvaise volonté d’un côté ou de l’autre », justifie-t-il. Peut-être, en revanche, un manque de motivation…

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