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« On a passé le plus dur » assure la plateforme Covid

De « bonnes nouvelles » sur le front de l’épidémie. La plateforme Covid du ministère de la Santé, qui vient de publier le bulletin épidémiologique hebdomadaire, a confirmé que tous les indicateurs pointaient vers une décroissance de l’épidémie. Reste à maintenir les efforts sanitaires pour éteindre cette « première vague » qui pourrait ne pas être la dernière.

  • Le pic épidémique est bien derrière nous

1 165 cas sur 7 jours contre plus de 1 400 la semaine précédente, 31% de tests positifs contre plus de 50% début novembre, un taux d’incidence en chute libre dans toutes les classes d’âge…  Les données analysées, qui s’arrêtent au dimanche 22 novembre, confirment la dynamique entrevue depuis plusieurs bulletins hebdomadaires. « Les indicateurs que l’on a mis en place pour suivre cette épidémie sont à la baisse ou à la stabilisation, note le Dr Henri-Pierre Mallet, épidémiologiste rattaché au bureau de veille sanitaire. Pour l’épisode actuel je suis optimiste, je pense qu’on a passé le plus dur ». Aucune raison, à première vue, de craindre un « rebond » de l’épidémie. « Si on continue à maintenir les mesures, les gestes et les bonnes habitudes que l’on a », insiste le spécialiste.

La plateforme Covid n’affiche pas une certitude absolue sur cette analyse. Il n’est pas impossible, par exemple, que certains porteurs « fiu du Covid » ne consultent pas ou ne se fassent pas dépister, participant à une mauvaise appréciation de l’épidémie. « Il faut être prudent, mais on est plutôt confiant », reprend le médecin. Certains pourraient aussi s’étonner d’une dynamique différente suivant les indicateurs. La chute du nombre de cas observée depuis plus de 3 semaines commencent à peine à avoir un impact sur la fréquentation de l’hôpital (80 hospitalisations contre 93 la semaine précédente), et ne semble pas affecter la fréquence des décès. Rien d’anormal, expliquent les spécialistes : il faut plusieurs jours pour que le virus incube, et les symptômes se développent ensuite progressivement. Pour les cas les plus graves, les décès surviennent en moyenne après 11 jours d’hospitalisation en filière Covid. Les morts qui sont à déplorer aujourd’hui traduisent donc l’état de l’épidémie d’il y a trois semaines.

  • De « grandes chances » que des îles soient touchées au moment des vacances

Seul bémol dans ces données rassurantes : la diffusion du virus dans les îles, entamée en octobre, et qui est aujourd’hui « un des points de vigilance majeurs » des autorités. En fin de semaine dernière, Raiatea comptait 22 cas, Huahine 14, Raivavae 13, Rangiroa et Taha’a une dizaine… « Il n’y pas d’explosion des cas dans les îles », reprend le médecin, mais une « circulation avérée » dans plusieurs d’entre elles. L’hôpital de Uturoa accueille désormais des patients « Covid+ », mais le développement de l’épidémie hors de Tahiti et Moorea laisse craindre une multiplication des coûteuses évasans. Seules solutions pour les autorités : tester tôt, détecter vite, tracer les cas contacts et isoler. « Ce qu’on n’a pas pu faire au pic de l’épidémie ici, on essaie de le faire dans les îles aujourd’hui », reprend le Dr Mallet. La situation « peut être gérée », donc, à condition d’être  » vigilant », de rapporter les cas suspects, de limiter les contacts… Un message particulièrement important à l’approche des vacances de fin d’année à l’occasion desquelles « il y a de grandes chances que des îles soient touchées ».

 

  • 20 à 25% des Polynésiens pourraient déjà être immunisés

Le couvre-feu serait-il en train de payer ? « Pas seulement », répond l’épidémiologiste. Le « respect des mesures barrières », qui s’est développé ces derniers mois, de même que « le bon sens » de limiter les rassemblements et les contacts risqués « ont une grande influence ». Et puis il y a « l’histoire naturelle des épidémies ». « C’est une infection : les gens malades a priori ne seront plus réinfectés au moins dans les semaines ou les mois qui suivent, donc ça créé une barrière à la transmission, explique l’épidémiologiste. Comme on a une proportion de plus en plus importante de gens contaminés, ça empêche le virus de se propager trop rapidement ».

La fameuse « immunité de groupe » ? Pas encore. L’immunisation progressive de la population peut ralentir la dynamique épidémique, mais pour empêcher une nouvelle vague et protéger le pays, les chercheurs estiment qu’il faudrait que 60 à 70% de la population ait développé une immunité. Or les 13 783 cas recensés depuis le mois de mars ne représentent que 5% de la population du fenua. Les autorités le savent et le répètent : ces cas « officiels », dont le comptage a été longtemps limité aux seuls cas symptomatiques, ne représentent qu’une partie des cas réels. Difficile de savoir quel est le ratio entre ces deux chiffres : le BVS parlait, voilà quelques semaines de « 2 à 3 fois plus de cas réels » au minimum. Des études ont montré dans d’autres pays que le chiffre pouvait être supérieur. « On a probablement jusqu’à 4 ou 5 fois plus de cas réels que de cas confirmés », avance Henri-Pierre Mallet. Ce qui équivaudrait à 20 à 25% de la population. Une étude de « séroprévalence » – des analyses sanguines sur un petit groupe représentatif permettant d’estimer la proportion de cas non détectés dans la population – devrait être menée « dans un avenir proche ».

Cette étude doit permettre de mieux modéliser la suite de l’épidémie, tenter de prévoir une éventuelle deuxième vague en Polynésie et pourquoi pas aider à adapter les mesures sanitaires. Impossible, pour le moment, de dire que le fenua est sorti d’affaire : le fenua n’a connu qu’une seule vague de Covid (pas de circulation réelle en mars, grâce au confinement) et de nouveaux épisodes ne sont pas à exclure.

  • « Pas de précipitation » sur le vaccin

Le président Édouard Fritch comme le président de la République Emmanuel Macron ont plusieurs fois fixé la mise sur le marché de vaccins contre le Covid comme un horizon de la sortie de crise. Un horizon qui semble s’être rapproché, ces derniers jours, avec la multiplication d’annonces médiatiques par les laboratoires qui développent ces produits. « Pas de précipitation, les études doivent être terminées », tempère le Dr Mallet qui estime que les vaccins pourraient être « disponibles avec sécurité d’ici début ou mi-2021 ». La Polynésie, qui n’a pas encore annoncé de stratégie vaccinale, s’est manifestée auprès de l’OMS et bien sûr au niveau national et européen, pour être fournie en vaccins quand ces produits seront certifiés et sur le marché.

 

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