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Plan de relance : le Pays se donne 5 ans pour rebondir

©PresidencePF

Le gouvernement a présenté son plan de relance « Cap 2025 » ce matin. 206 mesures, nouvelles ou déjà sur la table, mêlant réformes sectorielles, soutien à l’emploi ou aux comptes sociaux. Mais c’est surtout sur l’investissement public que parient les autorités, qui veulent débloquer près de 120 milliards de francs de nouveaux projets sur 5 ans.

Dix ministres autour du président. Le gouvernement a fait bloc, ce matin, pour présenter son plan de relance. Intitulé « Cap 2025 », il doit permettre aux particuliers et aux entreprises « d’envisager l’avenir avec confiance et détermination ». Pas la moindre des ambitions vu le manque de visibilité dont souffrent aujourd’hui les acteurs économiques. Mais pour Édouard Fritch, qui aurait préféré faire ces annonces dans un autre contexte sanitaire, il s’agit plus largement de retracer la ligne politique du Pays à la lumière de la nouvelle réalité économique. Le président s’est livré à un véritable discours de politique générale, rappelant les grandes étapes de l’action gouvernementale dans cette crise sanitaire, recherchant des équilibres entre la « remise en route de l’économie », la « sauvegarde de l’emploi et des compétences » dans les entreprises en difficulté, et la « solidarité envers tous ceux qui souffrent »… Preuve que ce plan a plus d’amplitude que la simple relance, il s’agit même de « bâtir un modèle social, plus souple et plus solidaire à horizon 2025 ».

216 mesures, mais pas que des nouveautés

Au président les grandes lignes, au vice-président l’orchestration d’un plan qui doit « impliquer chaque secteur » et donc être développé par chaque ministre. Teva Rohfritsch, pourtant, ne rentrera pas dans le détail des 216 « mesures clés » listées par « Cap 2025 ». Comme il le précise lui-même, beaucoup d’entre elles ont déjà été annoncées, votées ou mises en application ces derniers mois, pendant ou même avant la crise. Le plan de relance consiste donc surtout en une mise en cohérence de ces actions et une « priorisation » de certaines mesures. « On n’a pas attendu les annonces officielles pour agir », explique le ministre en charge des Finances, qui devrait quitter le gouvernement en cas d’élection aux sénatoriales à la fin du mois.

Certaines nouvelles annonces méritent toutefois d’être relevées. Et notamment la prolongation et le renforcement des dispositifs votés à l’occasion du plan de sauvegarde économique de mars dernier. Le Diese, créé pour « compenser », du moins en partie, l’absence de caisse chômage en Polynésie, va ainsi être réhaussé à 70% du salaire dans la limite de deux Smig. Le Deseti, orienté vers les patentés, passera de 50 000 à 70 000 francs entre 2020 et 2021, et le CSE sera lui aussi « déployé » plus largement. S’y ajoutent plusieurs nouvelles mesures destinées à accentuer la formation et l’intégration des jeunes en entreprise, une demande insistante du patronat. Côté amortisseurs sociaux, hormis l’appui à la CPS, qui doit être une nouvelle fois négociée avec l’État au travers de la convention santé solidarité, le gouvernement promet des hausses de budget pour les bons alimentaires, l’accueil des sans-abris, et un renforcement des allocations logements et rentrée. À noter aussi l’octroi de 3 jours de congés supplémentaires par semestre pour les agents de l’administration en cas de séjour dans les îles. Ou l’ouverture du capital d’Air Tahiti Nui à des institutions financières nationales pour assurer la survie de la compagnie.

L’investissement public comme moteur

Mais le « Cap 2025 » est surtout fixé secteur par secteur. Tourisme, agriculture, perle, énergie, numérique… Chaque ministre a « réajusté son programme en fonction des difficultés actuelles des acteurs économiques » assure Édouard Fritch, qui insiste une nouvelle fois sur la « campagne d’investissement » qui va être lancée par le Pays. Une liste de projets, pour certains bien avancés, pour d’autres évoqués de longue date – dont la ferme aquacole de Hao – a été formalisée. Mis bout à bout, ils représentent 119 milliards de francs, soit 30 milliards de francs à débloquer chaque année avec l’État et les communes. Aucun doute, la commande publique, facilitée par un assouplissement des règles de marché – « moins de délais, mais pas moins de transparence » assure Teva Rohfritsch – sera plus que jamais le moteur de l’économie dans les mois à venir. L’objectif : reconquérir les 80 à 100 milliards de francs de perte de PIB estimés pour 2020 dans les 5 prochaines années – ce que ne prévoient même pas les scénarios les plus optimistes de l’ISPF. « Pour avancer, il faut avoir un projet, un plan d’action, le voilà », insiste le vice-président qui rappelle que « derrière les chiffres il y a des gens, des familles polynésiennes ». Le gouvernement estime toujours que 20 000 emplois sont « fragilisés » par la crise, quand la CPS compte 9 000 équivalents temps plein en moins, correspondant en partie aux baisses de temps de travail dans le transport ou le tourisme. Le Pays ajoute que « 3 000 emplois risquent d’être supprimés d’ici la fin 2020 ».

État, Europe, dette… Sur le financement, « on fera feu de tout bois »

Comment financer cet « effort inédit » ? L’interrogation reste en partie en suspens. Les mesures sociales, sanitaires, de soutien à l’emploi et aux entreprises sont chiffrée à 20,75 milliards de francs pour la période 2020 / 2021. À la faveur d’une autorisation exceptionnelle de l’État, le prêt contracté en juillet, en tout cas les quelques 11 milliards qui n’ont pas été orientés vers la CPS, pourront servir à financer ces dépenses de fonctionnement. Les fonds débloqués lors des derniers collectifs et non utilisés – notamment en ce qui concerne le CSE, devraient eux aussi appuyer ce plan Cap 2025. Le reste devra être trouvé dans les rentrées fiscales et les économies budgétaires.

Les investissements nécessiteront forcément « de nouveaux financements ». Le Pays regarde bien sûr du côté de l’État, qui doit annoncer cette semaine son propre plan de relance national. Un plan dans le cadre duquel Paris aurait demandé aux collectivités d’Outre-mer d’adresser une liste de projets dont le financement n’est aujourd’hui pas acquis. Celle de la Polynésie, transmis par Édouard Fritch au premier ministre Jean Castex, pèse 119 milliards de francs. Teva Rohfritsch cite aussi, comme source de financement, le plan de relance européen ou le futur contrat de développement et de transformation, nouvelle mouture des contrats de projets État-Pays… « On fera feu de tout bois », assure le vice-président.

Pour compléter ces financements, le pays n’exclut pas d’avoir recours à la dette. « Il n’est pas question d’emprunter 120 milliards », précise Édouard Fritch. Le deuxième volet de l’emprunt garanti par l’État, qui pourrait être signé en octobre, va d’ores et déjà « effacer tout l’effort de désendettement » de ces dernières années.

 

010920- Plan de Relance Cap 2025 by CharlieRéné on Scribd

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