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Prison ferme pour les dealers qui avaient abusé de la faiblesse d’Alec Ata

Trois hommes étaient convoqués mardi devant le tribunal de Papeete pour une histoire de violence. Une querelle de voisinage sur fond de trafic de drogue, mais aussi d’abus de faiblesse sur un intellectuel respecté du fenua, deux mois avant sa mort. Si l’un a été relaxé et reconnu comme étant en état de légitime défense, les deux autres ont écopé de treize mois ferme et un mandat d’arrêt a été lancé à leur encontre.

Dans la soirée du 1er juillet 2019, les gendarmes de Faa’a intervenaient à St Hilaire pour des faits de violences. Sur place ils constatent la présence d’un homme à la tête ensanglantée, Levyn 40 ans, et de deux frères, Daniel 34 ans et Manutai 28 ans, dont le dos portait des traces de coups linéaires, selon le rapport des gendarmes. Résultat d’une inimitié de voisinage qui remonte à l’installation des deux frères dans la maison voisine de Levyn. Une maison qui était occupée par Alec Ata, intellectuel reconnu, homme politique et grand spécialiste des questions géopolitiques et de la région Pacifique, décédé en septembre 2019.

Profitant de sa faiblesse, ils se servent dans son compte en banque

Alec Ata avait accueilli les deux frères à son domicile, alors qu’il était gravement malade et placé sous tutelle. Une situation dont avait abusé la fratrie qui, profitant de son état de faiblesse, se servaient copieusement dans ses finances en utilisant son carnet de chèques mais aussi utilisaient les lieux comme point de deal. La garde-malade qui s’occupait alors de lui avait alerté son tuteur sur les magouilles des deux frères et celui-ci avait coupé leur source financière et demandé à Levyn, le voisin, de jeter de temps à autres un coup d’œil sur les activités des indélicats.

Pétarades et va-et-vient incessants

Ce qu’il a accepté d’autant plus facilement que depuis environ un an, c’était des allées et venues incessantes de clients venant se ravitailler en substances illicites, le tout accompagné de la sonorité des échappements trafiqués. Levyn, père d’un enfant prématuré qui avait besoin d’un environnement calme, avait bien tenté plusieurs fois de négocier avec les frères, mais cela n’avait fait qu’envenimer leurs rapports.

S’il savait que les frères vendaient du paka, il a eu un jour la confirmation qu’ils vendaient aussi de l’ice. Un homme en charge de l’entretien des lieux lui avait confié que l’un d’eux lui en avait proposé, « tiens prends ça tu deviendras Superman. »

Fort de ce qu’il pensait être un moyen de pression pour que les frères cessent leur trafic, il leur fait savoir via Facebook en message privé qu’il est au courant de leurs activités. Loin de se calmer, les frères lui tendent un guet-apens.

Coup de casque contre coups de fouet

À la barre, car poursuivi pour violence avec usage d’une arme, Levyn raconte : « Un soir alors que je rentrais chez moi, j’ai trouvé un tas de branchages devant mon chemin. Je me suis tout de suite douté que c’était eux qui les avaient posés là. Je dégage les branches et je rentre dans ma cour. Et là je remarque que mon portail électrique ne se referme pas derrière moi car il y avait un t-shirt posé sur le capteur. Et soudain je reçois une pluie de cailloux des deux frères qui étaient dans mon jardin. Ils m’ont dit qu’ils allaient me rosser. » Levyn tente alors de trouver refuge chez lui, mais les frères le suivent et l’un deux le frappe avec un casque, s’ensuit une bagarre où Levyn s’empare d’un fouet et se défend comme il peut, touchant à plusieurs reprises l’un des frères. Mais un coup de casque lui fait perdre connaissance. C’est la garde-malade d’Alec Ata qui alertée par le bruit, prévient les forces de l’ordre.

Si le juge reconnait que les soupçons de Levyn concernant le trafic de stups auquel se livrait les frères sont confirmés par l’enquête et par leurs antécédents judiciaires, il lui fait remarquer toutefois qu’un de ses messages « Venez, je saurai bien vous accueillir » pourrait s’apparenter à de la provocation. « C’était juste pour leur montrer que je n’avais pas peur » assure-t-il.

Les deux frères, poursuivis aussi pour violence, n’ont pas daigné se présenter au tribunal, ce qui n’était pas une bonne idée. Si Levyn a été relaxé des charges qui pesaient contre lui, à savoir violences ayant entrainé une ITT n’excédant pas huit jours, et l’état de légitime défense reconnue, les deux frères ont écopé d’une peine de 13 mois de prison ferme, et un mandat d’arrêt a été lancé contre eux.

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1 Commentaire

  1. l'Abeille
    18 novembre 2020 à 19h09 — Répondre

    Encore deux crapules qui seront mieux en prison que vivre dans notre société.

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