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Rassemblement interdit, mais mobilisation maintenue pour le « 18 joint »

Le 5 mars, un pied de paka avait été symboliquement planté devant l’assemblée. ©THC/FB

Le Haussariat a interdit le rassemblement prévu ce jeudi par l’association Tahiti Herb Culture à Tarahoi. Une décision qui suit « l’avis négatif » rendu par la mairie de Papeete, et qui s’appuie notamment sur la plantation d’un pied de paka devant l’assemblée le 5 mars dernier. Incompréhensible, pour les militants, qui assurent qu’ils seront bien reçus à l’assemblée. Pas par son président, ni par la majorité Tapura, précise-t-on du côté de Tarahoi.

Nous vous en parlions lundi : comme tous les « 18 joint » l’association Tahiti Herb Culture (THC) prévoyait une mobilisation, ce jeudi matin, pour un changement de la législation sur le cannabis. Cette année, les militants tenaient à interpeller sur les expérimentations de cannabis thérapeutique, autorisées par les autorités sanitaires et par le Parlement au niveau national, et qui doivent débuter dans les mois à venir en métropole. L’idée est donc de demander l’extension ou l’adaptation de ces tests au fenua. Ou du moins obtenir un positionnement clair des élus sur un sujet souvent évité car très clivant politiquement. Sauf que le rassemblement n’aura pas lieu.

Le Haut-commissariat, après avoir pris contact et interrogé les organisateurs, a interdit ce rassemblement sur la voie publique. Une décision qui s’appuierait avant tout, d’après THC, sur le refus de la commune de Papeete. L’association a été prévenue de cette position par une lettre de la mairie datée de vendredi, comme le rappellent nos confrères de Tahiti Infos. Y est évoquée « l’action troublante » du 5 mars dernier : lors d’un happening devant l’assemblée de la Polynésie Française, le chef de file du mouvement Karl Anihia avait planté un pied de paka, ce qui lui avait valu quelques jours plus tard une condamnation en première instance à 3 mois de prison avec sursis. « Nous avons rendu un avis négatif, après avoir consulté nos services et la DSP », confirme la direction générale des services de la mairie. Le Haussariat partage visiblement ses craintes quant à la préservation de « l’ordre public » : ce sont bien ses services qui ont pris la décision d’interdire le rassemblement, par arrêté.

« Ça s’est toujours bien passé »

Du côté de Tahiti Herb Culture, c’est la stupéfaction. Le 5 mars, « il s’agissait d’une action personnelle et pour laquelle j’ai été condamné, pas l’association » insiste Karl Anihia, qui a fait appel de sa condamnation, mais qui dit « avoir fait en sorte de se mettre en retrait ». Plus président de l’association, mais toujours « membre actif », il rappelle avoir toujours assuré aux autorités que le « geste symbolique » du 5 mars ne se reproduirait pas. « On organise des rassemblements depuis 8 ans, ça s’est toujours bien passé », argumente-t-il.

THC entend pourtant maintenir sa mobilisation, sous une forme différente. Certains de ses militants seront bien reçus dans l’enceinte de l’assemblée, d’après Karl Anihia : une délégation de l’association, mais aussi « une cinquantaine ou une centaine de malades », des personnes qui souhaitent recevoir un traitement à base de cannabis à usage médical devraient « pouvoir rentrer dans le hall » de Tarahoi. Quant aux autres soutiens du mouvement, pas question de se « rassembler » autour de la stèle de Pouvana a Oopa, comme prévu à l’origine. Mais le militant estime que les ceux qui le souhaitent « peuvent venir et rester autour, par petits groupes ».

Une rencontre donc, mais avec qui ? Contactée, l’assemblée de la Polynésie Française précise « qu’aucun rendez-vous n’est pris, avec le président, les vice-présidents », qui seront alors en séance, et plus largement « avec les élus de la majorité » Tapura. Pas non plus de rendez-vous officiel avec le groupe Tavini, dont le président, Tony Géros, pointe tout de même dans la direction de Moetai Brotherson, qui n’a pas pu être contacté ce mercredi matin. Le député, partisan affiché de la légalisation des usages thérapeutiques du cannabis et de la dépénalisation de ses usages récréatifs, avait entamé des recherches sur le sujet l’année dernière avec une délégation de l’Assemblée nationale, notamment au travers de voyages au Portugal et en Amérique du Nord. Fin octobre, il assurait vouloir transmettre au gouvernement local des conclusions et des propositions sur l’évolution du cadre législatif au fenua.

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