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"Rembrandt intime" au musée Jacquemart-André: parcours en six chefs-d'oeuvre

Paris (AFP) – Du « Repas des pèlerins d’Emmaüs » de 1629 à la « Jeune fille à sa fenêtre » de 1651 : autour d’une dizaine de chefs-d’oeuvre de Rembrandt, le musée Jacquemart-André propose de parcourir la carrière de ce génie en perpétuel renouvellement. 

Au coeur de cette exposition, ouverte jusqu’au 23 janvier, trois tableaux du maître hollandais achetés par Édouard André et Nélie Jacquemart entre 1865 et 1892: « Le Repas des pèlerins d’Emmaüs », « Le portrait de la princesse Amalia von Solms » et « le Portrait du docteur Arnold Tholinx ». 

Des oeuvres correspondant respectivement à une période différente de la vie de Rembrandt van Rijn, entre ses débuts à Leyde, ses premiers succès à Amsterdam, et, vingt ans plus tard, à l’incroyable modernité du style de ses dernières années. 

Pourquoi avoir intitulé l’exposition « Rembrandt intime » ?  Il y a l’intimité de l’artiste créateur, il y a le rapport entre sa vie et son oeuvre, et puis, il y a une troisième forme de compréhension du mot intime, c’est la façon qu’a l’artiste lui-même d’aborder la vie, l’art, son rapport aux autres », explique Emmanuel Starcky, commissaire de l’exposition, avec Petr Schatborn, du Rijksmuseum d’Amsterdam, et Pierre Curie, conservateur du musée Jacquemart-André.

« On peut dire que l’art de Rembrandt est un art de l’intimité », ajoute-t-il. Illustration en six chefs-d’oeuvre parmi la vingtaine de tableaux et de pièces graphiques réunies.

« Le Repas des pèlerins d’Emmaüs » (1629)

Dans un clair-obscur influencé par le caravagisme, le Christ apparaît comme une simple silhouette. A peine visible dans la pénombre, l’un des pèlerins se prosterne devant lui, l’autre, le visage éclairé par la lumière rasante, a l’air effrayé et esquisse un mouvement de recul. Lorsqu’il peint ce tableau, Rembrandt a 23 ans, il est toujours dans sa ville natale de Leyde.

     

« Vieil homme en costume oriental » (1632)

Le turban savamment noué, le regard ferme, sûr de soi, les textiles précieux du costume: tout en ce vieil homme respire la puissance. Rembrandt vient de s’installer à Amsterdam où le style « turc » était à la mode. L’année précédente, il s’était peint lui même en costume oriental. 

Sa virtuosité est ici éclatante, qu’il s’agisse du halo lumineux qui entoure le personnage ou du rendu des étoffes exotiques. Mais le visage est réaliste. Le peintre ne cache rien des rides ou de la barbe grisonnante de cet oriental sans doute imaginaire.

« Autoportrait à la tête nue » (1633)

Rembrandt a peint des autoportraits toute sa vie, dont plusieurs chefs-d’oeuvre. Celui-ci est particulièrement intriguant: les cheveux roux en bataille, les sourcils légèrement froncés, un regard un peu troublé, laissant deviner une certaine fragilité, et puis une chaîne d’or reflétant la lumière sur l’habit noir. C’est le premier tableau qu’il signe de son prénom.

« Saskia en Flore » (1634)

Une jeune femme richement parée avec des fleurs dans les cheveux. Des étoffes orientales – encore – où domine une large cape satinée, couleur tilleul, qu’elle ramène sur son ventre. Elle a des traits proches de ceux de Saskia, la jeune femme que Rembrandt vient justement d’épouser. 

Le rendu des textiles est stupéfiant, mais le visage n’est pas avantagé. Quant à cette main posée sur son ventre, il pourrait signifier qu’elle attend un enfant, certains experts faisant le lien avec la jeune femme des « Époux Arnolfini » de Van Eyck.

« Jeune fille à sa fenêtre » (1651)

On est loin de « Flore » et de ses riches atours. Une jeune fille appuyée sur sa main gauche, peut-être une servante, au regard très intense, un peu sévère. Sa carnation et ses lèvres sont très subtilement rendues, jusqu’à une piqure d’insecte sur la main, contrastant avec sa tenue rouge peinte à grands traits. Ce portrait inaugure un style plus libéré  de l’artiste, qui est alors dans une situation critique, ruiné et contraint de vendre tous ses biens.

« Cours d’eau aux rives boisées » (vers 1652-1656)

18,6 cm sur 13,6: venu du Louvre, ce minuscule lavis au pinceau est une des pièces les plus fascinantes de l’exposition. Avec une grande économie de moyens, Rembrandt témoigne d’une impressionnante liberté picturale pour son temps.

Des visiteurs contemplent deux tableaux de Rembrandt au Louvre, le 10 mars 2016. © AFP

© POOL/AFP/Archives ETIENNE LAURENT
Des visiteurs contemplent deux tableaux de Rembrandt au Louvre, le 10 mars 2016

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